Un juge de Hong-Kong annule une loi discriminatoire

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basti
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Un juge de Hong-Kong annule une loi discriminatoire

Message par basti »

Il y avait une loi qui rendait les relations homosexuelles passibles de prison à vie lorsque l'un des partenaires avait moins de 21 ans. Mercredi, cette loi a été jugée anticonstitutionnelle et l'âge de la majorité sexuelle des homos est désormais aligné sur celui des hétéros, soit 16 ans. Source : http://www.advocate.com/news_detail_ektid20045.asp
Kikou
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Message par Kikou »

Qu'en est-il de la Chine continentale? Tu penses que cette décision pourra avoir une influence?
basti
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Message par basti »

Si on lit le rapport de l'ILGA, il n'y a aucune loi anti-gay en Chine.

Il y aurait aussi des problèmes du côté de la liberté d'expression : il n'est pas évident de savoir si on a le droit ou pas de parler d'homosexualité en Chine. Il y a des faits contradictoires à ce sujet : à la fois des signes de tolérance et d'intolérance.

http://www.ilga.info/Information/Legal_ ... /china.htm

J'édite pour retirer l'info périmée de l'ILGA sur la classification de l'homosexualité comme maladie mentale : ce n'est plus le cas depuis 2001 : voir l'article suisse cité ci-dessous par Ankh.
Dernière modification par basti le jeu. août 25, 2005 11:33 pm, modifié 2 fois.
Ankh Neferkheperou
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Message par Ankh Neferkheperou »

Voilà ce que j'ai trouvé sur la version française du Image
L'homosexualité en Chine : Plus de tolérance, moins de préjudice

Huang Zhengfu, un fermier de 60 ans du Guangxi, une région autonome du sud de la Chine, a récemment été condamné par un tribunal local pour avoir délibérément attaqué son amant Luo Zhongliang. Le verdict de la Cour a déterminé que Huang et son amant de 25 ans Luo, tous les deux issus du même village Bazhong, dans la province du Tianlin (Guangxi), sont devenus intimes dans l'ombre alors qu'ils avaient tous deux des épouses.

Huang frappa Luo avec une hache alors qu'ils avaient une dispute amoureuse ; Luo fut blessé à la nuque et à la main droite.

Ce dernier porta alors plainte auprès du tribunal intermédiaire du Peuple de la préfecture de Bose pour coups et blessures à l'encontre de Huang, qui fut jugé coupable de ses actes et condamné à un an de prison et à dédommager la victime.

La nouvelle de leur homosexualité se répandit très vite à l'issue du procès, la plupart des villageois furent choqués par cette nouvelle, pensant bizarrement que l'homosexualité ne concerne que les habitants des grandes villes mais certainement pas ceux des villages comme le leur.

C'est la première affaire de ce genre jugée par le tribunal de la préfecture de Bose. « Aussi longtemps que les gens homosexuels n'ont pas d'impact négatif sur la société, il n'y a aucune raison de les exclure » se questionna une femme mariée.

Selon Lu Fangming de l'Institut de Littérature et d'Histoire de l'Académie des Sciences sociales de la Région du Guangxi, ce cas est une affaire classique de préjudice causé délibérément où il y a une victime qui demande réparation et l'auteur d'un délit qui doit être puni.

Aujourd'hui en Chine, beaucoup d'homosexuels doivent se cacher du reste de la population et doivent veiller attentivement à ne pas transgresser une tradition chinoise. Cependant, Lu Fangming pense tout de même que la société chinoise est plus tolérante et compréhensive quant à l'homosexualité. La Chine a officiellement enregistré une population homosexuelle croissante chaque année, mais Yin Dakui, vice-ministre de la santé, a annoncé qu'aucun chiffre précis n'a été recensé. Il demande aux départements ministériels concernés d'accorder plus d'importance aux homosexuels.

Yang Jianbao, un sociologue, dit qu'avec le Yin (féminin et négatif) et le Yang (masculin et positif), les deux extrêmes dans la nature, les couples d'homosexuels sont souvent considérés comme des marginaux qui pour les uns sont des criminels et pour les autres ont des comportements asociaux.

Dong Yongkun, secrétaire général de l'Association de Chine pour la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles dont le SIDA, affirme que la plupart des gens pensent qu'homosexualité et maladies infectieuses sont liés, c'est ce que démontrent des sondages aux Etats-Unis.

Li Yinhe, un autre spécialiste, pense que la Chine a montré qu'elle ne regardait plus l'homosexualité comme l'état pathologique.

L'homosexualité n'est pas fichée comme un crime par les lois chinoises, mais la Chine se bat contre les activités illégales qui se trouvent liées avec la communauté homosexuelle. Au début du mois de janvier de cette année, quatre délinquants de la ville de Shenyang (province du Liaoning au nord-est de la Chine), ont été condamnés pour chantage, après avoir prétendu qu'ils étaient homosexuels. Un autre exemple dans la ville de Huaihua (province du Hunan au centre de la Chine) où la police a démantelé un réseau de pornographie en ligne illégale qui s'est fait répertorier sous le mot « homosexualité » dans les moteurs de recherche.
Faut-il le croire ?
Ankh Neferkheperou
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Message par Ankh Neferkheperou »

Ou encore ceci dans un magazine suisse en ligne :
En Chine, les gays ne sont plus des ombres

Dépénalisée puis retirée de la liste des maladies mentales, l’homosexualité n’est plus tout à fait un sujet tabou en Chine. Même si les homosexuels peinent à trouver leur place entre une tradition millénaire, un gouvernement qui souffle le chaud et le froid et les idées importées d’Occident via Internet.

Yves de Matteis
Juillet - Août 2002


Le concept d’homosexualité exclusive ou «tongxinglian» n’a jamais existé en Chine ancienne. Il sera inventé vers 1920 par la psychiatrie chinoise sur le modèle occidental. Auparavant – et encore jusqu’à aujourd’hui – on utilisait des expressions poétiques comme «la passion de la Manche Coupée» ou «l’amour de la pêche partagée», souvent en référence à des anecdotes célèbres sur un empereur et son favori. Le plus célèbre épisode, celui de la «manche coupée», fait référence à un empereur qui, au début de notre ère, s’était réveillé de sa sieste pour voir son favori étendu sur sa manche. Au lieu de le réveiller, l’empereur coupe sa manche avec son sabre pour pouvoir se lever. La «Pêche partagée» est celle que Mizi Xia, favori du roi de Wei, lui tend comme preuve de son amour après l’avoir goûtée et trouvée particulièrement savoureuse.

C’est par le biais de cette littérature que Hua, Chinois basé à Genève depuis 15 ans, découvre l’homosexualité: «Dans les grands classiques, j’ai lu des descriptions très romantiques de l’amour entre hommes. On ne parlait pas de sodomie, mais d’amour de “la fleur du jardin de derrière”. D’autres livres de psychologie du XIXe parlaient de l’homosexualité comme d’une perversion.»

En effet, c’est au XIXe que la bigamie est interdite. Le mariage est plus que jamais obligatoire pour tout homme afin d’avoir des enfants pour maintenir le culte des ancêtres et perpétuer une lignée qui, sinon, s’éteindrait. Même s’il n’est pas rare pour ces hommes mariés d’avoir de jeunes employés ou domestiques complaisants.

Mao Tsé Toung ou la sexualité interdite
A partir de 1949, la Chine, désormais République populaire, va entrer dans une période de répression sexuelle et culturelle qui durera plus de 20 ans. Le plaisir individuel – et donc la sexualité – est considéré comme antirévolutionnaire, et les pratiques sexuelles non standard comme «crime crapuleux»: durant la Révolution Culturelle, de 1966 à 1976 – année de la mort de Mao –, les homosexuels sont livrés à l’opprobre populaires ou internés comme délinquants.

Après Mao, Deng Xiaoping associe encore l’homosexualité à la toxicomanie, au vol et à la perversion, mais il est aussi l’artisan de l’ouverture à l’Occident jusqu’à la fin de son règne en 1997. Selon le magazine «A votre bonne santé», l’homosexualité – contrairement à l’opinion populaire qui l’associe aux bas-fonds – est, en 1985, présente dans toutes les classes sociales, d’où la nécessité d’accepter des homos. A cette période, scientifiques, sociologues, psychologues et sexologues sont de plus en plus nombreux à parler d’homosexualité comme d’«une alternative de vie normale et acceptable, concernant une minorité d’individus».

A l’époque, à part les rares bars ou clubs gays de Hong Kong, les lieux de rencontre se résument aux parcs, aux bains et aux toilettes publiques. Georgio, journaliste habitant Genève, travaillait à Beijing en 1986: «L’amosphère était assez sordide: dès que j’entrais dans une toilette publique, tous se précipitaient pour me voir uriner.... Ce n’était pas mon truc, mais un de mes amis, garde dans une ambassade, y allait tous les soirs, jusqu’au jour où il a disparu, probablement arrêté par la police chinoise et renvoyé dans son pays».

Les années sida
En 1989, avec le premier cas officiel de sida, le gouvernement semble fait preuve d’un peu d’ouverture: 30 à 50 millions d’homosexuels sont potentiellement concernés. La première enquête nationale sur le comportement sexuel des Chinois révèle que 2,54% des étudiants et des citadins mariés ont des relations homosexuelles. Un tabou est en train de tomber. Quelques mois plus tard, Hong Kong devient la première région d’Asie à décriminaliser l’homosexualité.

Date importante, 1992 voit la parution de «Leur Monde», radioscopie de l’homosexualité masculine chinoise et, sous couvert de prévention sida, la création du premier groupe de soutien gay, le salon du «Monde des Hommes». Une ligne d’écoute et d’information est lancée avec la bénédiction du gouvernement et des médias contrôlés par l’Etat... pour être fermées six mois plus tard: l’initiateur du projet militait un peu trop en faveur des droits des gays.

Coming out et militantisme: mission impossible
Dans les années 90, presque toutes les grandes villes disposent d’une petite communauté et d’un bar gay au moins, mais il est encore quasiment impossible de faire son coming out: seuls 1% des homosexuels se considèrent comme normaux, selon une statistique de 1992. Parmi eux, ceux qui révèlent leur homosexualité sont rapidement rappelés à l’ordre et, s’ils travaillent pour l’Etat, systématiquement licenciés.

La situation s’améliore à partir de 1995, date à laquelle 50 activistes se réunissent à Pékin. En 1996, ils sont plus de 200 à se réunir à Hong Kong dans le cadre de la première conférence de tongzhi ou «camarades» – c’est le nom que les gays et lesbiennes se sont donnés en Chine pour revendiquer leurs droits. En 1998, un professeur n’hésite pas à prendre la parole en tant qu’homosexuel lors d’un débat sur la sexualité. Mais il est vrai qu’en 6 ans, le 1% d’homos se considérant comme normaux s’est transformé en une majorité de 78,9%, en tout cas dans la population estudiantine.

Il faut dire qu’entre ces deux dates, deux éléments se sont produits: le boom d’Internet, qui permet aux «camarades» de se mettre en contact avec leurs semblables en Chine et à l’étranger, et, avec l’arrivée au pouvoir de Jiang Zemin, la légalisation de homosexualité.

Le temps de la légalité

En 1997, année de l’arrivée au pouvoir de Jiang Zemin, le nouveau Code pénal cesse de pénaliser l’homosexualité, même s’il continue d’interdire la «débauche en réunion» (rapports sexuels à plus de deux personnes). Avec pour conséquences directes, sous couvert de prévention sida, la création d’un numéro d’appel, le 99575, pour inciter les gays à «vivre de manière heureuse et saine» et faire en sorte que «la société comprenne mieux la communauté des camarades», suivis en 1998 de la création de la première revue gaie gratuite «Le Courrier des amis» avec l’appui du ministère de la Santé. De leur côté, les médias, contrôlés par l’Etat, s’intéressent de plus en plus au sujet. Les bars, saunas et clubs se multiplient.

Selon Hua, ces années voient l’apparition d’une nouvelle génération de gays chinois: «La nouvelle génération m’étonne: un jeune Chinois rencontré récemment à Genève trouvait que les gays en Suisse étaient trop timides!». En Chine aussi, il est de plus en plus facile de vivre son homosexualité dans les bars, maisons saunas, clubs ou bains publics de grandes villes comme Beijing, Shanghai ou Shenzhen. Dans cette dernière, ville-dortoir créée vers 1980 pour accueillir les voyageurs et commerciaux, la présence de célibataires n’étonne pas. C’est le «paradis des gays chinois» et, grâce à une mobilité accrue – en Chine et à l’extérieur – de nombreux jeunes viennent se prostituer auprès d’hommes d’affaires de Hong Kong ou Taiwan pour gagner leur indépendance financière, seule chose qui semble compter aujourd’hui en Chine. Selon une statistique, plus de 10% des gays feraient appel à la prostitution, du moins dans les villes.»

Le boom de l’internet gay
La deuxième moitié des années 90 verra un autre boom, celui de la fréquentation de l’internet, moyen idéal – parce qu’anonyme – de s’informer ou de se rencontrer par les chats. Les sites gays chinois, incontrôlables – et la plupart commerciaux, comme gaychina.com, créé en 1996 – se multiplient: c’est d’ailleurs également sur le Net que paraît l’histoire de Lan Yu, un jeune étudiant chinois qui se fait entretenir par un businessman de Beijing. Cette nouvelle érotique anonyme sera vite connue de tous les surfeurs gays chinois, au point de servir de trame au nouveau film de Stanley Kwan’s «Lan Yu», sorti en France il y a trois mois.

Car, à côté des études, traités, compte-rendus de colloques, reportages ou articles sur l’homosexualité qui se multiplient en Chine, les années 90 ont aussi été caractérisées par les nombreux films tournés par des cinéastes chinois sur le thème de l’homosexualité: «Garçon d’honneur» (1993), «Adieu ma concubine» (1993), «East Palace West Palace» (1997), «Happy Together» (1997), «Hold you tight» (1999), «Le Protégé de Mme Qing» (1999), etc. Seul ce dernier parle du quotidien des homosexuels en Chine. Mais, selon Hua, ce n’est pas le signe d’une quelconque ouverture: «Tous ces films, assez connus ici en Europe, sont quasiment inconnus voire carrément interdits en Chine, mis à part “Adieu ma concubine”, dont la trame principale d’ailleurs ne concerne pas l’homosexualité».

L’homosexualité n’est plus une maladie
Le 20 avril 2001, l’homosexualité est rayée de la liste des maladies mentales, même si elle continue d’être classée comme détresse mentale pour ceux qui n’assument pas leur sexualité. En décembre de la même année, un talk-show de la TV de la province de Hunan invite un couple gay pour parler de son vécu. Le premier festival du film gay et lesbien est organisé le même mois par l’association du film de l’Université de Beijing. Début 2002, le premier manuel chinois d’éducation sexuelle pour les jeunes mentionne, selon Radio Chine International, le fait que «60% des étudiants se disent tolérants vis-à-vis de l’homosexualité». A nouveau, les chiffres sont ahurissants: dix ans auparavant, seuls 9,6% des étudiants considéraient l’homosexualité comme normale! Témoin de cette évolution, même le très officiel Quotidien du Peuple titrait, online: «L’homosexualité en Chine: Plus de tolérance, moins de préjudice [préjugés]». Même si l’article se termine en mentionnant aussi le fait que «la Chine se bat contre les activités illégales qui se trouvent liées avec la communauté homosexuelle» et que «la police a démantelé un réseau de pornographie en ligne illégale qui s’est fait répertorier sous le mot “homosexualité” dans les moteurs de recherche«. En juin dernier, sous prétexte d’incendie, le gouvernement chinois a fermé les quelque 2400 cybercafés de Pékin (dont 2200 illégaux), et étendait sa campagne à d’autres villes, comme Shanghai et ses 2000 cybercafés (dont la moitié illégaux).

Comme le dit Ning, un Chinois qui a quitté Beijing en 2000, «les changements positifs ne concernent que l’élite chinoise. On ne peut pas attendre de progrès véritable avant plusieurs années».
En même temps, j'apprends des choses que j'ignorais. Vous étiez au courant, vous ?
basti
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Message par basti »

Intéressant. Je n'imaginais pas le Quotidien du peuple si ouvert d'esprit.
Ankh Neferkheperou
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Message par Ankh Neferkheperou »

Moi non plus, je t'avoue... J'ai été très surpris. :shock:
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