Bon allez lançons nous:
(Désolée pour le pavé, sinon vous pouvez aussi ne lire que le dernier paragraphe, ça résume )
Ma mère donc , mes parents plutôt car j’aurais du mal à parler de l’un sans inclure l’autre.
Soyons clair, entre eux et moi ce n’est pas le grand amour, ça ne l’a jamais été.
Ce n’est pas facile d’en parler, de poser des mots sur quelque chose que je ne comprend même pas.
Mes parents ne m’ont jamais dit je t’aime.
Pas vraiment de marques d’affection non plus, pas de câlins, pas de bisous.
A part quand j’étais vraiment petite bien sûr, je me souviens vaguement du rituel du "bisou du soir" par exemple. Mais globalement nos relations sont très froides et depuis très longtemps.
Je me souviens que quand j’allais chez des copines j’étais souvent mal à l’aise devant leur relation avec leurs parents. J’étais étonnée même, de voir qu’on pouvait être si proche de ses parents, et pas que physiquement. Je voyais des amies raconter leur vie, leurs petits problèmes, leurs sentiments à leurs parents et ça m’intriguait.
J’en aurais été incapable. Mais il faut dire que c’est un trait de mon caractère, je n’aime pas parler de moi. J’ai été assez choquée un jour d’entendre la mère d’une amie lui dire je t’aime, juste comme ça simplement.
Mais à l’époque je ne crois pas que j’avais vraiment conscience du pourquoi de mon malaise. Mes parents étaient comme ils étaient, je n’imaginais pas que cela aurait pu être autrement. On ne regrette pas ce qu’on a pas connu et moi ça m’allait très bien, je trouvais même que c’était les parents des autres qui étaient bizarres avec leur trop plein d’affection.
En parlant de mes parents je ne peux pas faire l’impasse sur mon frère, car ils ont plus ou moins façonné la relation que j’ai avec lui aussi.
C’est mon grand frère, il a 4 ans de plus que moi.
Notre relation peut se résumer en un mot : jalousie.
Assez normal au début je suppose, mon frère était fils unique et il voit arriver une petite fille qui accapare toute l’attention. En grandissant ça aurait pu se tasser, c’était sans compter sur mes parents.
Clairement mon père m’a toujours avantagé par rapport à mon frère, ma mère elle logiquement était plus proche de mon frère pour contrebalancer. Du moins c’est ce que je croyais dur comme fer quand j’étais petite. Aujourd’hui je ne sais plus, c’est peut être l’inverse, peut être rien de tout ça, de toute manière je ne comprend pas mes parents sur tellement de points que ça ne fera toujours qu’un de plus.
Parfois je pensais que cette inégalité était juste dans ma tête, que ma jalousie me faisait tout mal interpréter, mais non. Aujourd’hui encore il me reste quelques exemples d’"injustices" assez frappantes (Je souris en écrivant cela, car bien sûr cela concerne des problèmes d’enfants ou d’adolescents qui avec du recul semblent dérisoires, mais sur le moment c’est vécu comme un drame).
J’ai essayé de leur en parler un jour, je voulais une explication, je voulais leur dire (au cas où ils ne s’en rendaient pas compte) que je n’en pouvais plus qu’il y ait deux poids deux mesures pour mon frère et moi.
Et pour que se soit clair j’étais le plus souvent celle qui était avantagée, mais c’était pire d’une certaine manière car mon frère m’en voulait.
La seule réponse que j’ai obtenu c’est «Ça suffit maintenant, Loosy». J’ai essayé d’insister sans plus de résultat. Je n’ai jamais réessayer, c’était déjà un effort énorme pour moi de parler de ce que je ressentais.
Bref je vais clore le chapitre sur mon frère sinon je suis partie pour toute la nuit, je dirai juste qu’aujourd’hui on n’est pas proche du tout. Depuis quelques années il y a de temps en temps des tentatives de se rapprocher mais on ne peut pas recréer une complicité qui n’existe pas, et j'en veux beaucoup à mes parents pour ça.
Je reviens à eux justement.
Il y a un souvenir qui m’a marqué, le jour de mes 8 ans je me suis promis que 10 ans plus tard exactement je prendrais mes affaires et je m’en irais sans demander mon reste. Je revois clairement la scène et je ne l’ai jamais oublié.
Mais je ne l’ai pas fait bien sur.
Cependant le jour de mes 18 ans j’ai eu une forte pensée pour la petite fille de 8 ans que j’étais, je ne l’ai pas vraiment trahie puisque d’une certaine manière je suis partie bien avant.
J’ai demandé à aller en internat lors de mon entrée au lycée.
Je ne me féliciterais jamais assez de l’avoir fait. A l’époque je ne m’entendais plus du tout avec mes parents et j’allais vraiment mal de manière général. Ne plus les voir qu'un jour et demi par semaine a considérablement amélioré nos relations.
Moins je les vois mieux je me porte c’est avéré fonctionner parfaitement. Je crois qu’on pourrait même dire: moins je les vois plus je les aime.
On se voyait peu, donc on se parlait peu, donc on ne se disputait plus. C’était apaisant. J’étais quelqu’un de plus apaisé de manière général, l’internat m’a apporté des amis géniaux qui m’ont appris l’affection
.
Aujourd’hui j’ai eu mon bac et je suis partie dans une école (intentionellement) assez loin de chez mes parents, ce qui fait que je ne rentre que pour les vacances, et rarement plus d’une semaine et demi.
Mais ce n’est qu’une illusion, on ne s’entend pas mieux, c’est juste que je les vois moins.
On a beau essayer on ne se comprend pas, ils ne savent même pas vraiment qui je suis et ils s’y intéresse à peine.
Sauf quand il s’agit de me maintenir sur le droit chemin de la réussite scolaire, pour ça ils sont là il n'y a pas de problème.
A mon entrée en 1ère je voulais faire L, car malgré mes bons résultats les maths et moi on n’est pas vraiment potes, ils m’en ont dissuadés.
Soit, aujourd’hui je me retrouve en école d’ingénieur à détester ce que je fais, mais ce n’est pas grave apparemment du moment que j’ai un bon salaire à la clé (et qu’ils peuvent dire à leurs voisins/ amis/ la boulangère que leurs enfants réussissent).
A un moment de l’année j’en ai eu tellement marre que j’ai cherché une solution pour consacrer l’année prochaine à faire ce que j’aime vraiment, c’est à dire voyager. J’ai trouvé, un projet entièrement gratuit (je n’ai jamais aimé leur demander quoique ce soit et surtout pas de l’argent).
Bon c’est assez compliqué et assez long mais à un moment j’ai bien été obligé de leur en parler.
Ils ont eu des propos assez dur, m'ont sorti tout un tas d'arguments pour me dire en gros que ce projet montrait seulement à quel point j'étais égoïste.
J'ai eu du mal à m'en remettre je dois dire. Leurs arguments je ne crois pas qu'ils m'aient vraiment atteints je sais me protéger mais leur comportement et leur manque total de soutient m'est resté en travers de la gorge. Du coup j'ai plus ou moins abandonné mon projet pendant quelques mois, je m'y suis remise mais un peu tard et je ne suis pas sure de partir.
Tout ça pour dire: je n'aime pas mes parents. Ou du moins j'aimerais ne pas les aimer. Mais apparemment c'est impossible, je suppose qu'un enfant aime toujours ses parents. (Et puis ils ne faut pas exagérer je n'ai jamais été maltraitée non plus). Je trouve juste dommage que les moments où je me rends compte que je les aime sont quand ils arrivent à me faire du mal par leur comportement ou leurs propos.