"Une belle victoire" pour la lutte contre la transphobie

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Minipoussin
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"Une belle victoire" pour la lutte contre la transphobie

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Le procès de l’agresseur de Julia : "Une belle victoire" pour la lutte contre la transphobie

par
Pauline Thurier

Ce mercredi 22 mai, le procès de l‘agresseur de Julia Boyer se tenait au tribunal correctionnel de Paris. Le prévenu, condamné à 6 mois fermes d’emprisonnement, a reconnu les faits de violence mais a maintenu que cela n’avait rien à voir avec l’identité de genre de la victime.

Le visage fermé, Julia Boyer regarde droit devant elle pendant que le président du tribunal déroule le fil de l'histoire. Face à elle, dans le box, son agresseur. Le jeune homme de 23 ans comparait pour des violences transphobes. Ce mercredi 22 mai, s’est déroulé un procès à la communication difficile, entre un prévenu dont les propos sont traduits par un interprète très concis et un président du tribunal qui mégenre la victime à de multiples reprises.

Tout au long du procès, ce dernier ne cessera de dire "Monsieur" avant de se reprendre par des "euh... Madame". Jusqu'à provoquer des regards gênés dans l'audience. Le parquet et les avocats, eux, n'ont pas commis ce genre d'erreur... L’un des avocats de la défense s’est d’ailleurs presque - maladroitement - félicité d’avoir compris la leçon : "Je vous appelle Julia parce que c'est comme ça que vous souhaitez qu'on vous appelle, n'est-ce pas ?"

Une vidéo médiatisée

Le prévenu était mis en cause pour des violences survenues le 31 mars dernier. Lors d’une manifestation de la communauté algérienne pour le départ d’Abdelaziz Bouteflika, sur la place de la République à Paris, une femme transgenre, Julia Boyer, a été frappée alors qu’elle remontait les marches du métro. L'événement, filmé, a ensuite fait le tour des réseaux sociaux. Une agression très médiatisée qui a permis de mettre en lumière la transphobie.


Ce que ne montre pas la vidéo, c’est ce qui s’est passé juste avant. A la barre, habillée d’un perfecto noir, la voix basse et le ton assuré, Julia raconte avoir été prise à partie par trois individus - dont son agresseur - qui lui barraient le passage pour accéder à la station de métro alors qu’elle était dans les escaliers. L’un d’eux lui aurait demandé si elle était un homme, elle aurait choisi d’ignorer. Un autre lui aurait touché la poitrine et aurait sorti son sexe. Elle décide alors de remonter vers la sortie du métro. La suite de l'histoire est visible dans les images.

#Julia est à la barre. Elle revient sur les faits : "Devant le métro, 3 personnes m'ont barré le passage et m'ont demandé si j'étais un homme. J'ai ignoré mais ils m'ont retenue." Elle raconte un attouchement sur sa poitrine et avoir vu un homme sortir son sexe.
— Anaïs Condomines (@AnaisCondomines) May 22, 2019

Une insulte et un geste provocateur

Lors de l’audience, une autre vidéo a été diffusée. Plus longue, avec un angle plus large et provenant des caméras de surveillance de la place de la République, celle-ci montre Julia encerclée par des manifestants en train de chanter, d’applaudir et de crier. Impossible de distinguer leurs paroles, il n'y a pas de son. Des jets de bière atteignent Julia dans le dos. Là, un homme - l’agresseur - lui ébouriffe les cheveux. Julia assure à l’audience que ce geste "provocateur" était accompagné d’une insulte. Elle évoque alors un "mécanisme de défense" : elle s’élance vers lui en remontant les marches et l’homme se met à la rouer de coups avant d’être écarté par un ami, d'après le prévenu.


A plusieurs reprises et malgré les questions insistantes de la procureure, l’agresseur, âgé de 23 ans, nie avoir insulté Julia Boyer. Alors même que dans son premier procès-verbal, il avait déclaré : "Je suis là pour avoir frappé un monsieur, qui n’est pas un monsieur, qui est un trans, qui m’a provoqué donc je l’ai frappé ce fils de pute", récite le président du tribunal sur un ton morne. Le jeune homme "connu de la justice sous plusieurs alias" déclare ne pas se souvenir d’avoir dit cela. "Je n’étais pas dans mon état normal, j’avais pris des médicaments, dit-il, l'air penaud, par la voix de son interprète. Mais ça n’a rien à voir avec le genre de la victime." Et a fini par présenter ses excuses. Ce à quoi le président lui a rétorqué qu'on ne présente pas d'excuses lorsque l'on nie les faits. Il a alors reconnu les coups infligés.

Dans son plaidoyer, l’avocat de Julia a rappelé combien ce "procès de la transphobie" avait une symbolique forte. Suivant les réquisitions de la procureure, le tribunal a accepté de changer la qualification des circonstances aggravantes pour les violences. Elles étaient inscrites "en raison de son orientation sexuelle" et ont été requalifiées au moment de la condamnation comme "violences en raison de son identité de genre". L'homme a été condamné à six mois de prison ferme et quatre mois avec sursis de mise à l'épreuve. En sortant de l’audience, Julia Boyer a salué une "belle victoire". "Ça fera comprendre que les actes homophobes et transphobes sont punis en France", conclut-elle.

Source de l'article
https://www.lesinrocks.com/2019/05/22/a ... ansphobie/
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