Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Homophobie,lesbophobie, biphobie, transphobie, sexisme et autres joyeusetés...
zphyr
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Re: Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Message par zphyr »

zoyalee a écrit : Attention,je ne dis pas qu'il ne faut pas de folles, qu'ils/elles n'ont pas le droit d'existence en France.

Je dis juste que quand on sait que l'on représente une communauté diversifiée, il faut faire attention à ce que la représentation que l'on donne dans les médias soit aussi diversifiée que la communauté elle même et ne corresponde pas à la seule image que l'on veut vous attribuer..

Heu j'espères que c'est pas trop tiré par les cheveux.. :euh:
Les médias ne donnent JAMAIS une image réaliste encore moins réelle des choses. Ils cherchent à catégoriser et donc tombent dans la stigmatisation.

J'aime bien que tu oses poser ici les questions que bien des gens ne dépassent pas, mais je suis désolé de te dire qu'elles sont remplies de préjugés sans aucun fondement. Pourquoi un baiser est-il impudique s'il est fait par deux personnes qui ne sont pas un homme et une femme ?? Moi, tous les gens qui se font des bisous, ben ça me touche et j'aime ça (oui, je sais, je suis niais et je le revendique !) Mais c'est une façon de montrer qu'on est en train d'aimer et ça, c'est ce qu'il y a de plus formidable sur cette planète pourrie de l'intérieur !
Il se trouve que les homos ont cessé (pas tous hélas) de se cacher parce qu'ils risquent moins de se faire casser la gueule qu'il y a 20 ans. Alors, on nous voit. Mais mon copain n'ose toujours pas me tenir par la main et encore moins me donner un baiser dès qu'il y a quelqu'un. Au fond de nous même, on nous a inculqué de l'homophobie, de l'auto-homophobie.
Il te faut faire le travail que nous avons tous eu à faire ( et qu'il faut continuer !) : envoyer ces préjugés aux orties et découvrir avec curiosité les différentes sensibilités des gens accepter leurs moeurs. Au lieu d'être dégouté, d'être dans le refus, tu seras dans l'échange et tu t'enrichiras. si des gens ne t'attirent pas (les folles par exemple), passe ton chemin en évitant de porter un jugement négatif.
Et la vie sera belle ! :gentil:
Nicofoto
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Re: Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Message par Nicofoto »

Surtout ne pas oublier que l'homosexualité c'est de l'amour :amour:
lestump
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Re: Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Message par lestump »

un des problèmes qui me chifonne, c'est cette constante révélation qu'on les gens, ils parlent tout de suite de la gay pride et de son image pour le moins négative selon eux.. mais en fait si on regarde de plus prés, la gay pride et ses fesses a l'air ça représente quoi dans la représentation des gays ? juste quelques minutes de reportages par an... je crois que plus de reportages, ont été diffusé a la télé, sur l'homoparentalité que sur la gay pride et ses chars joyeux, plus de films, de téléfilms ont été diffusés sur la thématique des couples gays, plus de débat sur les problèmes des gays et même parfois des débats sur notre influence néfaste sur le monde, parce que bien sur on veut le conquérir, mais personne ne cite les crimes homophobes par exemple.. et si dans notre esprit cette image est resté gravé comme représentant les gays c'est qu'il y a un problème, peut être d'éducation, peut être de compréhension, peut être que la démarche est belle, mais le chemin emprunté n'est pas le bon.. en tout cas bravo pour ta démarche !!
Kliban
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Re: Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Message par Kliban »

Hé ! Belle démarche ! A la fois ne pas en rabattre sur ses propres émotions - oui elles existent, oui, on éprouve ceci ou cela - mais en même temps, les mettre en question, les travailler, les porter au ldevant de ce qui pourrait les faire évoluer, vers plus de souplesse - ou, tout simplement, ne pas les autoriser à servir de pierre de touche d'un jugement politique ou moral.

Deux partie, traitant tes questions dans l'ordre inverse : un premier pavé compliqué où je parle en général et qu'on peut passer vite - ça donne des pistes et ne résout rien. Une seconde plus autobiographique, où je parle d'homophobie et de baiser.

1.

Je ne reviendrai pas sur l'image que la culture contemporaine s'est construite des gays - il faudrait pour cela remonter dans l'histoire du XXè siècle, dans la construction des identités homosexuelles (de ce qu'être attiré par les gens de son sexe pouisse être au fondement de constructions identitaires) et de leur progressif dégagement des identités de genre ("le vrai pédé est efféminé", "la lesbienne est butch", ce genre de truc), dans les impasses relatives des politiques assimilationnistes (la gay doit disparaître dans la masse, ne pas faire de vague, seule stratégie qui a permis une relative communauté gay de subsister aux années 50 et 60), dans la montée de la subversion folle, flamboyante occupation de l'espace public pour faire entendre enfin ce qu'on continuait à cacher sous le médical ou le moral aux alentours des années 70, puis la normatisation progressive de la demande : reconnaissance des couples, des enfants, du lien social, qui accompagne une intolérance de plus en plus marqué à la folle, à l'intérieur des réseaux de construction identitaires et culturels gays.

Il faudrait tout cela - oui, c'était une grande phrase :D - pour comprendre le poids de la subversion de genre dans le monde homo - et j'oublie sans doute la bêtise constante des media depuis 20 ans, qui se contentent de peu d'analyse et de beaucoup d'émotion.
Donc on va pas entrer là-dedans. Mais si tu veux comprendre, je pense que c'est par ce bout là qu'il faut saisir le fil : pourquoi cet exhibitionnisme dans les gay pride : il vient d'où ? Et puis les gay pride, ça vient d'où ? Comment un tel groupe de personnes obtient-il des droits ? Pourquoi revendique-t-il ces droits - quelles discriminations se cachent derrière, depuis combien de temps, avec quels arguments opposés ? Et puis, les homosexuels, est-ce que ça forme un groupe ? un "groupe" ? "un" groupe ? Qu'est-ce qui est choquant finalement quant à cette présence dans l'espace public ? Et au final, mais au final seulement, tu pourras avoir un avis politiquement et moralement justifié sur ce phénomène qu'on appelle Gay Pride (oué, Nomad, Marche des Fierté etc. ;) ).
Mais le fait que ta position d'attention à ce que l'image ne soit pas totalement définie par les autres est très partagée, et dénoncée par les associations - mais peu relayée par les média ! - depuis le début des Gay Pride.

Nota : Un phénomène comme une gay pride n'est tel (ie phénomène) que parce qu'il se détache d'un fond de non-phénomènes. Ca implique qu'il y ait une chaîne de causations complexe : une "gay pride" ce ne sont pas que des homos qui défilent. C'est tout un système de contestation, donc de normalité à contester, tout un système de production d'images et de circulation de ces images, d'indexation de ces images par le mot "gay pride" (la dernière remarque de lestump est très fine, là-dessus), plus tous les renvois, différents selon les visions qu'on en a, à d'autres systèmes qui en permettent l'évaluation (religion, politique, sexualité, j'en passe et des meilleurs : si on fouille, on tire tout un pan de civilisation par ce bout là).

Bon encore heureux que j'ai dit que je n'en parlerais pas :D 'est le cas, j'ai juste donné des pistes, des façon d'aborder le machin de façon à ne pas aller trop vite.

2.

Ce dont je vais parler, c'est du dégoût.

Le fait est que j'ai longtemps eu le même. Enfin, plus une gène marquée qu'un dégoût. Et qu'il m'arrive encore de trouver bizarre que deux hommes s'embrassent dans la rue.

Non que j'aie peur, par ailleurs, d'embrasser mon homme - dès fois que j'en aie un - dans la rue, spontanément, hop, plop !

C'est en fait un sentiment mitigé. Un côté de moi trouve cela bizarre. Un côté de moi fond littéralement - trop top kawaii.

Le côté qui trouve ça bizarre, c'est une particularité que j'ai depuis très longtemps : je suis affreusement sensible aux normes, et je détecte instantanément ce qui ne s'y conforme pas. Je _vois_ l'a-normal, ce qui fait exception, ce dont on n'a pas l'habitude dans un certain milieu - le plus insipide, en fait, celui qui ne fait pas de vagues sociales. Trait que j'ai depuis tout petit, qui me pourrit la vie autant qu'elle me permet de saisir finement la mutation des normes, en fonction de ce qui devient tolérable, de l'évolution, par exemple, des pubs.

Ce côté là est donc troublé par deux hommes qui s'embrassent - ça dépend dans quels lieux, cela dit. Troublé par deux hommes qui souhaitent se marier - par l'image du mariage de ces deux hommes.

C'est ce côté là qui est homophobe, à un certain point. non qu'il revendique cette homophobie. Il est juste, simplement, structuré de façon homophobe parce que les normes sont structurées de façon homophobe.

L'autre côté en revanche est directement branché sur mon désir. C'est un baiser homo à l'écran (dans Maurice de Ivory) qui m'a révélé à la persistance de mon désir : ça ne passearit pas, cette attirance. Ce que je voyais à l'écran, c'est _ça_ que je voulais. Alors que je n'avais jamais vibré, sinon comme à un passage d'émotion obligé, à la vision d'un baiser hétéro.

Cette partie de moi ne peut pas être homophobe, parce qu'elle est inscrite dans la vérité organique de mon désir. Et voir, c'est important, dans l'économie du désir de la plupart des hommes. Voir deux hommes qui s'embrassent, c'est parfois un petit feu d'artifice tellement je trouve ça _beau_ - ici au sens de "émouvant".

Pour ce qui te concerne, il n'y a sans doute pas de relève émotionnelle de la structure homophobe qui oblige la plupart d'entre nous à se battre avec et contre une certaine réprobation de ce qui n'est pas dans la norme - on parle d'homophobie intériorisée. Du coup, je peux concevoir qu'un baiser entre deux hommes, mettons, ça te fasse l'effet d'un repoussoir - entre deux femmes, c'est différent, la norme pouvant concevoir le _rapport_ lesbien dans le cadre d'identité _nécessairement_ hétéro.

C'est sans doute assez complexe, je pense, et ce serait intéressant d'essayer - comme je l'ai un peu fait pour mon cas, plus facile - de détecter les composantes de ce dégoût. Il y a un truc social, une norme, une habitude. Il y a sans doute une composante d'identification, qui ne doit pas être très agréable. Parce que quand je m'identifie à un baiser que je donnerais à une femme, bon, ben c'est pas... c'est pas formidable - pas atroce, mais... mais c'est pas du tout comme un baiser que je donnerais à un homme, wow, non ! C'est un peu bizarre dans le premier cas. Plus socialement valorisé, certes. Mais... bizarre, pas normal, d'un point de vue organique - de ce que me dis mon corps. Dans le second cas : feu d'artifice.

Donc essaie de voir ça : ce que te dis ton corps à toi, ce qu'il accepte ou pas. Et puis, pour le social, le mieux est de fréquenter des homos, de les voir au quotidien, de t'habituer le regard à des choses qu'on voit peu et qui semblent encore étranges - deux mecs ou deux nanas qui s'embrassent. L'habitude doit permettre de distinguer plus finement entre ce que ton corps accepte ou pas - les activités dans lesquelles tu peux ou non t'engager, celles qui te semblent aller de soi, l'évidence même, et celles qui seraient forcées, voire désagréables -, et ce que ton éducation t'a appris à reconnaître comme normal. En général, on a tendance à projeter les uns sur les autres, le tout étant renforcé par les avis dominants. Et au final, on ne sait plus ce qui est à soi et ce qui appartient au corps social.

Et avec le temps, tu peux même finir par trouver beau des baisers entre homo, même si l'émotion que tu en retire n'est pas érotique - ce qui est exactement ce que j'éprouve devant certains baisers de cinéma :D hétéros sla va sans dire.

Bon, le Kliban est prolixe, onlsé, mais pas trop indigeste, j'espère...
aesoper
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Re: Questions d'hétéros..Pour vous c'est quoi l'homophobie?

Message par aesoper »

Pour ce qui est de la médiatisation "grand public", la gay pride est bien une manifestation exagérée, outrancière, mais l'histoire (telle que je pense la connaitre) nous a appris qu'aucun mouvement discret n'a eu de réel effet positif pour les homos dans les moments les plus durs. De ce que j'ai vu dans le film Harvey Milk (militant de la cause gay aux USA), ou sur l'association Arcadie qui prônait la discrétion pour être accepté mais n'a rien apporté, seulement quand des mouvements plus militants ont émergés des avancés ont été obtenues.
Je dirais ensuite que les folles, et l'exubérance ça reste une composant des homos, le cacher n'a pas trop de sens. Et il est normal que cela se voit plus, car c'est plus voyant; mais je peux te confirmer qu'il y a une majorité de gens qui manifestent à coté des gens exubérants et sont bien des homos (pas que).
Comparons ensuite l'exubérance d'une gay pride avec l'exubérance des manifestations catholiques, ces cardinaux en robe rouge, ces gens qui portent des croix, une manif est un occasion de se lâcher, de s'amuser avec les clichés.

Pour ce qui est de l'homophobie, selon ta définition et l'explication de ton comportement, oui ça y ressemble. Mais bon c'est pas bien grave ; il y a plusieurs degrés dans l'homophobie. C'est devenu un mot très large ; cela va du gène à la haine aveugle ; sans que ce soit trés pertinent d'utiliser le même mot pour un éventail si large de sentiments. Tant qu'il n'y a pas d'injure ca ne tombe pas sous le coup de la loi.
Je pense que c'est pas surprenant d’être gêné, les mécanismes psychiques qui font que tu es hétéro sont les mêmes qui doivent induire ce gène. C'est, je pense, la résultante de la sélection naturelle darwienne, et de la norme sociale (qui en résulte aussi au passage). Cette norme sociale j'en suis aussi victime, je remarque plus un couple homo, ca dépareille plus. Et si je me balade avec mes parents ca peut me géner :wink:
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