aesoper a écrit :Ceux qui pense que l'on doit pouvoir soutenir la vue d'un abattoir pour manger de la viande sont alors d'accord pour dire que s'ils veulent être opéré ils doivent soutenir la vue d'une opération chirurgicale sanglante, et s'ils veulent prendre la voiture soutenir la vue d'un cerveau écrasé suite à un accident, et s'il sont pro avortement soutenir la vue du raclage d'utérus pour en ressortir un soupçon de foetus avec des début de membre ?
C'est débile. Ce que je dis c'est qu'il faut savoir contempler les conséquences de ce qu'on consomme dans le blanc de l'oeil, plutôt que de faire l'autruche. Qu'il faut savoir avoir les couilles de contempler toutes les conséquences de ses choix et de ses actes. C'est pas compliqué à saisir, c'est un prémisse assez simple à comprendre, je pense, dont le bien-fondé éthique est difficilement discutable. Faire le tour d'un abattoir industriel peut créer des vocations végétariennes, je t'assure.
Aucun rapport avec la vue d'une opération sanglante, c'est complètement ridicule. D'une part se faire opérer est un acte nécessaire, contrairement à la consommation de viande, qui est un luxe physiologique inutile et largement contournable. L'opération est donc une mutilation consentie au premier chef par celui qui la subit. Au contraire de la mise à mort d'un animal qui en général ne consent pas vraiment à aller à l'abattoir dès lors qu'il a compris de quoi il retourne.
Dès lors qu'un malade consent à se faire opérer, je ne vois guère pourquoi il serait nécessaire pour qu'il y ait droit de voir s'il supporte la vue de sa propre mutilation (ce qui est tout de même autrement plus impressionnant que celle d'un autre). Si ça le chante d'avoir cette curiosité morbide, why not. Dès lors que c'est sur son propre corps et seulement sa propre intégrité qu'il décide d'avoir une action difficilement soutenable, il est libre. Bien au contraire d'un acte sur un animal autre, ou au contraire être capable de soutenir sa mise à mort dans le blanc de l'oeil force de facto à une certaine empathie avec sa souffrance, dans le but de voir si on la juge véritablement acceptable pour ce qu'elle est.
On me reproche mes rapprochements capillotractés mais alors mettre sur le même plan l'obligation de spectacle de ce par quoi on en passe sur l'autre, l'animal pour qu'il finisse dans notre assiette, et l'obligation de contempler sa propre mutilation quand on se fait opérer, chapeau. Dans le genre, ça bat des records aussi.
Il en va de même pour le cerveau et la bagnole (si c'est pas un contre-argument de mauvaise foi, je ne sais pas ce que c'est) : l'accident correspond à l'exception, au contraire de la consommation de viande qui est toujours passée par le meurtre d'un animal. Si on conduit soit-même prudemment et qu'on espère la même chose des autres, il n'y a pas de raison d'imaginer voir une cervelle dégouliner sur ses pare-chocs un jour. En revanche, je te rejoins, et c'est précisément le but des stages de dissuasion de comportement délirants sur la route : ceux qui aiment faire des excès de vitesse pour se sentir virils et maîîître de leurs véhicules même en conditions extrêmes devraient s'exposer clairement à la vue des conséquences potentielles de leurs actions. C'est précisément ce que l'exécutif tente de faire lors de ces stages obligatoires. Je ne sais pas si ça marche.
Pour ce qui est du foetus, c'est une posture que l'on peut juger acceptable : il faut être prêt à se confronter à la vue de l'embryon avant de le zigouiller, pourquoi pas. je pense que c'est quelque chose qui passe par la tête de beaucoup de femmes qui se font avorter, de fait. Je ne sais pas si à 12 semaines (date limite légale), ça a vraiment déjà un tel aboutissement de différenciation des organes, mais soit.
En tous les cas je persiste : dans ce qu'on consomme, il faut tenter de se représenter d'où ça vient, et où ça va partir. Se confronter à la vue de gamins de 7 ans qui travaillent peut à juste titre dissuader d'acheter des godasses Nike, ça n'est pas absurde.
Spécimen je ne comprends toujours pas tes arguments, je le regrette. Que pour consommer un animal il faille l'abattre et donc être prêt à souscrire à un tel acte, je ne vois pas en quoi on peut valablement y opposer le fait qu'il faille
savoir le faire de ses mains. Je ne vois pas en quoi la seconde proposition interfère avec la première, y répond, y rétorque, rien. Je trouve du coup que ça frise l'absurde de me répondre ça.
J'y réponds que la distribution des savoir-faire est une nécessité dans l'espèce humaine (on n'a pas tous les temps d'être ingénieur ET boucher, navré), mais que ça n'a rien à voir avec l'ensemble du contenu moral contenu dans le fait de consommer un être animé qu'il a fallu buter au préalable pour ce faire, dont il est question ici. Tout cela pour dire que ta façon de rebondir sur la contradiction que je soulève me parait... irrationnelle. Oui, je ne sais pas faire, découper un agneau. Ça ne m'ôte en rien le droit de m'y opposer, et me le faire remarquer n'ôte rien à la pertinence de mon argumentation, sauf à démontrer l'immoralité du fait de ne "pas savoir faire". Enfin bref... Parce-que l'immortalité du fait de "ne pas vouloir savoir comment ça se passe" a en revanche un fondement : sur la base d'un critère d'empathie, on peut juger inacceptable de s'adonner sur autrui à un acte auquel sur soi-même on ne consent pas (le meurtre, en l'occurrence). Se contenter de steak sous cellophane sans vouloir contempler la réalité de abattoir revient à contourner artificiellement ce problème, ce qu'on peut juger insatisfaisant en terme d'analyse personnelle intégrale des conséquences de ses actes (ie : manger de la viande encourage l'abattage d'animaux).