CapitalT a écrit :
Régal Délice a écrit :En tout cas, c'était une lutte plus sexy que celle de tous ces grincheux qui disent "Nan mais tu dois pas porter ça parce que gna gna".
Une lutte plus sexy?
Une lutte plus sexy? On parle bien de la lutte où tout un peuple a été expulsé de leurs terres d'origine avec d'innombrables violences commises envers eux? C'est noté, on fera une lutte plus sexy la prochaine fois.
Tu n'as vraiment pas compris mon propos ?! Je disais évidemment que c'était sexy d'être antiraciste. Ça ne l'est pas selon moi de jouer les gardiens de la révolution et de dire aux gens ce qu'ils peuvent porter. Moi ça m'excite pas.
Bien entendu il y avait de vrais zoulous ; mais ils étaient en Afrique du Sud, tandis que Johnny Clegg je l'entendais à la radio et ses fans étaient dans la cour de mon lycée, et c'est eux qui m'ont fait comprendre que Mandela et la lutte contre l'apartheid c'était cool. Sans eux je n'en aurais rien eu à foutre, ils ont servi de passerelle, de relais à une conscientisation et ce n'est pas rien. Si, c'est rien ? Ils auraient dû s'abstenir et s'habiller en petits blancs ? Évidemment le vrai combat il était en Afrique du Sud, mais ça blesse mes sentiments qu'on puisse balayer et stigmatiser comme appropriation culturelle un phénomène qui me semblait fort de sens symbolique et qui avait de bonnes intentions. Vous allez dire que c'est parce qu'on est fondamentalement racistes, mais il me semble que l'exemple de gens qui franchissent les frontières de leur culture d'origine et adoptent en partie celle de l'autre ça aide vachement pour comprendre la culture de l'autre et l'accepter : les zoulous avec Johnny Clegg, ou les Amérindiens avec Danse avec les loups par exemple, ou ma prof (anglaise) de yoga, ou les rastas sympas à la fac (je sais, ce sont des exemples cons, mais je suis limité). Si vous fermez ces portes, je ne sais plus où sont les points de rencontre : juste parler de mes privilèges de blanc ? ça va être chaud pour me rendre ça séduisant.
CapitalT a écrit :
J'avoue ne pas comprendre la virulence des opposants à ce débat en disant que le problème n'existe pas, qu'est-ce qui fondamentalement change votre mode de vie si l'appropriation culturelle existe?
Je ne nie pas que ça existe, je ne connaissais pas, je découvre et j'essaie de comprendre de quoi on parle. J'ai lu les articles présentés, en français et en version originale pour essayer de savoir de quoi il s'agit en vrai. Je comprends tout à fait ce que dit Ma'iitsoh et je suis d'accord avec le fait que ce n'est pas une bonne idée de s'approprier les symboles religieux amérindiens, mais qu'on peut sans problème porter des bijoux anodins issus de cette culture.
J'ai l'impression qu'avec l'idée d'appropriation culturelle on importe en bloc un truc américain sans réfléchir, sans penser au fait qu'on n'a pas la même histoire ni les mêmes références, et surtout qu'on en ôte les nuances et la courtoisie en en faisant un truc systématique et globalement pas clair. Comme ce n'est pas bien défini et qu'il n'y a pas d'explication, juste faut pas porter de sarouel mais ok pour le henné, il me semble que c'est un trou noir logique qui permet tous les arguments d'autorité, avec lequel il est extrêmement facile d'injecter dans l'esprit des gens des idées suprématistes ou identitaires, et qui permet de faire ressurgir une distinction raciale qu'on essayait d'abolir.
La France est une terre d'immigration ; mon histoire personnelle fait que je n'ai pas de points de repère culturels fiables, mais je descends d'immigrés qui, bien que blancs, ont été accueillis à coups de pierres par les locaux. Je pense que la société française est désormais constituée par l'apport culturel des immigrations successives : la paëlla, la pizza, le couscous, les accras, la blanquette, on partage ! Je ne vais pas accepter si facilement la remise en question de ce modèle juste avec la parole d'autorité de trois militants dont j'ignore l'objectif politique réel et deux articles mal traduits de l'américain. S'il y a en France un problème réel et sérieux d'appropriation culturelle, merci de le démontrer, je ne vous crois pas sur parole.