L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Homophobie,lesbophobie, biphobie, transphobie, sexisme et autres joyeusetés...
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The ChaBox
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L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par The ChaBox »

"Zone de turbulence. [3615] Ma Vie." - La suite

Pour le résumé, il y a 4 ans déjà je venais vider mon sac auprès de vous suite à un voyage avec mes parents, frère et sœur, cousine et ses parents. Voyage sympathique agrémentée de touches d'homophobie sous formes de petites blagues et commentaires déplacés. Et notamment de jugements émis par cette cousine de 10ans. J'avais 18ans, je n'étais pas outée.

4 ans plus tard donc, on se retrouve tous autour d'une table pour le repas d'hier soir. Cette cousine est une ado, mon frère et ma sœur bientôt majeurs. Mes deux sœurs sont accompagnées. J'ai 22 ans, je ne suis toujours pas outée. La soirée est parfaite, on ri, on boit, on partage nos photos de week-ends et... du mariage de leurs amis gay il y a quelques semaines.
Et BAM, le débat est lancé. Quoi que "débat" est un bien grand mot quand il s'agit juste pour chacun d'entre eux de déballer leur haine envers les homos et déclarer fièrement à quel point ce n'est pas naturel et qu'il faut absolument être contre l'adoption et le mariage suivi de petits arguments dépassés.

"Deux mecs ça passe encore mais alors deux nana, qu'est ce que c'est choquant et pas naturel". "Il faut une figure féminine et masculine pour les enfants" de ma grande sœur que je pensais open et considérait jusque là comme ma plus grande alliée potentielle, "même si c'est bien marqué et qu'il y a toujours un qui a le rôle de la meuf et l'autre du mec" de mon tonton, et "qu'est ce qu'ils vont être tristes et dérangés plus tard" de tata.

Après 15 minutes à parler de ça et m’énerver à lancer des arguments dans le vide, on change de sujet. 9 contre 1, ce n'était pas loyal. J'ai l'impression que ma mère tentait de calmer le jeu avec des commentaires moins haineux mais hypocrites. Sans doute qu'elle sait, qu'elle voulait me protéger mais elle n'y croit qu'à moitié. Et je bous intérieurement, j'ai envie d'hurler, je les déteste et me déteste moi-même. J'ai juste envie de me lever de table et rentrer. Les 2 seules choses qui m'ont retenues à table et fait serrer les dents pendant les heures qui ont suivi étaient la distance qui me séparait de chez moi et les 0°. Le traitement du silence me semble être le dernier recours pour ne pas exploser. Plus un mot, plus un regard depuis hier soir à moins de me les arracher.

Je suis surtout énervée et blessée car je pensais que c'était le côté de la famille qui serait le plus ouvert à ce sujet. Et c'est bien la 3ème fois avec eux que je me retrouve dans cette situation, cette démonstration d'homophobie et d'hypocrisie où je me sens juste misérable après. Aussi d'entendre l'avis de ma grande sœur sur la question m'a juste fait l'effet d'une claque. En relisant le sujet posté il y a 4ans, j'ai eu l'impression que rien n'avait changé. Que je m'étais totalement voilé la face en pensant qu'ils seraient plus ouverts d'esprit à ce sujet.

Alors je viens vider mon sac ici, à nouveau, comme un second recours.
C'est bientôt Thanksgiving, je me lance. Je remercie les lecteurs les plus courageux. Je suis aussi reconnaissante de ne pas avoir été là l'année dernière, de ne pas avoir été témoins de ce qui a pu se dire dans ma famille au moment des grands débats sur le mariage homosexuel. Parce que ça fait mal, horriblement mal. Et que j'ai l'impression d'être The ChaBox à 13ans, espérant chaque soir que je me réveillerai hétéro.

Famille lance Homophobie... C'est très efficace, The ChaBox est k.o.


Et 4 ans plus tard, je ne sais toujours pas faire court.
zphyr
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par zphyr »

C'est toujours très dur ce genre de situation. Moi je te dirais de laisser passer le temps de la rage, puis de leur écrire à tous une lettre pour dire qui tu es et combien cela t'a blessé. Tu verras les réactions, bien plus modérées je pense. Surtout ne les agresse pas, sinon ils s'en serviront pour ne pas affronter leur homophobie.

Courage ! :copain:
Limi
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par Limi »

A ta place j'aurais fait quelque chose de plus stupide (ne rien dire ça reste une des meilleures solutions). Une fois qu'ils étaient lancé dans leur tirade contre l'homoparentalité et les homos en général je les aurais approuvé et surenchéri avec des propos racistes bien exagérés.
"Les homos c'est comme les noirs, avoir des parents noirs c'est sale comment un enfant peut réussir dans la vie. C'est une tare". Comme ça ça refroidit bien l'ambiance ^^ et c'est bien cynique. Bon après faut pas se brouiller non plus avec la famille.
floridjan
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par floridjan »

J'ai la chance de ne pas vivre cette situation, d'avoir une famille formidable, mais je comprend combien ça doit être dur à vivre pour toi. C'est déjà pas amusant d'avaler toutes ces conneries d'arguments proprets "on est ouvert sur l'homosexualité, on respecte les homo... tant qu'ils restent planqués chez eux, que ça ne se voient pas, que limite on puisse croire qu'ils n'existent pas" quand ils viennent de parfaits inconnus ou de vagues connaissances, mais lorsque ça vient de tout entourage immédiat, de ta famille proche ou de gens que tu croyais des amis, c'est vraiment dur à vivre !
Donc, déjà, un gros :copain:
Et puis, même si c'est plus facile à écrire qu'à vivre, faut tout de même rester dans l'idée que la famille d'où tu viens, tu l'as pas choisie, limite tu lui dois rien, ce qui compte c'est la famille que tu te crées : ça peut être une copine et des mioches mais aussi une communautée dans laquelle tu peux être toi même, dire ce que tu ressens et ce que tu penses sans risquer qu'on te crache à la gueule.
Dans 4 ans, ta famille n'aura peut-être pas changé (même si parfois, cela arrive : cf le témoignage feuilleton de notre amie Euterpe) mais toi tu auras 26 ans, peut-être que tu auras fini les études, que tu seras entré dans la vie active, que tu auras ton indépendance, que tu auras les moyens de vivre ta vie comme tu l'entends et de dire à ta famille : j'aime une fille, je vis avec une fille, on prévoie d'avoir des enfants, et votre avis n'entre pas en ligne de compte, vous l'acceptez ou vous vous cassez !"
(je mets tout ça à titre d'exemple hein, je ne sais pas si tu vis encore chez tes parents ou si tu as ton propre appart et si ton projet c'est d'avoir des mômes plus tard, c'est juste l'idée qui me vient à l'esprit)

EDIT : sinon, dans ton message, j'ai particulièrement tiqué sur ça :
The ChaBox a écrit : La soirée est parfaite, on ri, on boit, on partage nos photos de week-ends et... du mariage de leurs amis gay il y a quelques semaines.
Ah parce qu'ils ont des amis gay et même qu'ils vont à leur mariage, pour ensuite cracher là-dessus ? Mais WTF ???
The ChaBox
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par The ChaBox »

Merci pour vos réactions! Ça fait du bien de lire des gens qui ne se liguent pas contre ce que "je suis". Haha, allez allez les exagérations. ^^

Oui c'est bien ça qui m'énerve le plus je crois. Cette grosse hypocrisie, genre "on est trop amis avec des homos mais faut pas abuser quand même, c'est trop pas naturel et je suis contre le fait qu'ils aient ce droit au mariage". J'ai du mal à comprendre ça et c'est désolant de se dire que plus tard, ils auront beau dire que ça les dérange pas pour moi et bien ça ne vaudra rien puisqu'ils sont tellement hypocrites.

Bon, 10 jours sont passés, j'ai eu le temps de digérer un peu mais ca me trotte toujours en tête toutes ces remarques. Heureusement, je ne vis plus vraiment chez mes parents. Donc je suis partie dès que j'ai pu le lendemain.
J'ai un appart mais rentre généralement les week-ends. Ces derniers temps je m'abstiens un maximum mais pour diverses raisons je "dois" quand même faire une apparition de temps à autres. Aussi parce que pour le moment je leur dois beaucoup, ils me payent l'appart et mon école (et à peu près tout en fait) jusqu'à Avril où je toucherai enfin un salaire (et encore, ce sera sûrement temporaire).

C'est sûr que je devrai ignorer tout ça et vivre ma vie sans me soucier de leur opinion. Ce serait facile si ce n'étais que mon oncle et tante. Mais malgré le fait qu'on ne soit pas particulièrement proches, que cela vienne aussi de ses parents et frère et soeurs, c'est difficile à accepter. J'ai toujours eu du mal à comprendre comment au sein d'une même famille, fraterie, on pouvait avoir des valeurs aussi différentes. Je sais pas où j'ai pêché les miennes en tous cas parce que ça vient pas de là. ^^

Et je redoute un peu ce week-end car je dois rentrer et vais les revoir pour la première fois depuis le traitement du silence que je leur ai faut l'autre jour.. M'enfin!
Charlo
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par Charlo »

The ChaBox a écrit :Bon, 10 jours sont passés, j'ai eu le temps de digérer un peu mais ca me trotte toujours en tête toutes ces remarques. Heureusement, je ne vis plus vraiment chez mes parents. Donc je suis partie dès que j'ai pu le lendemain.
J'ai un appart mais rentre généralement les week-ends. Ces derniers temps je m'abstiens un maximum mais pour diverses raisons je "dois" quand même faire une apparition de temps à autres. Aussi parce que pour le moment je leur dois beaucoup, ils me payent l'appart et mon école (et à peu près tout en fait) jusqu'à Avril où je toucherai enfin un salaire (et encore, ce sera sûrement temporaire).
Ah mais non non non, tu leur dois rien du tout, sinon autant dire que tu leur dois la vie, et là bonne chance pour rembourser tes dettes ^^
Si ils te payent tout ça, c'est qu'ils le veulent bien. Tu ne dois pas plus à tes parents qu'une autre personne plus indépendante financièrement au même âge.
C'est un peu triste de sortir l'argument juridique, mais techniquement ils ont l'obligation de subvenir à tes besoins jusqu'à la fin de tes études. Mais bon, un huissier pour Noël, ça réglera pas ton problème :^^:
The ChaBox a écrit :C'est sûr que je devrai ignorer tout ça et vivre ma vie sans me soucier de leur opinion. Ce serait facile si ce n'étais que mon oncle et tante. Mais malgré le fait qu'on ne soit pas particulièrement proches, que cela vienne aussi de ses parents et frère et soeurs, c'est difficile à accepter. J'ai toujours eu du mal à comprendre comment au sein d'une même famille, fraterie, on pouvait avoir des valeurs aussi différentes. Je sais pas où j'ai pêché les miennes en tous cas parce que ça vient pas de là. ^^

Et je redoute un peu ce week-end car je dois rentrer et vais les revoir pour la première fois depuis le traitement du silence que je leur ai faut l'autre jour.. M'enfin!
T'évolues pas que dans ton milieu familial, il y a tout le reste du monde ( et heureusement !!). Donc ton milieu scolaire, extra scolaire, tes potes, ce que tu vois à la télé, ce que tu lis dans les livres, ce que tu consultes sur le web (les forums :innocent: ), tout ça intervient. Et tout ce que j'ai oublié :gentil:
Et puis tu es normalement passé par une phase d'adolescence, avec peut-être une phase de rébellion, en opposition avec les valeurs de ta famille. Rien ne t'empêche d'avoir gardé quelques valeurs contraires à celles de ta famille. Ceci dit c'est vraiment pas grave, ça t'évite d'être une pâle copie de ton schéma familial, c'est bien la diversification :^^:

Sinon courage pour ce weekend ! Si ton silence était correct et si ils ne se doutent d'absolument rien, ils n'ont certainement même pas fait gaffe ;)
Et je rejoins complétement Floridjan sur sa conception de la famille (et du coup sur TA conception de ta famille).
Perso, ma famille c'est ceux qui m'élèvent. Alors j'essaie de vérifier qui m'élève et qui me rabaisse :gentil:
zigomio
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par zigomio »

Bon après faut pas se brouiller non plus avec la famille.
et bien moi je suis pas si affirmatif que ca sur ce sujet

ok on a qu'une famille ok on ne choisit pas sa famille mais c'est une raison pour tout subir??

dans le fond ne rien dire c'est un peu comme aquiésser , leur donner raison. A un moment il faudra que tu leur dises se que tu a sur le coeur même si pour ca tu dois te mettre a dos les gens que tu aime surtout sur le sujet aussi " dangereux " que l'homophobie ( je sais c'est pas facile ) sinon tu vivra malheureux toute ta vie :)
vlam
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par vlam »

peut-être aussi, la famille, tant qu'elle se sent pas concernée, répète un peu les discours prémâchés qu'elle entend ; peut-être qu'une fois impliquée, sans tout régler, ça peut les amener à reconsidérer leurs préjugés... Et puis l'ouverture, c'est relatif... t'as d'autres parents qui trouvent tout normal a priori (sexe, couleur, religion... ) mais, une fois le nez dedans, tu sens bien que derrière les airs tolérants z'ont un dinosaure maousse planqué dans le cerveau. 'fin bref, c'est la famille quoi, un nid d’archaïsmes et de trouilles coagulés.
quentin
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Re: L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par quentin »

Je déterre le sujet pour savoir comment a évoluer la situation :gentil:
The ChaBox
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Re: Re : L'homophobie en famille, une maladie chronique.

Message par The ChaBox »

Merci pour le déterrage, ça permet de remettre les choses en perspectives aussi.

La situation n'a pas tellement évoluée en fait. J'ai commencé à travailler et je ne retourne plus que rarement et brièvement chez mes parents. (Bon, vu les 20min de train qui nous séparent, quand je dis "rarement" ça peut quand même être 1 fois par mois.) Notamment à cause de cette fameuse soirée qui m'est longtemps restée en travers de la gorge. Aussi parce que mon frère et moi ne pouv(i)ons plus nous retrouver dans la même maison sans que ça se termine en drame familial. Et je ne supporte plus d'être entourées de tous ces beaux frères et belles soeur brandis fièrement devant tout le monde et qui font maintenant plus partie de la famille que moi. Et devoir écouter leur piques sur le fait que je suis une grosse célibataire qui fait pitié alors qu'ils ne savent rien de ma vie (même s'ils ont raison) Bref ! Que de joie. ^^

A part ça, c'est quasiment certain que ma mère est au courant. Elle n'essaye même plus de me faire croire qu'elle ne sait pas. Par exemple, on parlait une fois d'enfants avec elle et ma soeur. Sorti de nul part elle décide alors de me raconter l'émission qu'elle avait vu sur des lesbiennes qui n'avaient pas le droit d'adopter ou une histoire dans le genre. Et ma pauvre soeur a côté n'a rien compris à ce revirement dans la conversation. Malgré tout ça je ne veux pas lui en parler de manière "officielle". Ni à elle, ni aux autres.

Voilà voilà pour les nouvelles!
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