Végétariens et/ou végétaliens en discussions

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spécimen
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Re: Sans titre

Message par spécimen »

J'ai laissé échapper un point précis soulevé dans cette discussion. Le coût environnemental, comme l'eutrophisation aquatique que Manchette (je crois c'est toi, désolé si ce n'était pas le cas) avait abordé. Je ne suis pas là pour contredire cette malheureuse évidence.

Cependant, je dois préciser qu'une réelle prise de conscience a été entamée sur ce sujet. J'élargis le débat sur l'étiquetage environnemental. Vous ne le savez peut-être pas, mais une des lois du Grenelle aurait dû obliger les industriels à procéder à l'étiquetage environnemental à compter du 1er juillet 2011. Certaines enseignes de la grande distribution ont commencé de leur propre initiative à s'y atteler comme Casino et Conforama.

Le but de la manœuvre est de communiquer auprès des consommateurs les coûts/impacts environnementaux de l'extraction des matières premières, de la fabrication, du transport, de l'utilisation et de la fin de vie du produit ainsi étiqueté. Casino a par exemple décidé, sur ses produits à marque propre, d'indiquer la quantité de CO2 émise par kg de produit fabriqué. Conforama a quant à lui, décidé de communiquer sur la quantité de CO2 émise, sur la quantité de ressources non renouvelables utilisée, et sur la consommation d'eau pour fabriquer ses articles (pas tous, seulement une partie).

Face à l'ampleur de la tâche, tous les industriels sont concernés, et pas seulement l'agro-alimentaire (ça touche en effet tous les articles commercialisables), l'état a alors décidé de repousser de un an l'application de cette loi en attendant de procéder à une phase d'expérimentation et d'alimentation des bases de données et l'établissement d'un référentiel commun d'affichage et de représentation de l'information pour permettre les comparaisons au niveau des rayons de vente. La loi est prévue d'entrer en application progressivement à partir du 1er juillet 2012.

Et parmi les critères environnementaux à suivre, ceux qui ont un impact sur l'environnement, avec la consommation d'eau, son eutrophisation est prise en compte. C'est à dire que dans les analyses de cycle de vie des produits (notamment alimentaires), seront pris en compte les rejets animaux qui contribuent à l'eutrophisation.
En parallèle, il sera pris en compte les gaz issus de la fermentation digestive des ruminants dans la quantification de l'émission en CO2.

A terme, c'est par un effet de domino que l'on va atteindre les producteurs primaires de la chaîne alimentaire dans la sensibilisation au sujet des rejets animaux sur le milieu aquatique ! et de l'impact de leur élevage sur l'environnement.

Avant même cela, en Bretagne, des exploitations porcines se sont lancées dans l'exploitation technologique d'installations de cogénération énergétique avec méthanisation anaérobie des effluents d'étables. Les résultats sont là, on observe une diminution considérable des polluants organique dans l'environnement avec une activité bien moins impactante écologiquement parlant.

Cela vient, il faut du temps, cela coûte de l'argent, mais ça va dans le bon sens !
Crown Prinz
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Re: Sans titre

Message par Crown Prinz »

Non non je te rassure specimen, ton argumentation me parait toujours aussi absurde, je n'en démords pas. Le lien que tu tentes de faire entre la nécessité que je place à s'astreindre à cautionner jusqu'au bout l'acte de consommation de viande, c'est à dire en supportant pleinement la vue de l'acte d'anéantissement de la vie d'un vertébré supérieur (qui constituent la majorité des pièces carnées qu'on avale), et la nécessité d'avoir le savoir-faire pour le faire, cela m'apparait toujours, malgré tes explications agacées, comme un écran de fumée rhétorique tel, qu'effectivement il est difficile de trouver par quel bout le prendre, tant il n'a rien à voir avec la nécessité d'intégrité éthique que j'évoque au départ. Donc je conserverai l'usage de ces vocables qui te sont si difficile à souffrir, tant ils m'apparaissent à moi, humble petit penseur du soir, de raison ici : argumentation absurde, tirée par les cheveux.
Ca n'est que mon avis, soit soit, nous voilà avancés.

Je fonde l'exigence d'empathie sur ma propre expérience sensorielle, car je me représente en pensée un monde où chacun se sentirait libre d'infliger cet acte de mise à mort d'autrui, autrui étant un animal quelconque, être humains compris. Mon expérience sensible préalable me fait réaliser que si cette liberté était offerte à chacun, j'en souffrirai considérablement, par l'annihilation de mes proches, et par l'éventualité de la mienne, à laquelle je demeure adverse. J'en conclus qu'il est nécessaire, entre être humains civilisés, de mettre à mort des bestioles ayant manifestement des expériences sensibles comparables à la nôtre, car nous leur infligeons manifestement une détresse que nous refusons de subir nous-mêmes.


Pour contrer ce développement, tu me réponds assez arbitrairement que puisque c'est comme ça je n'ai qu'à moi aussi posséder le savoir faire nécessaire à la fabrication de chacune de mes consommations. Tu m'excuseras de ne vraiment pas voir le rapport, et je subodore accessoirement qu'il n'y en ait aucun, mais passons.
A mon tour, pour me prêter au jeu d'une réponse, j'imagine en pensée un monde où chacun ne profiterait plus de la spécialisation des uns et des autres, et ne devrait compter que sur lui-même pour concevoir les objets qu'il consomme pour sa survie. J'aperçois donc par ce procédé un beau retour aux campagnes du moyen-âge et encore. Soit, et je constate que c'est une belle régression. Merveilleux exercice, qui ne m'a strictement rien appris au sujet du présent problème, consistant à trouver un critère moral suffisant pour cautionner la consommation de viande et donc l'anéantissement de l'animal qui lui est nécessairement préalable (car oui, "moral", nous emploierons ce terme, qui est adapté dans le présent débat, même si Spécimen s'y oppose).

A mon sens, ce que tu me rétorques n'a strictement rien à voir avec le problème que je pose, et relève de l'écran de fumée rhétorique arbitraire. Je ne vois pas le lien entre évaluation de la moralité de l'acte de tuer une bête sensible pour la bouffer, et évaluation de la présence du savoir-faire nécessaire pour ce faire chez moi. Exhibe-moi le lien de façon claire, et peut-être que la discussion avancera. Mais j'ai beau essayer, je ne vois pas à quel jeu tu te prêtes, si ce n'est celui de la diversion.

J'aimerais enfin une explication sur ce dernier point élaboré, à savoir qu'il serait fondamentalement sans objet de s'échiner à débattre de la moralité de tel ou tel acte. J'avoue ne pas comprendre, ou tomber des nues, c'est selon. Sur quoi ont porté les travaux de penseurs comme Kant, si ça n'est tenter de trouver des critères opérationnels et universels pour statuer sur le caractère "moral" ou autre de tel ou tel acte ? J'ai bien conscience d'avoir un bagage culturel trop faible pour parler de son oeuvre avec toute la technicité qui s'impose, mais voilà : de mon petit acquis de lycée, il m'avait bel et bien semblé qu'un gros gros morceau de son propos, c'était de trouver des façons d'arbitrer de façon définitive entre ce qu'on peut considérer comme un acte "moralement acceptable", et au contraire ce qui ne l'est pas. Et que l'une des principales pistes qu'il avait exhibé, c'était de voir si ledit acte réalisé par toute la multitude résultait en une expérience collective soutenable, ou bien à une complète déchirure du vivre-ensemble

Dès lors, on peut partir du prémisse que s'il demeure des choix échappant à tout critère de ce type (je pense que statuer sur le caractère moralement acceptable ou non de se curer le nez restera indécidable), dès lors que l'anéantissement d'une créature qui est adverse à sa propre détresse vitale est en jeu, j'intuite naïvement que là, par contre, on est tout à fait dans le champs de la question étudiée. Donc oui, à mon sens, sisisi, il y a clairement matière à formuler un avis sur le caractère moral ou non de consentir à l'abattage d'un animal sensible pour le bouffer. On ne peut pas se barricader derrière le fait de prétendre que d'aucun consentent à tuer des bêtes pour s'en nourrir, d'autres non, mais que toute évaluation de ces décisions dans une perspective autre que purement descriptive devient immédiatement vide de sens, car y échappant comme par enchantement. Donc je persiste : si, on peut discourir de l'acceptabilité morale de l'abattage des animaux pour s'en nourrir, cet acte n'est pas vide de conséquence pour un certain nombre d'acteurs ayant droit au chapitre dans le débat, puisqu'en premier lieu il a des répercussions pleines pour l'animal concerné, ainsi que pour les autres congénères humains qui doivent continuer à vivre dans le monde pollué par tout ce qui a été nécessaire à faire grandir ladite bête avant de la tuer.


J'aime de plus en plus ce débat, où l'air de rien on sent bien que pour tous les présents adversaires, l'expérience de la cueillette d'une salade mise en regard de celle de l'égorgement d'un animal suscite nettement moins d'impression de rejet, de dégoût ou de révolte, selon des critères intellectuels et sensibles en fait effectivement partagés par tous, mais où le parangon de mauvaise foi va jusqu'à développer une spéculation aboutie et sophistiquée sur la détresse collégialement ressentie par l'espèce "pommier" prise dans son entier lorsqu'on cueille le fruit "pomme", plutôt que de laisser choir à terre et éventuellement germer.
Harmodius a écrit :
Crown Of Thorns a écrit : Je ne trouve pas du tout l'argument hors sujet, au contraire. Je ne pense pas à la place de Manchette, mais j'imagine que ce qu'il veut dire, c'est qu'il faut être capable d'accepter en face jusqu'au bout le contenu "moral" de ce qu'on consomme. Et qu'à ce titre, accepter de manger de la viande tout en n'étant pas capable en face de l'animal vivant de l'abattre pour le bouffer, c'est faux-cul.
Je trouve cet argument d'une immense mauvaise foi. Il y a plein de métiers que je ne me sentirais pas capable de faire, et dont je suis pourtant bien content qu'ils existent. Croque-mort, médecin légiste, voire chirurgien...

Par ailleurs le contenu "moral" n'a rien à voir avec l'émotion ressentie devant un veau en train d'être tué. Le contenu moral c'est "c'est bien/c'est pas bien". Que je ne sois pas capable de soutenir la vue d'un animal en train d'être tué est indifférent au fait que par ailleurs, je trouve ça admissible ou non.
Il y a une totale confusion entre plusieurs choses. Je ne compare pas des métiers entre eux. Dans les contre-exemples que tu exhibes, la comparaison qui est appelée est celle du boucher, de l'équarisseur, face au croque-mort ou au chirurgien. Ca n'est absolument pas ce que j'évoque.

Ce que j'évoque, c'est la nécessité de souffrir la vue de ce qu'on inflige à autrui, pour s'en nourrir, ce qui appelle à l'expérience empathique d'expérimenter une détresse similaire, et constater si on trouve cela acceptable de l'infliger à d'autres.

Donc c'est formidable qu'il existe des médecins et des croque-morts qui exercent des métiers dont je concède immédiatement qu'ils amènent à être témoins de scènes difficiles. Ca ne désamorce pas du tout le propos que je soutiens, à savoir qu'avant d'infliger contre son gré quelque chose à animal, il est de bon ton de se le représenter intégralement, afin de voir si in fine on ne trouve pas ça en fait révoltant. Et je parle d'expérience : la vue de travaux de journalistes sur diverses formes d'élevage a été une motivation parmi d'autres de me détourner de la viande, tant cette expérience sensible m'a fait percevoir qu'infliger ça à des bêtes était quelque chose de cruel.

Donc je réfute également ta réfutation sur le "contenu moral" que j'évoque, et je persiste : la vue, comme expérience sensible, peut amener à assez d'empathie pour juger que décidément ce qu'on inflige est en fait inadmissible. Donc la vue comme premier pas vers la réévaluation de la moralité d'un acte, j'y reste attaché.
Dernière modification par Crown Prinz le mar. avr. 05, 2011 10:09 pm, modifié 1 fois.
spécimen
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Re: Sans titre

Message par spécimen »

Crown Of Thorns a écrit :Non non je te rassure specimen, ton argumentation me parait toujours aussi absurde, je n'en démords pas. Le lien que tu tentes de faire entre la nécessité que je place à s'astreindre à cautionner jusqu'au bout l'acte de consommation de viande, c'est à dire en supportant pleinement la vue de l'acte d'anéantissement de la vie d'un vertébré supérieur (qui constituent la majorité des pièces carnées qu'on avale), et la nécessité d'avoir le savoir-faire pour le faire, cela m'apparait toujours, malgré tes explications agacées, comme un écran de fumée rhétorique tel, qu'effectivement il est difficile de trouver par quel bout le prendre, tant il n'a rien à voir avec la nécessité d'intégrité éthique que j'évoque au départ. Donc je conserverai l'usage de ces vocables qui te sont si difficile à souffrir, tant ils m'apparaissent à moi, humble petit penseur du soir, de raison ici : argumentation absurde, tirée par les cheveux.
Ca n'est que mon avis, soit soit, nous voilà avancés.
Tu mêles passion, émotion, éthique et morale dans une mélopée subjective. Je ne vois pas en quoi être végéta*ien serait "supérieur/mieux" qu'être omnivore, ou inversement. Je suis fort aise d'enregistrer ton point de vue qui n'a pas valeur argumentative dans ce débat. La rhétorique sur fond subjectif, c'est toi qui t'y prête. Il est d'ailleurs toujours intéressant dans un débat passionné d'observer que ce que dénonce les personnes est précisément ce qu'elles commettent elles-mêmes.
Crown Of Thorns a écrit :Je fonde l'exigence d'empathie sur ma propre expérience sensorielle, car je me représente en pensée un monde où chacun se sentirait libre d'infliger cet acte de mise à mort d'autrui, autrui étant un animal quelconque, être humains compris. Mon expérience sensible préalable me fait réaliser que si cette liberté était offerte à chacun, j'en souffrirai considérablement, par l'annihilation de mes proches, et par l'éventualité de la mienne, à laquelle je demeure adverse. J'en conclus qu'il est nécessaire, entre être humains civilisés, de mettre à mort des bestioles ayant manifestement des expériences sensibles comparables à la nôtre, car nous leur infligeons manifestement une détresse que nous refusons de subir nous-mêmes.
Il s'agit de ton exigence d'empathie. Elle ne saurait être universelle, puisqu'elle n'est pas partagée par tous. C'est une "logique" de voir les choses, ici la tienne, très bien, je respecte totalement. Finalement, c'est comme se poser la question s'il vaut mieux être athée, catho, juif, boudhiste ou musulman. Tant que ça reste dans la sphère privée, cela me convient ainsi.

A ce titre, je ne te lis pas répondre au sujet de ma question quant à savoir si tu possèdes des articles en cuir, si tu utilises des médicaments, des vaccins, des produits cosmétiques ??? Est-ce une fuite de ta part, ou tu es gêné aux entournures pour y répondre ?!?
Crown Of Thorns a écrit :Pour contrer ce développement, tu me réponds assez arbitrairement que puisque c'est comme ça je n'ai qu'à moi aussi posséder le savoir faire nécessaire à la fabrication de chacune de mes consommations. Tu m'excuseras de ne vraiment pas voir le rapport, et je subodore accessoirement qu'il n'y en ait aucun, mais passons.
A mon tour, pour me prêter au jeu d'une réponse, j'imagine en pensée un monde où chacun ne profiterait plus de la spécialisation des uns et des autres, et ne devrait compter que sur lui-même pour concevoir les objets qu'il consomme pour sa survie. J'aperçois donc par ce procédé un beau retour aux campagnes du moyen-âge et encore. Soit, et je constate que c'est une belle régression. Merveilleux exercice, qui ne m'a strictement rien appris au sujet du présent problème, consistant à trouver un critère moral suffisant pour cautionner la consommation de viande et donc l'anéantissement de l'animal qui lui est nécessairement préalable (car oui, "moral", nous emploierons ce terme, qui est adapté dans le présent débat, même si Spécimen s'y oppose).
Tu digresses inutilement. Encore une fois, l'utilisation de la morale dans cette discussion est de fait disqualifiée. C'est toi qui demande aux omnivores de tuer leur propre viande. Je t'oppose à cela : "et bien cultives tes propres plantes !"
Crown Of Thorns a écrit :A mon sens, ce que tu me rétorques n'a strictement rien à voir avec le problème que je pose, et relève de l'écran de fumée rhétorique arbitraire. Je ne vois pas le lien entre évaluation de la moralité de l'acte de tuer une bête sensible pour la bouffer, et évaluation de la présence du savoir-faire nécessaire pour ce faire chez moi. Exhibe-moi le lien de façon claire, et peut-être que la discussion avancera. Mais j'ai beau essayer, je ne vois pas à quel jeu tu te prêtes, si ce n'est celui de la diversion.
C'est toi qui est arbitraire en utilisant un concept subjectif (la morale) pour reprocher aux omnivores leur régime alimentaire.
Crown Of Thorns a écrit :J'aime de plus en plus ce débat, où l'air de rien on sent bien que pour tous les présents adversaires, l'expérience de la cueillette d'une salade mise en regard de celle de l'égorgement d'un animal suscite nettement moins d'impression de rejet, de dégoût ou de révolte, selon des critères intellectuels et sensibles en fait effectivement partagés par tous, mais où le parangon de mauvaise foi va jusqu'à développer une spéculation aboutie et sophistiquée sur la détresse collégialement ressentie par l'espèce "pommier" prise dans son entier.
De façon condescendante, tu assènes que les plantes ne souffrent pas. Je te démontre par A + B que tu sombres dans l'animalo/anthropocentrisme en faisant une telle remarque, de surcroît condescendante à ton interlocuteur. Au passage, tu fais l'amalgame déplacé entre abattage et meurtre, c'est l'hôpital qui se fout de la charité... Au niveau de la mauvais Foi, j'ai plutôt le sentiment que c'est toi qui détiens la palme.
Harmodius
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Re: Sans titre

Message par Harmodius »

Crown Of Thorns a écrit :

Il y a une totale confusion entre plusieurs choses. Je ne compare pas des métiers entre eux. Dans les contre-exemples que tu exhibes, la comparaison qui est appelée est celle du boucher, de l'équarisseur, face au croque-mort ou au chirurgien. Ca n'est absolument pas ce que j'évoque.

Ce que j'évoque, c'est la nécessité de souffrir la vue de ce qu'on inflige à autrui, pour s'en nourrir, ce qui appelle à l'expérience empathique d'expérimenter une détresse similaire, et constater si on trouve cela acceptable de l'infliger à d'autres.
Je persiste à penser que l'argument est faux. Ce n'est pas parce que moi je n'ai pas le cran nécessaire pour supporter la vue d'une scène, que j'ai le droit d'universaliser ce sentiment. J'admets tout à fait que certaines personnes puissent avoir ce courage-là : tant mieux pour elles, et pour nous.

Et sur un plan méthodologique, le problème, c'est que tu essayes d'appuyer un propos général (manger de la viande c'est mal...) sur un sentiment individuel que tu supposes être le mien (j'avoue que je n'en sais rien en réalité, je n'ai jamais essayé de tuer du bétail) en l'universalisant. Mais ce n'est pas parce que mon ressenti est de telle ou telle nature que tu ne pourras pas tomber, le coup d'après, sur quelqu'un qui réagirait de la façon opposée à la mienne dans les circonstances que tu évoques. S'il s'agit de porter un jugement moral, c'est-à-dire universel, sur le fait de manger de la viande (est-ce que c'est bien/pas bien/admissible/permis/interdit...), tu ne peux pas invoquer mon "epxérience empathique".
spécimen
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Re: Sans titre

Message par spécimen »

Harmodius a écrit :
Crown Of Thorns a écrit :

Il y a une totale confusion entre plusieurs choses. Je ne compare pas des métiers entre eux. Dans les contre-exemples que tu exhibes, la comparaison qui est appelée est celle du boucher, de l'équarisseur, face au croque-mort ou au chirurgien. Ca n'est absolument pas ce que j'évoque.

Ce que j'évoque, c'est la nécessité de souffrir la vue de ce qu'on inflige à autrui, pour s'en nourrir, ce qui appelle à l'expérience empathique d'expérimenter une détresse similaire, et constater si on trouve cela acceptable de l'infliger à d'autres.
Je persiste à penser que l'argument est faux. Ce n'est pas parce que moi je n'ai pas le cran nécessaire pour supporter la vue d'une scène, que j'ai le droit d'universaliser ce sentiment. J'admets tout à fait que certaines personnes puissent avoir ce courage-là : tant mieux pour elles, et pour nous.

Et sur un plan méthodologique, le problème, c'est que tu essayes d'appuyer un propos général (manger de la viande c'est mal...) sur un sentiment individuel que tu supposes être le mien (j'avoue que je n'en sais rien en réalité, je n'ai jamais essayé de tuer du bétail) en l'universalisant. Mais ce n'est pas parce que mon ressenti est de telle ou telle nature que tu ne pourras pas tomber, le coup d'après, sur quelqu'un qui réagirait de la façon opposée à la mienne dans les circonstances que tu évoques. S'il s'agit de porter un jugement moral, c'est-à-dire universel, sur le fait de manger de la viande (est-ce que c'est bien/pas bien/admissible/permis/interdit...), tu ne peux pas invoquer mon "expérience empathique".
Pfffiouh, mais pourquoi je n'ai pas ton niveau argumentatif, alors que j'ai 15 ans de plus que toi :s ça me frustre de ne pas avoir cette facilité/aisance.

Sinon ben +1000 hein. Tu synthétises en 3 lignes ce que j'ai périphrasé en 1 paragraphe...
Crown Prinz
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Re: Sans titre

Message par Crown Prinz »

Je ne dis pas que les omnivores doivent savoir tuer leur viande, mais qu'ils doivent être en mesure de le voir faire, pour se représenter la détresse que cela représente pour un animal d'être mis à mort, et peut être s'interroger sur leur bonne volonté à y consentir.

L'équivalent pour un végétarien serait donc de supporter la vue d'une moissonneuse batteuse en pleine exercice. j'ai survécu à une telle expérience, et j'augure qu'un nombre écrasant de personnes pourra également le faire sans ciller.

D'où mon scepticisme sur ce développement à propos des savoir faire, dont même après 15 posts je n'ai toujours pas compris la raison d'être.

Enfin pour te répondre : non, depuis que je suis végétarien, je n'achète plus de vêtements en cuir. Pour ce qui est des usages animaux nécessaires pour d'autres contingences que la nourriture, je n'ai jamais dit que j'y voyais une opposition farouche si en l'état de la science ces usages sont inévitables. J'ai toujours bien indiqué que je m'opposais à la consommation de viande car elle représentait un luxe inutile, qui plus est absolument impossible à généraliser à hauteur de l'ensemble de l'espèce humaine sous peine d'asphyxie collective.
Harmodius a écrit :S'il s'agit de porter un jugement moral, c'est-à-dire universel, sur le fait de manger de la viande (est-ce que c'est bien/pas bien/admissible/permis/interdit...), tu ne peux pas invoquer mon "epxérience empathique".
Bien, alors tu peux m'expliquer ce qu'il nous reste, si on nous ôte la faculté de représentation et l'expérience sensorielle et empathique, pour appliquer le processus mental que Kant appelle de ses voeux ? Je serais curieux d'avoir l'avis de quelqu'un qui possède des munitions solides en la matière, mais là à froid dépourvu d'expérience empathique et sensorielle, sans le filtre de la douleur ou de la révolte, je ne vois pas comment on peut décider de ce que serait un acte inacceptable s'il m'était infligé.

Sur ce j'ai pitié pour ces pauvres diptères que nous sodomisons depuis trop longtemps déjà, donc il est temps d'aller se coucher et de laisser ce débat au repos :content:
Harmodius
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Re: Sans titre

Message par Harmodius »

Crown Of Thorns a écrit :
Harmodius a écrit :S'il s'agit de porter un jugement moral, c'est-à-dire universel, sur le fait de manger de la viande (est-ce que c'est bien/pas bien/admissible/permis/interdit...), tu ne peux pas invoquer mon "epxérience empathique".
Bien, alors tu peux m'expliquer ce qu'il nous reste, si on nous ôte la faculté de représentation et l'expérience sensorielle et empathique, pour appliquer le processus mental que Kant appelle de ses voeux ? Je serais curieux d'avoir l'avis de quelqu'un qui possède des munitions solides en la matière, mais là à froid dépourvu d'expérience empathique et sensorielle, sans le filtre de la douleur ou de la révolte, je ne vois pas comment on peut décider de ce que serait un acte inacceptable s'il m'était infligé.
On peut tout à fait savoir qu'un animal ou qu'un être humain souffre, sans le voir souffrir directement devant nos yeux. Je n'ai pas besoin d'aller en Libye pour savoir que Kadhafi massacre des gens et que c'est horrible - et je n'ai même pas besoin de voir des corps déchiquetés à la télé.
Le débat sur la souffrance animale/végétale, sur la nécessité ou non de manger de la viande pour les humains, etc., me semble, quelles que soient ses conclusions, une meilleure porte d'entrée dans la question.

Quant aux diptères, qui te dis qu'ils n'aiment pas ça, hein ? :innocent:
spécimen
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Re: Sans titre

Message par spécimen »

Crown Of Thorns a écrit :Je ne dis pas que les omnivores doivent savoir tuer leur viande, mais qu'ils doivent être en mesure de le voir faire, pour se représenter la détresse que cela représente pour un animal d'être mis à mort, et peut être s'interroger sur leur bonne volonté à y consentir.
Des textes de loi réglementent les conditions d'abattage des animaux d'élevage. L'étourdissement fait partie d'une étape préalable avant la mise à mort de l'animal. Des études ont montré que les odeurs de stress dégagées par les animaux accentuaient le stress avant l'abattage des animaux en attente. Même stress qui altère organoleptiquement les viandes issues d'animaux stressés. Des normes ont été mises en place au niveau réglementaire pour diminuer les situations de stress/souffrance et pour améliorer les conditions d'abattage des animaux.
Crown Of Thorns a écrit :Enfin pour te répondre : non, depuis que je suis végétarien, je n'achète plus de vêtements en cuir. Pour ce qui est des usages animaux nécessaires pour d'autres contingences que la nourriture, je n'ai jamais dit que j'y voyais une opposition farouche si en l'état de la science ces usages sont inévitables. J'ai toujours bien indiqué que je m'opposais à la consommation de viande car elle représentait un luxe inutile, qui plus est absolument impossible à généraliser à hauteur de l'ensemble de l'espèce humaine sous peine d'asphyxie collective.
Je ne comprends pas. Tu sembles être schizophrène. D'envolées lyriques concernant l'abattage d'animaux, te voilà poussé dans tes retranchements quand il s'agit de parler de produits médicaux qui participent de façon directe ou indirecte à la mort et/ou à la souffrance d'animaux. Et pourtant les témoins de Jéhovah refusent la vaccination. Ils peuvent prétexter eux aussi (je n'en sais rien à vrai dire) qu'il s'agit d'un bien consommable de luxe. Mais là non, tu fais abstraction de toute ton argumentation préalable, tu oblitères ton exigence empathique pour profiter du bénéfice de produits tout aussi néfastes contre le monde animal.

J'observe comme un hiatus dans ton argumentation.

Maintenant, cela relève du luxe inutile de manger de la viande O_O
Et dis-moi, avant de prendre un médicament ou de te faire vacciner luxueusement, tu as bien pris la peine de voir souffrir les animaux qui ont dû subir des expérimentations pour permettre la validation de l'autorisation de mise sur le marché ?!?
Dernière modification par spécimen le mar. avr. 05, 2011 10:49 pm, modifié 1 fois.
Crown Prinz
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Re: Sans titre

Message par Crown Prinz »

le terme de "luxe inutile" je l'ai écrit maintes et maintes foi dans les posts précédents, dont relis-moi avant de me traiter de schizophrène, tu es gentil.

Pour le reste, le développement serait long, je reçois la remarque d'incohérence et je tâcherai d'en proposer une réponse. Mais je crains qu'en fait non, et que ça vaudra mieux pour tout le monde. Enfin je verrai selon l'humeur demain, mais j'en doute.
spécimen
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Re: Sans titre

Message par spécimen »

Crown Of Thorns a écrit :le terme de "luxe inutile" je l'ai écrit maintes et maintes foi dans les posts précédents, dont relis-moi avant de me traiter de schizophrène, tu es gentil.

Pour le reste, le développement serait long, je reçois la remarque d'incohérence et je tâcherai d'en proposer une réponse. Mais je crains qu'en fait non, et que ça vaudra mieux pour tout le monde. Enfin je verrai selon l'humeur demain, mais j'en doute.
Tu lis mal mon cher. Encore une fois, il est symptomatique d'observer que ce que dénonce une personne, est précisément ce qu'elle commet elle-même...

J'ai taxé ton argumentation de schizophrène en mettant en évidence la contradiction dont tu fais preuve entre ton alimentation végétarienne_parce_que_c_est_mal_de_faire_du_mal_aux_animaux, et le fait que tu te fais tout de même vacciner, ou que tu ingurgites tout de même des médicaments issus de l'expérimentation animale. Allons que diable, fais face à ton exigence d'empathie, et pense à tous ces œufs, à toutes ces souris, à tous ces animaux qui eux souffrent également en leur inoculant des virus, des cellules cancéreuses, en les irradiant, en les amputant, en les mutilant, en les trépanant !

Je n'ai pas rapproché "schizophrénie" à "luxe inutile".
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