Débat pour ou contre la GP sur Inter

Toute l'actualité : une revue de presse de Têtu à La Tribune !
Nathan
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Message par Nathan »

Pirlouit a écrit : Le côté festif et carnavalesque n'est pas incompatible avec la revendication.
+ 1.
Si la honte est contre-révolutionnaire, alors la fierté doit être festive !
J'imagine pas non plus une marche funèbre pour défendre nos droits !
Fade Out
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Message par Fade Out »

Pirlouit a écrit :Quant au traitement médiatique, j'ai l'impression que ces dernières années, le traitement des médias, surtout radio et presse, a quand même évolué.
On entend plus souvent les responsables associatifs ou les élus présents à la marche.
C'est vrai, ça évolue, on donne plus la parole aux gays et lesbiennes.
Mais d'après ce qu'on m'a dit les reportages photos et télé ne montrent encore que les drag queens, et pas vraiment la foule comme elle est...
Potiron
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Message par Potiron »

En même temps, ce sont les plumes multicolores et les seins nus qui se remarquent le plus dans une foule -surtout si lesdits seins et plumes se trémoussent joyeusement sur des chars... :wink:
Mais c'est vraiment stupide d'affirmer que la fête est incompatible avec les revendications politiques : le carnaval, les défilés, comme toutes manifestations, sont intrinsèquement politiques. Et puis, c'est tellement plus agréable de manifester en rythme sous les confettis.

Le discours tenu par M. Rivière lors de cette émission est emblématique de la dynamique rhétorique adoptée par les conservateurs lorsqu'ils sont confrontés à l'émergence publique d'un fait nouveau qui contredit ou menace les fondements de leur monde.

Deux temps :
--> naissance de la revendication : on s'oppose frontalement
--> le temps passant, l'opinion se fait plus souple et commence à accepter le nouveau, donc deuxième réaction : on utilise l'argumentation de l'adversaire pour renforcer la distinction et dresser des barrages.

Il est à ce propos très intéressant que le député UMP ait fait allusion aux mouvements féministes des années 1970, en les comparant à la Gay Pride, dans une même accusation de radicalité et de négation de la différence.

C'est, en effet, exactement la même dynamique en deux temps qui a eu lieu au sujet du féminisme :
--> dans un premier temps, on dit que les femmes et les hommes ont des rôles différents dans la société, la femme eu foyer, l'homme au travail ; on légitime le système patriarcal.
--> dans un second temps, le discours mute, et devient : les femmes sont supérieures aux hommes (belles, intelligentes, riches & sexys :mrgreen:), elles sont aussi leurs égales au travail mais ont une charge symbolique émotionnelle en plus, etc... Hommes et femmes sont de nature différents, mais en droit égaux parce que leurs rôles respectifs sont aussi respectables l'un que l'autre. Ce qui renforce la dichotomie sexuelle et permet de demander aux femmes d'être à la fois parfaites au foyer et productives au travail. Et, accessoirement, revient au même que le discours du premier temps, non plus en forme, mais en fond : rôles différenciés, natures différentes. Ce n'est plus le travail qui est monopole des hommes, mais la maternité qui est celui des femmes. Remarquez comme c'est malin.

Au sujet de la Gay Pride, le second temps, c'est affirmer que la différence, c'est chouette, et que les gays devraient la cultuver jusqu'au bout, peut-être en se séparant du schéma traditionnel, dont on va même jusqu'à critiquer les lourdeurs dans un excès de sirupeuse condescendance.
D'où la confusion entretenue entre la différence des individus entre eux et celle des individus aux regards de l'État...
À ceux qui pensent que demander le droit à la différence et l'égalité des droits est paradoxal, il suffit de répondre ceci : dans "droit à la différence", on entend droit à la reconnaissance d'une différence comme non importante en droit dans une République. Le droit à la différence, ce n'est pas le droit d'être reconnu comme différent, c'est le droit d'être reconnu malgré mais avec la différence. C'est subtil, pour sûr... :roll:
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