Pour moi l'échange interculturel et l'adoption d'"items" quels qu'ils soient, à proprement parler culturels, ou bien appartenant au domaine des sciences ou de l'intellect, (ou hs : le "baiser" de deux nanas hétéros à but militant ou simplement solidaire), n'ont rien à voir avec ce que je vois dans le mot réappropriation.
Je crois que le dialogue est sourd depuis le début, car beaucoup aiment à extrapoler les propos des autres, pour au final pouvoir les taxer plus ou moins directement d'extrémistes qui déblatèrent des conneries.
Alors qu'en réalité, il s'agit juste de deux référentiels différents, qui viennent opposer deux discours, l'un et l'autre qui auraient pu se comprendre sans pour autant adhérer mutuellement, au lieu de tourner en désobligeance.
j'ai l'impression qu'en ne voulant pas voir que la REappropriation culturelle et l'inter-appropriation/adoption désintéressée sont à caractères fondamentalement différentes, on oblitère une grande partie de l'histoire, une grande partie du passif colonisateur occidental, qui à mon sens, malgré sa volonté depuis des décennies de se convertir anti- /postcolonialiste, reste très hypocrite en latence.
Je ne parle pas des individus, à l'échelle collective ou personnelle, qui emprunts des bons sentiments ou de curiosité saine envers l'Autre (au sens large) aiment à s'imprégner d'autres cultures, minoritaires (ou non). Je ne parle pas non plus du libre flux plus ou moins consentant et consenti de codes/avancées/découvertes/notions entre cultures différentes. Cela semble évident que ça ne peut qu'être profitable pour une acceptation, une cohabitation et même une avancée commune plus généralisée. Et puis, la question n'est pas de dire "x est différent de y" DONC faisons de x et y des éléments distincts, et empêchons la mixité d'échange et l'hybridité culturelle. Qui un seul instant ici a dit ça ?
Par contre, je reste d'avis que le terme de réappropriation est légitime en tant que connotation péjorative. je pense aussi qu'il peut être indifférent aux questions, quels items/ethnies sont concernés et quels sont ceux qui ne le sont pas, de même qu'il peut être détachable du ressenti des cultures minoritaires mentionnées et rester tout aussi légitime, car peut-être est-ce le dégoût pour le point de vue occidento-centriste qui parle plus que le reste. (en ça accuser de faux altruisme/fausse prévenance ou de bêtise par ignorance pour lesdites cultures ceux qui émettent des réserves vis-à-vis de la réappropriation n'est même pas valable)
Le syllogisme je suis noir et être humain, tu es blanc et être humain, donc nous sommes tous deux êtres humains et il n'y a pas de différence entre nous, qui va aller le contester
D'autant que pour une visibilité et une intégration gay plus forte je prônerais l'abandon autant de la part des LGBT que de la part des hétéros, de cette volonté d'antagonisme et de l'exclusion amplifiée qui en découle.
Sauf que là, j'ai le sentiment que nier la part historique, ne se situer que dans son paradigme personnel où "la différence n'a pas lieu d'être" (ce qui pris indépendamment est plus ou moins juste : quid du besoin de certains de s'identifier à quelque chose de distinct pour mieux exister?), c'est croire ou vouloir croire que l'Occident a fini de se montrer paternaliste, curieux de la mauvaise façon et finalement dénué de toute logique de profit. C'est penser que son exploitation toujours consciente de peuples en situation "de besoin" ou en position tacite de dépendance est terminée, c'est d'une naïveté pas croyable... De même que croire que certains dirigeants se pointent beaux et innocents jouer les héros en Afrique, c'est par souci solidaire et non lié au tirage du meilleur parti ou à qui gagnera le mieux sa part. A mes yeux le problème n'est pas tant "stoppons les appropriations culturelles", que "cessons de jouer les hypocrites (globalement), dénonçons ce qui ne tourne pas rond et ensuite seulement nous serons capables/en droit de partager avec l'autre". Sinon cela me donne un arrière-goût amer de pillage sous-couvert de principes humanistes totalement fake, de non respect et d'opportunisme écœurant (avéré chez les dirigeants, et dont la masse se fait inconsciemment complice)
Je n'avais pas beaucoup développé au début mon point de vue, au vu des quelques réponses rédhibitoires qui ne permettaient aucune ouverture, je le fais là parce que sinon autant ne jamais le faire.
Pour conclure : je n'aurais rien contre l'échange et l'appropriation culturelle, s'ils n'étaient pas à ce point biaisés par derrière. La bienveillance simulée et le côté rapace de l'Occident à l'égard de cultures minoritaires m'empêche de me dire "oui, l'appropriation culturelle c'est bien, ça ouvre d'autres fenêtres sur le monde et tout le monde en ressort plus intégré et ouvert". Tant que les populations/cultures minoritaires ne seront pas sur le même pied d'égalité que les blancs et reconnues au même titre, je verrais dans beaucoup de l'appropriation culturelle non pas de l'échange mais de la réappropriation. car s'approprier et emprunter n'importe quel code pour le banaliser transversalement et garder en parallèle ses œillères, ça me semble déplacé. Et je me dis de quel droit ?
Donc non, pour l'instant, je ne peux pas et trouver l'appropriation juste, et savoir que l'Occident est toujours aussi peu respectueux de ce qui n'est pas l'occident. et pour moi, spéculer sur ce que le colorblind serait profitable pour tous, et amputer la chose de toute sa dimension symbolique ou historique, c'est plutôt présomptueux, voire du même acabit que toute pensée occidentocentriste paternalisante.
Alors la solution je n'en ai pas. Bien-sûr ne pas stopper les flux et échanges culturels. mais faire en sorte que ce soit fait en connaissance de cause, globalement avoir conscience des divers ressorts non maîtrisables/maîtrisés et de la logique économique hissée en toile de fond.
Donc finir par le faire de façon plus respectueuse et signifiante, ne pas dissoudre ou se "réapproprier" bêtement mais partager, ce serait un bon début.