Y'a un truc, va falloir qu'on m'explique...
Depuis quelques temps, une agence de notation, l'agence Moody's note les pays.
Là cette agence va noter la France, ils ont noté l'Espagne et comme la note était mauvaise c'est la panique sur les places boursières...
C'est dingue, cette agence de notation fait donc la pluie et le beau temps ???
Ils ont quoi comme crédibilité ? j'ai du mal à intégrer ça, on dirait une grosse farce
Il n'y en a pas qu'une, les trois principales agences de notation sont, outre Moody's, Standart & Poor's et Fitch. Quand les états ont besoin d'argent, ils émettent des emprunts sur les marchés financiers, qu'ils doivent ensuite rembourser avec intérêts. La somme de ces emprunts forme la dette souveraine, c'est à dire la dette due par un état à ses débiteurs. Les agences de notation évaluent (depuis un bail, c'est pas nouveau cette histoire) les dette souveraines des différents pays en fonction de ce qu'elles estiment être leur capacité à l'honorer, en prenant en compte la politique du pays, sa situation économique, etc. Plus la note d'un pays est haute, plus les intérêts qu'il devra payer seront faibles.
Les agences sont très contestées, d'abord parce qu'elles sont effectivement en situation de dicter à un état sa politique économique : les risques courus en cas de dégradation de sa note sont trop grands pour qu'il ne tienne pas compte de l'avis des agences. Or, leur vision est très marquée idéologiquement : la lutte contre les déficits et la réduction des dépenses publiques figurent au nombre de leurs principaux critères d'appréciation.
Ensuite, elles ne sont que trois, donc un oligopole, avec une similarité de points de vue limitant drastiquement la pluralité d'information des investisseurs. Et surtout, elles ont acquis un tel poids sur les marchés que leurs prophéties deviennent auto-réalisatrices : qu'elles mettent en doute la capacité d'un état à honorer sa dette, et les investisseurs fuiront, forçant le pays concerné à emprunter à des taux d'intérêts élevés, alourdissant donc le poids de sa dette et par la même occasion ses marges de manœuvre budgétaire, affectant alors ses capacités d'investissement et de relance de l'économie. Bref, cercle infernal.
Quant à leur crédibilité, elle est rien moins que douteuse, en raison de leur grille de lecture idéologique et de l'opacité de leurs méthodes de travail. Des trois, Moody's semble la plus offensive, n'hésitant pas à mettre sous pression les états, comme elle l'a fait pour les Etats-Unis en dégradant leur note, ou en menaçant de baiser celle de la France.
Et oui, elles font la pluie et le beau temps, en tout cas sur les marchés financiers.
Il faut aussi préciser que ces agences ont des revenus venant de leur clients, de très grosses entreprises pour qui elles font des évaluations de risques justement. On peut penser que, de fait, elles ne sont pas complètement objectives et neutres.
Tsar a écrit :Et oui, elles font la pluie et le beau temps, en tout cas sur les marchés financiers.
Ce n'est pas totalement vrai. On peut citer en exemple le fait que la note dégradée des US n'a pas influencé de beaucoup leurs taux d'emprunt. Ce fut exactement le même cas pour l'Espagne. En fait, leur influence est importante, certes, au sens où les notations sont examinées par les acteurs financiers. Par contre, ces notations arrivent toujours trop tard et accusent souvent un retard sur la réalité des marchés financiers. Au final, on s'aperçoit de manière empirique que c'est souvent la première dégradation de la note qui a un fort impact (ce qui serait le cas de la France, cela dit). Par ailleurs, cela est aussi lié aux possesseurs de la dette : plus la dette est détenue par des acteurs étrangers et/ou sans liens culturels/économiques/politiques avec le pays dont la note dégradée, plus la dégradation peut avoir un effet négatif car ces investisseurs pourraient être plus tentés de revendre leurs actifs (ce qui serait le cas de la France, dont la dette est détenue à 65% par des investisseurs étrangers).
Comme dit Tsar, les agences de notation, ça n'est pas nouveau. Leur existence est pour ainsi dire normale dans un système capitaliste : les institutions qui veulent investir et spéculer sur les dettes (notamment des Etat) ont besoin de critères pour savoir sur quelles dettes elles peuvent spéculer. C'est une sorte d'UFC-Que choisir ? pour banquiers, si vous voulez. Ca joue sensiblement le même rôle que la presse économique...
Tsar a écrit :Et oui, elles font la pluie et le beau temps, en tout cas sur les marchés financiers.
Ce n'est pas totalement vrai. On peut citer en exemple le fait que la note dégradée des US n'a pas influencé de beaucoup leurs taux d'emprunt.
Elle n'a été dégradée que par une des agences.
Mais dégradée quand même. Par ailleurs, il semble aussi que Standard & Poor's soit l'agence avec le plus d'influence. Néanmoins, le cas d'une influence très moyenne, voire faible, d'une dégradation de la note financière d'un Etat est beaucoup plus flagrant avec l'Espagne, donc les principales difficultés financières ne viennent pas de leur note, mais des obligations de réduction de déficit qui vont avec les plans de redressement.
