CP OUTrans - La HAS parle à notre place !

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OUTrans
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CP OUTrans - La HAS parle à notre place !

Message par OUTrans »

La HAS parle à notre place


En avril 2009, et après plus de quatre ans de travail, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié son projet de rapport sur la prise en charge des personnes trans en France.

Pendant ces quatre années, la HAS a reçu seulement deux fois les personnes concernées, et s'est appuyée uniquement sur le point de vue des médecins d'équipes dites "officielles", malgré le fait que l'écrasante majorité des personnes fassent le choix d'un parcours privé.

De fait, dans ses conclusions, le rapport réclame une généralisation et un renforcement des parcours protocolaires existants alors que les abus des médecins dits « officiels », et autoproclamés spécialistes, sont dénoncés et démontrés depuis des années par de nombreuses associations. Les personnes trans intégrant ces protocoles de soins ne pourront donc toujours pas choisir librement leurs médecins, ce qui va à l'encontre de l'article 4127-6 du code de Santé Publique qui garantit à chacun ce droit élémentaire.

Aucune alternative n'est proposée pour les personnes ne correspondant pas aux critères extrêmement discriminants dont ces équipes ont l'habitude d'user pour sélectionner ceux et celles qu'elles prennent en charge (âge, situation maritale, séropositivité, orientation sexuelle, parentalité...). Ces critères arbitraires et absurdes ne sont à aucun moment remis en question.

Le rapport n’évoque absolument pas la possibilité que la transidentité ne soit pas une maladie mentale, mais une identité à part entière. Contrairement à ce qu'essaie de faire croire le Ministère de la Santé en jonglant avec les différentes catégories d’ALD, ce rapport prévoit de renforcer considérablement la psychiatrisation des personnes trans.

En effet, les deux années de psychiatrie obligatoire sont maintenues et appuyées par le « test de vie réelle ». Ce test prévoit qu'en l'espace de trois mois, la personne trans fasse la preuve de sa motivation et de la sincérité de sa demande en adoptant un nouveau prénom ainsi que le rôle social du genre qu'elle revendique. Cela implique qu'elle fasse son coming out amical, familial et professionnel sans avoir encore accès au moindre traitement hormonal et sans avoir la certitude d'être ensuite prise en charge afin de mener à bien son parcours de transition. Il est évident que ce traitement met gravement en péril la santé psychologique et physique des personnes trans, ainsi que leur équilibre social.

Le seul intérêt réel de cette phase de diagnostic psychiatrique est de décharger les médecins de leurs responsabilités au mépris de la souffrance que cela peut engendrer chez des personnes déjà bien souvent fragilisées par la transphobie sociétale qu'elles rencontrent au quotidien.

Sur les questions juridiques, nous notons la proposition de faciliter et accélérer l'accès au changement d'état civil. Selon quelles modalités ? Pourquoi lier cela avec une stérilisation forcée des personnes trans ? Pourquoi les trans ne pourraient-ils pas garder la fertilité de leur sexe biologique ? Au nom de quoi s'accorde-t-on le droit de stériliser de force toute une population ?
Le lien fait par la HAS entre la stérilisation et les changements de papiers est révélateur du manque de considération et de respect porté aux personnes trans, et du caractère moral du jugement que portent les médecins des équipes hospitalières et la HAS sur la transidentité.

OUTrans s'étonne que les revendications les plus évidentes des associations et des personnes trans n'aient à ce point pas été entendues ni prises en compte par la HAS en quatre années de travail, ne comprend pas le manque manifeste de documentation et les nombreuses imprécisions et inexactitudes que contient ce rapport, et s'indigne du manque de considération générale envers la communauté trans dont il fait preuve.

Par conséquent, OUTrans exige que ce rapport soit considéré comme nul et non avenu et que des mesures respectueuses de la liberté de chacun à disposer de son corps et de son identité et réellement adaptées à la situation et aux problématiques des personnes transidentitaires soient proposées, cette fois, en réelle concertation avec le tissu associatif et les personnes directement concernées.



OUTrans.org // Juin 2009


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Nomade
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Message par Nomade »

Salut, et bienvenue.
Quel est, au juste, le rôle de la HAS ? Est-ce que c'est "juste" un comité consultatif dont s'inspire le législateur ? Le rapport a-t-il été commandé par le gouvernement ou est-il une initiative du HAS ? A-t-il des interactions avec la HALDE (celle-ci peut-elle condamner le rapport par exemple) ?
Zünisch
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Message par Zünisch »

Nomade a écrit : Le rapport a-t-il été commandé par le gouvernement ou est-il une initiative du HAS ?
Vu que la HAS est un organisme indépendant, je dirais qu'elle rend un avis de sa propre initiative. :wink:

A part ça, comme je ne connais rien au sujet de la transidentité, j'ai été assez suprise ( et choquée ) de voir que c'était considéré comme une ALD ( affection de longue durée pour être sûre qu'on parle bien de la même chose ). :shock:
OUTrans a écrit :Le seul intérêt réel de cette phase de diagnostic psychiatrique est de décharger les médecins de leurs responsabilités
Sinon, j'aimerais bien savoir ce que tu entends par "décharger de leurs responsabilité".
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