Riley a écrit :Merci beaucoup pour ton avis Pouet, qui n'est pas forcement agréable à entendre mais dans lequel je me (et nous) reconnais bien.
Ah j'avoue, je cherche pas trop à arrondir les angles là, juste à être efficace.
Mais votre situation m'interpelle car, même si je n'en ai jamais vécu de telle, j'ai moi aussi dû faire face à un problème de dépendance affective (dont même si ce n'est pas réglé à 100% je comprends la cause maintenant et j'ai fais d'énormes progrès), à du stress et des angoisses (liés à une tendance dépressive sur laquelle je travaille également : là aussi gros progrès), et à ce syndrome que tu semble avoir et que j'appelle "syndrome du sacrifié" (genre tu te sens responsable de tout, même d'un tremblement de terre au Japon x'D).
Riley a écrit :Les altercations passées c'était plus dans le sens pour montrer des exemples de réactions que j'ai trouvé disproportionnées de sa part. J'ai vraiment une mauvaise mémoire, je me souviens des ressentits affectifs mais rarement des faits, du coup je peux difficilement revenir sur quelque chose qui date de plus de 2 mois sans support pour m'en souvenir.
Après le risque qu'elle le prenne comme de la critique pure et simple m'embête oui.
De base j'étais partie pour qu'on reparle en profondeur après notre grosse conversation mais c'est tout de même fatigant émotionnellement et la de manière générale les choses vont bien (logique après ce genre de grosses conversations) donc bon...
Oui c'est dans ce sens que je ne jugeais pas ça utile : comme tu le dis après un temps seul le ressentit reste, tu ne peux pas t'en servir pour argumenter car ce n'est pas compréhensible pour l'autre du coup.
Riley a écrit :J'ai l'impression de pas pouvoir y faire grand chose oui. Mes réactions instinctives sont toujours sur une tendance "dominé" ou "c'est à moi de faire des concessions pour les autres". Ca c'est vraiment un truc sur lequel je pourrais travailler avec un psy clairement. Quand j'y réfléchis, et que je me dis que je devrait par exemple apprendre à dire non, j'ai juste peur de plus être moi-même après. On me dit toujours que je suis gentille, mais si ma gentillesse découle de ma tendance à faire en fonction des autres avant tout, si je commence à dire non et à être égoïste, je ne serais plus "gentille" et c'est un peu une sorte de pilier de ma personnalité. Même si conceptuellement quand je m'imagine plus sure de moi je sais que c'est possible de demeurer quelqu'un "de bien" avec des principes moraux et de la gentillesse. Mais tout seule c'est tout un reconditionnement que je n'arrive pas à faire je crois.
Et c'est là que je voulais appuyer : tu PEUX y faire quelque chose. Juste que tu n'as pas appris à le faire encore.
Mais c'est faisable. Et pour commencer c'est l'état d'esprit qu'il faut changer : se sentir impuissant c'est facile, surtout si tu baisses les bras dès le début. Vouloir faire les choses, se dire qu'on en est capable, ça nécessite un bon coup de pied aux fesses mais ça change la vie et nos relations aux autres.
Riley a écrit :Tu a tellement tout bien résumé... On s'est toutes les 2 construites l'une par rapport à l'autre et ça se ressent. Et j'ai bien conscience d'être en partie responsable de son attitude vu que mon attitude l'encourage à avoir son attitude.
Mais comme je disais au dessus, la gymnastique mentale est super compliqué, parce que je dois "arrêter de croire que tout est de ma faute" mais en même temps "c'est mon attitude (et donc ma faute) qui induit des choses et donc je dois travailler sur moi" et je m'y perd.
Exemple concret d'attitude hier soir ou après coup je me suis dit "ah non c'était pas la bonne attitude à avoir" mais je sais pas quelle serait la bonne.
Mon pote est passé à la maison pour m'emprunter un objet. L'heure du retour à la maison de ma copine approchait et je commençait à m'inquiéter qu'elle rentre et le voit et ensuite soit contrariée / tire la gueule (la déjà, à quel point ma peur est-elle fondée ? Ça vient de son attitude, ça vient de mes peurs à moi ?) du coup au bout d'un moment j'ai pensé avoir trouvé la solution et je lui ait envoyé un texto lui disant qu'il était la, pour qu'elle soit pas surprise. Sauf qu'elle est arrivée pile à ce moment la. Du coup je me suis précipitée sur elle pour lui dire que je lui envoyait un texto pour la prévenir qu'il était en mode totale excuse.
Je vois bien que c'est pas la bonne interaction ça, mais je sais pas quelle serait la bonne.
Dans un autre style, je suis actuellement en train de lui chercher un rdv chez un psy. Elle a bien formulé le désir d'y aller, mais elle a de manière générale la phobie tu téléphone et peur d'y aller, donc je le fait pour elle. Mais je me pose la question si au final il ne vaudrait mieux pas que ce soit elle qui cherche ? Mais sachant qu'elle se décourage très vite face à l'échec, j'ai plus la sensation de l'aider en cherchant pour elle.
Essaie de voir les choses dans l'autre sens.
Tu paniques, tu te justifie de tout (même s'il n'y a pas de raisons). La personne en face elle ne sait pas ce qu'il se passe dans ta tête et ne peux pas le savoir. Ses seules informations sont ton comportement et ce qu'elle en perçoit. Elle te voit paniquée, elle voit que tu te justifie : tu agis comme quelqu'un qui a des choses à se reprocher, alors elle devient suspicieuse (réaction normale et logique).
Paradoxalement, plus tu essaiera de faire au mieux pour les autres, et pire ce sera. Parce qu'au final tu n'es jamais naturelle. Tu dis que c'est parce que tu fais tout pour les autres que tu es "gentille", et que tu t'es construite sur cette notion de gentillesse.
Je vais te décevoir mais non : tu n'es pas gentille. Tu es juste une serpillère humaine. Tu ne rends pas service par plaisir ou altruisme : tu as peur de déranger alors tu t'écrase pour t'éviter des problèmes à TOI.
Au final c'est ce comportement qui est terriblement égoïste. Tu te préoccupe de la réaction des autres, par rapport à TOI. Alors que tu devrais te préoccuper de toi. Et te préoccuper de toi n'a rien d'égoïste : il n'y a qu'en étant bien avec soi-même qu'on peut être bien (et présent à 100%) avec les autres !
Je ne te dis pas ça pour être désagréable : comme je te le disais plus haut, j'ai été comme toi. Mais je me soigne.
Disons qu'à une époque j'étais prêt à me couper la jambe pour arranger n'importe qui. Alors qu'aujourd'hui je pourrais éventuellement consentir à me couper le petit doigt pour une personne qui me serait très chère. Y'a du progrès non ?
Et le mieux dans tout ça ? Tout mon entourage, qui me reprochait par le passé d'être très renfermée sur moi, pas assez ouverte avec les autres, bref "pas sympa" (un comble alors que j'avais l'impression de me couper en 4 pour les autres en permanence !) me trouve beaucoup plus ouverte, bien plus présente, une bien meilleure amie qu'avant. Bref : ils ne m'ont jamais trouvée aussi gentille ! Eh oui !
Pour la simple raison que comme je m'occupe de moi, que je ne me soucis pas du regard des autres, je suis mieux dans ma peau et détendue. Du coup je suis disponible pour écouter les gens, les aider vraiment, être là pour eux. Sans ramener les choses à moi. Et ça, il le sentent.
Alors oui ça ne se fait pas du jour au lendemain, et perso la psy m'a aidée un temps (plus un travail personnel que je continue de mon côté). Mais c'est un peu comme le régime alimentaire : ce sont des habitudes à prendre, ensuite ça devient presque automatique.
On peut changer ses habitudes, tout comme on peut changer sa manière de voir les choses : c'est un exercice mental pour lequel il faut s'entraîner tous les jours, jusqu'à en faire une (bonne) habitude.
Pour revenir sur l'anecdote avec ton ami : pourquoi avoir voulu te justifier ? Vous ne faisiez rien de mal, et en tant que personne adulte qui vit chez elle tu as le droit de recevoir tes amis. Quel était le soucis à part que tu craignais une réaction de ta copine par anticipation ?
Au final ne penses-tu pas avoir créé toi-même cette réaction par ton attitude ?
Et non, tu n'es pas "responsable". Ce n'est pas en culpabilisant que tu arrangeras ton comportement mais en te détendant. Il faut apprendre le "lâcher-prise". La méditation aide beaucoup si jamais (en tout cas pour moi ça a été une révélation). Partir du principe que rien n'est grave (tant qu'il n'y a pas mort d'homme, "et encore" te diront certains ^^), se détacher des choses permet paradoxalement de leur rendre toute leur importance.
Parce qu'au final, dans ta relation avec ta copine ce qui est important c'est que vous vous aimez et que vous voulez profiter du temps ensemble, non ? Pas de cérébraliser sur les éventuelles idées qu'elle pourrait se faire parce qu'elle n'a pas reçu un hypothétique sms qui n'avait de toute façon pas lieu d'être.
Riley a écrit :J'ai la sensation que je serais moins perdue qu'elle sans elle que elle sans moi en fait. Elle disparaitrait je serais très triste clairement mais je fais plein de choses et ma vie est remplie d'activités. Elle c'est moins le cas...
D'en parler et d'y réfléchir ça me fait réaliser que quelque part j’appréciais d'être "la seule personne capable de la supporter" et d'être en quelque sorte sa bouée de sauvetage... Maintenant moins.
Disons que pendant un temps elle a satisfait un petit complexe de supériorité (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_ ... orit%C3%A9). Et maintenant que tu t'es rendue compte que tu es une adulte, tu as envie de vivre une relation posée avec une autre adulte. Donc cette dépendance ne te convient plus (et on revient au début de l'histoire).
Riley a écrit :Pendant un bon moment le coté fusionnel nous allait bien mais moins maintenant que j'aspire à plus d'indépendance et à plus être "moi-même" sans elle.
Bon par contre j'ai clairement pas envie de "passer à autre chose" donc on va beaucoup parler et essayer d'avancer !
Et c'est pour ça que je disais que vous pouvez y travailler. De son côté elle a un travail à faire et elle doit le faire seule (le coup où c'est toi qui prend rendez-vous pour le psy par exemple c'est pas génial : avoir peur du téléphone à son âge n'est pas une excuse). Mais de ton côté il faut que tu travaille ton lâcher-prise, et que tu arrêtes de la materner.
Tu ne l'aide pas en faisant les choses à sa place. Alors comme évoqué plus haut, pendant un temps ça devait te donner un sentiment d'importance dont tu avais besoin à l'époque. Mais maintenant il faut couper le cordon.
Sinon vous allez rester dans cette relation "mère-enfant" jusqu'à ce que tu craques et que tu la plante seule avec son désarroi (et sans les armes pour évoluer seule).
Dans tous les cas bon courage, c'est déjà super positif que vous ayez cette démarche de chercher le nœud du problème.