Homosexualité sous jacente et depression

Sortez de l'ombre !
desnap
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Homosexualité sous jacente et depression

Message par desnap »

Bonjour à tous,

Dans un autre topic sur lequel j'ai posté un message, Zphyr a fait une remarque qui a retenu mon attention : il a écrit à l'hetero que je suis socialement "ton état dépressif en dit long sur ton homosexualité". Alos voila j'aimerais savoir si la dépression est quelque chose que vous avez tous vécu avant d'accepter ou de choisir d'être homo et à quel âge vous avez commencé à déprimer, si c'était avant ou apres vous être interrogé sur votre sexualité.
Erual
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par Erual »

Euh... je suis pas sûr qu'on puisse parler de dépression aussi facilement, si ? Enfin, quelqu'un un jour m'a fait la remarque qu'une "déprime" était différente d'une "dépression". La déprime étant passagère, la dépression étant un état dans lequel on se trouve en quelques sortes au fond d'une piscine sans voir d'issue. Quoique une amie m'a dit récemment qu'il paraîtrait que beaucoup de gens passent par une période "dépressive" sans s'en rendre compte réellement et qu'ils la dépassent facilement seul. Dans ce cas, la dépression serait aussi passagère. Euh... bah oui en fait, je suis con.
Je me perds moi-même du coup.
Dernière modification par Erual le dim. janv. 15, 2012 4:20 pm, modifié 1 fois.
Miamol
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par Miamol »

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zigomio
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par zigomio »

moi j'ai fais un peu plus d'un an de dépression ( enfin pas a en prendre des cachetons ) en faite c'était plutot un mal être, j'avais plus gout a rien me forçait un peu a faire les choses qui pour moi sont et sont redevenu des passions

jusqu’à se que ma meilleur amie me fasse comprendre malgré elle que c'était stupide que chaqu'un était différant et c'est ca qui est super ( en faite la discutions était partis du fait qu'on a été ensemble quelques mois et que pourtant on était complétement a l’opposé l'un de l'autre : elle exubérante moi un peu coincé elle gothique moi très classique etc etc ). et cette discutions m'a permis de me remettre en cause même s'il a encore fallu quelque temps pour que je lui dise

ca date fin de 2008 et depuis ca va beaucoup mieux :copain:
desnap
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par desnap »

J'ai plus de 30 ans... Et si je pose la question c'est parce que j'ai le sentiment que j'étais déjà mal à l'aise en général vers 7 ans. La prise de conscience d'une attirance homo sous forme de questionnement datant plutôt de l'adolescence...
Miamol
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par Miamol »

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Zzadigq
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par Zzadigq »

Bonjour Desnap :copain:

Je me suis demandé si j'allais donner mon point de vue, tant ce sujet me touche. En ce moment je suis en pleine déprime, non parce que j'ai (enfin) accepté de me reconnaître comme gay, mais parce que je n'arrive pas vraiment à le formaliser. Disons quand même que sans doute l'acceptation et le fait de pouvoir en parler sont assez étroitement liés. Comme toi je me suis pas mal posé de questions sur ma propre sexualité. Quand à 19/20 ans on se sent attiré par les mecs, c'est clairement qu'on n'est pas 100% hétéro, même si on peut également être attiré par les filles.
Il n'y a sans doute pas besoin de passer à l'acte pour savoir au fond de soi (je provoque volontairement) qu'il y a quelque chose qui "cloche" quand on ressent plus de désir pour un beau mec que pour une belle fille. Pour autant à l'époque cela ne me paraissait pas "anormal", cela ne me posait pas franchement de problème même si je n'en parlais pas. Je ne me sentais pas déprimé parce que je préférais les mecs, même si en effet la "norme" faisait que "comme tout le monde" je sortais avec des filles, sans d'ailleurs en ressentir un plaisir intense. Mais quand mon entourage familial a commencé à présumer que j'étais gay, la brutalité qui s'en est suivie a été telle que j'ai été véritablement traumatisé, et comme un réflexe de survie, j'ai ainsi qu'une huître (d'où sans doute ma passion, surtout dans l'assiette, pour cet animal somme toute assez quelconque) refermé un couvercle hermétique sur tout ce qui pouvait toucher à ce sujet. Ce traumatisme a profondément bouleversé mon état d'esprit, je me suis senti anormal, complètement rejeté et l'homosexualité est devenue pour moi un sujet tabou, me forçant à être hétéro. Chance pour moi ça n'a pas été difficile, et dans mes conquêtes (peu nombreuses quand même), une femme plus âgée que moi a énormément compté, me rendant pleinement capable d'aimer et ressentir du plaisir pour une femme.
Cependant je restais attiré par les mecs, et j'ai eu plusieurs amis gays qui m'avaient fait découvrir les bars gays, l'ambiance du milieu, et j'ai eu réellement de très bons amis gays, dont un en particulier. Si je n'avais pas eu un tel blocage je serais probablement sorti avec lui. Mon blocage restait entretenu par les enquêtes verbales de mon entourage familial qui me posait tant de questions (et parfois des questions-pièges pour savoir si je disais la vérité) sur mes copines, toujours à l'affût pour traquer d'éventuels copains, même si la peur de l'Inquisition familiale ne me faisait pas déprimer.
Et j'ai rencontré ma femme, et ça a été (je le croyais sincèrement) la libération. Enfin je devenais comme les autres, un projet de vie prenait corps, l'envie de construire quelque chose de durable et d'avoir des enfants se structurait. Et ça a vraiment marché pendant 13 ans, mais comme me l'ont dit Lolo et Zphyr au tout début de ma présence sur ce forum, on n'oublie jamais complètement qui on est vraiment. Et même si j'avais mis un couvercle sur mes désirs et mes fantasmes, ces derniers restaient tapis dans l'ombre, attendant la moindre occasion pour se réveiller.
Et c'est ce qui s'est passé, avec une force que je n'aurais jamais imaginée. Je suis devenu complètement fou amoureux d'un mec, ça ne m'était jamais arrivé à ce point, et toutes mes interrogations sur ma sexualité ont refait surface, avec beaucoup de pleurs et de larmes, déprimes, dégoût de tout, peur du lendemain, honte, crainte du regard des autres, bref presque pire que toi.
Quelqu'un que je ne connais pas (un forumeur vraiment génial) a longuement discuté avec moi, sans s'en rendre compte il m'a beaucoup aidé. Maintenant je n'ai pas honte de moi de me dire que je suis gay. J'ai surtout peur des réactions des autres, notamment de mon entourage familial même encore maintenant, et donc je ne m'assume pas encore complètement, même si je m'accepte. Ma dépression actuelle vient surtout du fait que je ne veux pas faire souffrir ma femme, avec qui nous avons eu une assez longue discussion, mais qui n'est pas encore terminée (elle réagit un peu comme ta compagne).
Donc oui la dépression est survenue parce que j'ai eu conscience pleine et entière d'être homo, et que c'est en conflit avec ce que je vis actuellement.
Je te comprends vraiment, mais comme Zphyr j'aimerais avoir ton sentiment sur la façon dont tu ressens ta future paternité. Etait-ce juste un réflexe de reproduction comme tu dis?
Bon courage à toi :copain: :copain:
desnap
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par desnap »

Merci de ton témoignage Zadigq. J'ai pour ma part grandi dans un environnement tolérant où je n'imagine pas une seconde qu'un coming out aurait pu susciter des réactions de violence ou de rejet. Même si la question des relations sentimentales et sexuelles y étaient curieusement un gros tabou familial. J'ai construit mon mur tout seul, bien que fréquentant les bars gays à une époque, bien qu'ayant eu des dizaines d'occasions d'échanger à ce sujet avec des gays ou des hétéros, bien qu'ayant été questionné à ce sujet par des amis ou connaissances... et bien qu'ayant eu l'occasion à quelques reprises de passer plus ou moins à l'acte. Et au final j'ai l'impression que c'est la perspective de renoncer à la paternité qui m'a le plus bloqué.

Ce qui rejoint ta question en fin de post sur la façon dont je vis ma future paternité. La réponse étant : mal. Je ne me sens toujours pas construit, ne pouvant m'appuyer sur un certain nombre de certitudes ou d'expériences qui m'aideraient à me prouver que je suis fort et que je sais où je vais. Je ne dis pas que c'est forcément ce que je dégage mais c'est ce que je ressens au fond de moi. J'ai eu après l'adolescence un monologue intérieur régulier avec l'enfant que je pourrais avoir. Je me disais "pour qu'il soit heureux, équilibré, il faudrait essayer de faire comme ci, ou comme ça...". Maintenant que la perspective se précise, en plus de l'énorme interrogation sur mon avenir sentimental et celui de ma compagne, la peur classique du futur père de tout foirer s'y ajoute.
zphyr
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Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par zphyr »

Houlà ! Tellement de points soulevés... D'abord, le modo psycho-rigide va faire iech : le sujet de la paternité ne vaut-il pas mieux le laisser sur l'autre topic ? Sinon on risque d'avoir des réponses des deux côtés ET CA FAIT PAS PROPRE ! :ninja: >_< :lol:

Bien. Je voudrais d'abord repréciser le contexte : je te parlais d'un état dépressif car visiblement tu étais dans l'incapacité de concilier deux pans primordiaux de ta vie : ton couple hétéro+enfant et ton homosexualité. le fait que cela provoque tout une série de dysfonctionnements physiques et psychiques m'a fait qualifier l'ensemble d'"état dépressif".

Ceci dit, ton sujet passe au général et c'est très bien (et fort intéressant au vu des messages déjà postés).

Ma trajectoires est incroyablement proche de celle de Zzadigg, à la différence que je n'ai pas eu ce poids familial, juste je savais quelle aurait été la réaction de mon père. Je n'ai jamais franchi le pas, même si j'ai fréquenté pas mal d'homos, plusieurs m'ayant fait la cour (!) d'ailleurs. Mais c'était des copains.
Mon blocage, je le sais maintenant ÉTAIT LA PATERNITÉ. Je ne pouvais concevoir ma vie sans enfants. Après comme Zzadigg, je suis tombé amoureux d'une femme qui est devenue la mère de mes enfants et nous avons vécus 13 ans (tiens tiens..) ensembles.

Je n'ai pas eu de dépressions ni même de déprime, par contre j'étais un enfant et un ado écorché, se sentant très différent des autres au point de penser parfois à la mort sans jamais avoir commencé à concrétiser la chose. Je me suis épanoui dans des études artistiques, j'ai compensé par ça et quand je repense à mes films réalisés avec l'association de cinéastes amateurs que j'avais co-fondée, tout y est dit en filigrane. J'ai aussi toujours été en colère contre le monde, les injustices, à hurler après les maisons moches et les administrations absurdes. ma femme me le reprochait souvent.

depuis que je me suis découvert, je me suis apaisé, comme si enfin je trouvais ma place dans ce monde : celui d'un papa gay, celui que je revendiquai à ma première Gay-pride en tant que gay et qui est devenu la signature de Zzadigg et de Lolo.

Donc pas de dépression, mais un mal-être certain.
Adiloos

Re: Homosexualité sous jacente et depression

Message par Adiloos »

Zphyr et Zzadigq, vos témoignages sont assez surprenants mais très intéressants à lire, vraiment.
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