Le billet complet est disponible sur le blog de Me Devers.Me Gilles Devers a écrit :Les sénateurs planchaient sur le projet de loi de bioéthique, plus particulièrement sur le don d’organe, et le groupe socialiste a proposé un amendement ainsi rédigé : « Nul ne peut être exclu du don en raison de son orientation sexuelle ».
Alain Milon (UMP), le rapporteur de la loi, lance la discussion.
Nora Berra, secrétaire d’Etat. – Il ne s’agit pas d’exclusion mais de contre-indication, qui s’explique par un risque sanitaire avéré. Je suis défavorable à cet amendement.
Alain Milon, rapporteur. – Je comprends la ministre, mais c’est au médecin d’apprécier une contre-indication et l’orientation sexuelle ne saurait motiver une exclusion du don.
Isabelle Debré. – Sur la philosophie de l’amendement, nous sommes tous d’accord. Mais pourquoi écrire cela dans le texte, alors que nous sommes tous égaux devant la loi ? Pourquoi le répéter ici ?
Jean-Pierre Godefroy. – Parce qu’aujourd’hui, les homosexuels ne peuvent donner un organe. Je rejoins Alain Milon, il faut vérifier la compatibilité médicale de l’organe et du receveur, pas plus ! Si j’ai besoin d’un don, il m’est égal que le donneur soit homosexuel ou hétérosexuel dès lors que l’organe est compatible.
Nora Berra, secrétaire d’Etat. – La loi ne discrimine personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par exemple l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, donc une contre-indication de don.
Raymonde Le Texier. – En quoi les femmes homosexuelles sont-elles à risque ?
Nora Berra, secrétaire d’Etat. – Il s’agit des hommes seulement. Mais aucune catégorie n’est exclue dans la loi et cette mention ne mérite pas d’être inscrite dans le texte.
L’amendement n° 10 est rejeté. »
Depuis, le service de presse de Nora Berra tente d'atténuer la réalité de ces propos, comme le laisse apparaître l'article paru sur Yagg.
A première vue on pourrait y voir de la simple maladresse. Mais dans le contexte des échanges qui ont eu lieu au sénat, il y a bien association VIH / homosexualité masculine, avec cette douce notion de "population" à risque prenant le pas sur la réalité du comportement à risque. C'est loin d'être anodin.Yagg a écrit :[...]
[Mise à jour: 18h20] Le service de presse de Nora Berra nous a fait parvenir le message suivant: « En réaction à cet article, Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la Santé, souhaite dissiper ce qui s’apparente manifestement à une incompréhension. C’est bien la notion de « pratiques à risques » qui doit être prise en compte comme facteur de risque du VIH et non pas, évidemment, le fait d’être homosexuel. Le Plan VIH-IST 2010-2014, qui fait l’objet d’un consensus, vise d’ailleurs, notamment, à prévenir la transmission du VIH liée aux pratiques à risques. Par ailleurs, Nora Berra tient à rappeler son engagement personnel de longue date aux côtés des patients atteints par le VIH/Sida ».
Auparavant, dans la matinée, Jean-Luc Romero, conseiller régional d’Ile-de-France et président du Crips-Ile-de-France s’était dit « scandalisé » par les propos de Nora Berra: « Ne sait-elle pas que ce sont les comportements qui sont à risque? Chez les hétéros comme chez les homos! Grave pour un médecin… En plein Sidaction, je suis scandalisé! ».
[Mise à jour: 0h05] Pierre Bergé a réagi aux propos de Nora Berra, sur France 3: « Les propos de Nora Berra sont insupportables, a-t-il déclaré, cité par l’AFP. C’est de la discrimination et les propos choisis ne sont vraiment pas très malins. On sait très bien qu’il n’y a pas de population à risque, il n’y a que des pratiques à risque. Les homosexuels ont été les premiers touchés (par le virus du sida), ils se sont comportés dès sa découverte dans les années 80 de manière exemplaire. Ils ont donné l’exemple, ils ont pris les plus grandes précautions ».