J'ai désormais 26 ans. Les études sont terminées, les errances autour du monde (qui sont restées assez limitées) aussi pour le moment, me voilà inséré dans le monde des adultes avec tout ce que ça comporte comme joies z'et folies.
Sans plus attendre, ajoutons, en vrac, que je suis athée, sceptique vis-à-vis de tous les mouvements (religieux ou non) qui prétendent nous dire quoi penser, locataire, immigré en région parisienne depuis les régions périphériques où j'ai grandi (Bretagne et Basse-Normandie), fils d'une famille recomposée aux idées penchant plutôt à gauche, sensibilisé un peu tardivement à la richesse de la bière belge ainsi qu'à la place de la femme dans la société, critique envers le consumérisme ambiant sans pour autant faire grand-chose, même individuellement, pour lutter contre. Et bim.
Je dispose également de tout un tas de qualités. L'humilité n'en fait pas partie, alors je peux me lancer dans une énumération ébouriffante de ce qui me rend si irrésistible, tout en tempérant le portrait par les défauts correspondant, pour que vous ne tombiez pas immédiatement amoureux de moi.
Humainement, je suis fiable, sincère et honnête (qui ricane, dans le fond ?). En contrepartie, je manque de tact. J'ai un humour assez discret, qui se manifeste par de petites phrases lancées au bon moment au détour des conversations auxquelles j'assiste (je parle peu, estimant rarement avoir quelque chose de constructif à apporter et n'aimant pas tellement parler pour ne rien dire) ; elles ne font pas toujours mouche. Je suis magnanime et gentil, dans le bon sens du terme : dans la mesure du possible, j'évite de faire souffrir les autres, y compris si je ne les apprécie pas, et je pardonne rapidement (sauf exception). Le corollaire est ma difficulté à m'ouvrir aux autres : étant inoffensif, mes seules stratégies pour éviter de lutter sont de décourager l'adversaire potentiel par une enveloppe de timidité froide ou, s'il a traversé cette barrière (et donc qu'il a réussi à « m'ouvrir »), de m'enfuir. Autre qualité, ma fierté, à ne pas confondre avec la hauteur, l'arrogance ou le dédain, dont je pense (j'espère) être exempt : j'estime avoir une valeur, pas forcément plus grande que celle de n'importe qui d'autre, et je n'accepte donc pas d'être traité pour moins que ce que je vaux. L'aspect négatif de cette fierté réside dans le fait que j'ai tendance à vouloir tout obtenir par moi-même : faire la démarche de demander de l'aide quand j'en ai besoin est une épreuve, devoir dire « Merci » après, un calvaire, la matérialisation de l'échec de mon autonomie. Pour continuer, je pense être relativement généreux, même si mon rapport compliqué à l'argent rend difficile et peu naturelle l'expression de ce trait. Enfin, j'essaie de bâillonner l'enfant sérieux que j'ai toujours été et de laisser plus de place à celui qui s'abîmait avec émerveillement dans la lecture ; quand c'est avec les yeux de celui-ci que je regarde le monde, mon optimisme et ma joie de vivre ont raison pour un temps de mon scepticisme.
Question névrose, puisqu'il en faut, j'ai un problème certain avec la saleté et le désordre. J'aime les espaces où chaque chose est à sa place, les étagères où les livres sont rangés par ordre alphabétique (ce qui n'est pas le cas chez moi, je ne suis pas à une contradiction près), les vitres transparentes et les éviers sans la moindre trace de calcaire (ni de vaisselle pas faite, cela va sans dire). Si vous me laissez seul dans une cuisine en désordre et que vous m'interdisez de m'en charger, vous risquez de me retrouver le regard vague et la bave aux lèvres, traumatisé par l'intense frustration que j'aurais subie. A part ça, je suis relativement normal. Relativement. J'ai tout de même besoin de me retirer du monde de temps en temps et de me plonger avec délices dans ce que j'appelle mes « soirées asociales », au cours desquelles j'apprécie que le monde tourne sans moi et que personne ne pense à moi : ça me repose de mon égocentrisme omniprésent le reste du temps. Je n'ai pas de phobie particulière, même si je suis profondément mal à l'aise en présence d'IVNI (insectes volant non identifiés), que j'ai tendance à assimiler immédiatement et jusqu'à preuve du contraire à des frelons, créature barbare inventée pour mettre à l'épreuve les nerfs les plus solides.
Que dire de plus ? J'aime la bonne bière (mais je l'ai déjà dit), le bon vin (encore que je n'aie que des connaissances limitées en la matière), le bon fromage, le bon pain et la bonne charcuterie. La bonne nourriture de manière générale, mais n'étant pas un fin cuisinier, les éléments sus-cités sont encore les plus faciles à ne pas préparer. J'aime aussi les animaux et les plantes, ce qui n'a certes rien à voir. Mon rêve serait de vivre nu dans les Grandes Serres du Jardin des Plantes, les visiteurs en moins, les pandas roux en plus, et de passer mes journées à m'occuper de la végétation et à siroter du thé à la menthe. L'humidité ambiante serait pourtant incompatible avec la conservation de la charcuterie et du fromage nécessaires à mon épanouissement culinaire et je mourrais probablement très vite, de faim ou d'une intoxication alimentaire quelconque. Je me contente donc de vivre peu habillé dans un appartement potable, avec une plante tropicale plus grande que moi et un palmier bourré de parasites et, en lieu et place des pandas roux, quelques araignées et poissons d'argent (signe que j'approche, malgré mes efforts, du taux d'humidité des serres de mes rêves).
Oh, il s'avère par ailleurs que les individus que je mets occasionnellement dans mon lit (ou dont je visite occasionnellement le lit) sont de sexe masculin, ce qui ne lasse pas, semble-t-il, de choquer une part non négligeable de la population française.
Je crois que ça suffira pour le moment.