"Homophobie mode d'emploi", la version moins troll

Homophobie,lesbophobie, biphobie, transphobie, sexisme et autres joyeusetés...
puck
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Message par puck »

En résumé, "homophobie mode d'emploi", pour le troll, c'était de faire une liste des revendications homos qui vont exacerber l'homophobie, parce qu'énerver les homophobes.

Bon, déjà, le terme homophobe amalgame pas mal de choses, de ceux qui ont peur à ceux qui se permettent des violences, ensuite l'homosexualité doit, par définition, déjà les gêner.

Premier niveau du débat que cela soulève cependant: Est-ce que revendiquer quelque chose ne dessert pas, en fin de compte, la cause défendue ?

Comme c'a été dit, ça la dessert probablement moins que l'absence de revendications.

Par ailleurs, si chez les homophobes "durs", l'homophobie est exacerbée, quid de la prise de conscience chez les autres, voire chez les non-homophobes informés ?

Pour un non-troll, Le débat est plus subtil: certaines revendications vont-elles trop loin ?
Est-ce que certaines personnes/certains comportements, pouvant plus ou moins être érigés en norme chez les personnes peu informées, peuvent être mal placées pour formuler des revendications ?
La théorie étant une chose ( une personne écoutant étant un être raisonné capable de reconnaître le bien-fondé d'une aspiration même habilée de la boue de la surprise d'un flyer montrant une drag-queen appellant à l'adoption pour touszettoutes ), la pratique une autre ( mettre les formes peut être "un instrument de vérité", comme dirait Umberto), peut-il être sage d'éviter d'afficher des cibles évidentes d'attaques ad hominem ?
Cela ne se rapproche-t-il pas du mode "profil bas" du premier niveau du débat ?

Pour les demandes allant "trop loin", de toutes façons c'est du cas par cas.
Je pense que certaines personnes sont mal placées pour demander certaines choses. Là encore, cas par cas. Le problème, ce n'est pas tant justement que tout le monde juge, -ce qui a certes son importance quand on veut informer et convaincre, mais revendiquer est un droit- que le fait que dans les médias, les revendicateurs se résument à quelques personnes, et pire, celles que les journalistes veulent montrer.
La politique de présentation, sélective ou non, regarde principalement les organisations. Je n'ai pas la moindre idée d'à quel point cela pourrait servir/desservir la cause. *lève le poing*

C'est bien ça ?

Sinon il y a trois jours j'ai vu deux mecs s'embrasser à pleine bouche -en vitesse- dans le métro. Pas une réaction négative. Quelques sourires.
Agréable surprise.
puck
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Message par puck »

Etapiscium a écrit : On peut considérer que des hétérosexuels mauvais parents, infidèles, se tâtant les fesses dans les bus, frappant leurs enfants, leurs femmes... sont certes choquants mais pour autant personne n'a contesté leur hétérosexualité ni ôté leurs droits. Je ne vois pas pourquoi, en retour, on devrait demander aux homosexuels certains comportements "respectables", que pas même tous les hétérosexuels ne pratiquent, pour leur octroyer leurs droits.
Ceux-là, on peut tout à fait leur retirer leurs droits, justement.
Je pense que le point de vue de pas mal d'hétéros sur le sujet doit approcher "c'est plus simple comme ça et ça me concerne pas directement".
lestump
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Message par lestump »

moi je me pose certaines questions, ou en serions nous si certains gays n'avaient pas osé, osé braver l'interdit, braver l'odre morale, aller jusqu'a l'outrance ou même la violence, serions nous a discuter de l'adoption ou simplement le droit de vivre libre, n'oublions jamais ce que nous apporter les combats menés par des gens qui sont allés au delà peut être des bonnes moeurs, vouloir paraitre trop lisse peut parfois nous faire disparaitre, il faut aussi rester une épine dans la chaussure de quelqu'un, on ne va pas chercher a être accepter de tous, que nos revendications soient plébiscités, non juste une majorité, nous n'avons pas besoin de plus, je n'appuie chaque combat, mais je reste un soutien, parce que malgré tout ce n'est pas forcément ceux qui ont raison qui se font entendre, mais ceux dont la voix est la plus forte...
Nicofoto
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Message par Nicofoto »

C'est vrai que c'est en allant au "charbon" qu'on a le plus de chance de faire bouger les choses.
Peut-être que ceux qui n'ont pas peur de "provoquer" sont ceux qui sont les plus volontaires comparés à ceux qui passent leur temps à cogiter sur la manière de faire les choses en prenant le moins de risque possible et qui au final ne font rien...
Caramel
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Message par Caramel »

Je pense que Specimen, sur ce coup là, a pas mal bien synthétiser ce que je voulais dire.

Faire bouger les choses par l'information, et par l'éducation de fond, je suis entièrement d'accord, et même plutôt deux fois qu'une.

Des trucs tout bête, je ne perds pas une occasion au boulot, quand je vois les gamins taper des trips à la "Berk, me colle pas, je suis pas PD / pas lesbienne" pour leur rappeler que quand bien même ce serait le cas, ça ne serait en rien "grave", que c'est une orientation sexuelle comme une autre, et qu'il n'y a pas besoin d'en faire tout un pataquès choqué.

Je me suis des fois fait regarder un peu de travers parce que je bosse dans un milieu "pas mal" catho (le foyer où je bosse est issu, à la base, d'une communauté de bonnes soeurs, alors forcément...) en expliquant posément aux gamins que l'homosexualité n'a rien de "berk dégueu".
Mais c'est quelque chose que je me refuse à ne pas faire, parce que ça serait ravaler mes valeurs et jouer les faux cul bien lâche pour ne pas faire de vague au boulot. Et ça je ne veux pas.

Mais, par contre, à l'opposé, je ne me sens pas particulièrement "lâche" de ne pas embrasser ma copine devant la porte de mon taf quand elle vient m'accompagner. Parce que par valeur personnelle, ce n'est pas un truc que je ferais, même si j'étais en couple avec un mec. Je ne vois pas en quoi c'est une nécessité de pouvoir parler de sa vie privée sur son lieu de travail.
Je l'embrasse deux rues plus loin, le bisou n'en est pas moins tendre et agréable !

Et je trouverais qu'embrasser ma copine devant un foyer tenu par des bonnes sœurs, là ouais, ça serait de la provocation, et heurter pour heurter... Ce qui ne ferait en rien avancer les choses, m'attirerait des merdes inutiles, et sincèrement, ne ferait pas changer d'avis sur l'homosexualité à aucune de ces braves dames, pleines de qualité par ailleurs, mais très très... Bonnes soeurs.

C'est un exemple parmi pas mal d'autre.

J'avoue que ma manière d'argumenter dans mon premier post a été parfaitement moisie, parce que de base, j'avais pas mal l'intention de répondre point par point au message de PierreM, et que vu qu'il avait été verrouillé, je me suis dit que j'allais me faire démonter la face par les modos, si je relançais le topic en citant tel quel le topic qu'ils venaient de verrouiller.

Après, concernant l'adoption, j'ai du mal à expliciter ma pensée.
Je pense certes que les couples homos devraient pouvoir déposer leur dossier de demande d'adoption tout comme les couples hétéros, oui.
Après, que l'homosexualité joue un role dans la manière d'étudier le dossier, je trouve normal. Je pense, sincèrement, qu'il faut être 10 fois plus exigeants, dans l'état actuel de la société, avant d'accorder l'adoption à un couple homo qu'à un couple hétéro. Parce que, en l'état actuel de la société, le gamin va quand même, de base, se manger des moqueries, des emmerdements que n'aura pas à affronter le gamin adopté par un couple hétéro, ce qui va demander de la part des parents d'autant plus de solidité pour le soutenir, et d'être complètement au clair avec leur situation et leurs valeurs pour pouvoir transmettre cette sérénité au gamin, et ne pas en faire un révolté flippé de la vie, ce qui n'est quand même pas exactement le but d'une adoption réussie !
Pour moi, l'adoption est un droit un peu particulier, dans la mesure où un couple fait un choix qui implique une tierce personne, qui plus est un enfant... Et que cette tierce personne n'est elle pas impliquée dans le choix : l'enfant n'a pas son mot à dire pour ce qui est d'accepter ou non ses parents adoptifs.
A partir de là, il faut clairement penser, même si c'est rageant, au fait que la société n'est pas exactement tendre... Et savoir si on est prêt à encaisser les aléas "normaux" du rôle de parents (qui peuvent déjà ne pas être simples), mais aussi les aléas liés au regard des autres, et à ce que le gamin va avoir à affronter "en plus".
Après, je ne dis pas que c'est impossible de le gérer. Juste qu'il faut en être complètement conscient, et ne pas se dire que "l'amour suffit".
yellowfaith
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Message par yellowfaith »

J'ai lu l'essentiel.

En fait ce qui me souale, c'est les [ultra-(pro-homo)-(anti-homophobie)s] qui voient de l'homophobie même là ou il n'y en a pas !
ouf.

Mais l'égalié des droits, je suis pas contre loin de là.
L'acceptation de l'homosexualité ça serait sympas aussi.

(on me signale dans l'oreillette, que ce n'est pas en restant assise sur mon petit ; :shock: (petit ?); cul, que le monde va changer)

Bon, ok.

Mais euh !
Moooooog

Message par Moooooog »

Caramel, sincèrement si l'homophobie n'existait pas, l'essentiel des réticences que tu exprimes dans ton dernier post n'existeraient pas non plus. Tu ne te poserais pas de question sur le fait d'embrasser ta copine devant ton lieu de travail, tu n'exigerais pas 10 fois plus pour les couples homos que les couples hétéros en matière d'adoption. Dans ce premier cas, je peux comprendre bien sûr l'idée de ne pas vouloir choquer, et nous l'appliquons tous à divers degrés. Sur le second point, je ne vois pas en quoi on devrait être 10 fois plus exigeants envers les couples homo qu'hétéros pour l'adoption. Des lors que les critères sont bien définis et appliqués, ils doivent être les mêmes pour tous.

Dans la position que tu viens de prendre, il y a un côté "on m'a donné cette place dans la société, bon je ne suis pas d'accord avec tout, mais ça me va". Bon très bien, c'est ton choix, et je le respecte. Je comprends que tout le monde n'ait pas envie de militer pour une cause, ça demande de l'énergie qui peut nous consumer, et on peut vivre en composant avec la situation acquise. Mais ce que je comprends moins, c'est le besoin d'exprimer ce regard réprobateur envers quelques formes de combat politique, et quelques positions peu solides de certains militants.

Que ce soit pour dans les partis politique en place, dans les associations de défense de droits, quel que soit le thème, tu trouveras des formes de combat politique qui ne te plairont pas, et rencontreras des personnes peu consistantes avec leurs propos. Néanmoins ça ne veut pas dire que la cause défendue ou que l'intention est mauvaise. Parfois certaines actions sont très critiquables sur la forme, et portent pourtant leurs fruits. Je pense notamment à certaines actions de Greenpeace, qui ne se contente pas que de coups de poings, mais dispose aussi d'une batterie d'experts pour négocier avec les grands de ce monde.

Alors oui dans le militantisme, on trouve effectivement des gens qui dérapent, vont trop loin, ou ne sont pas consistantes avec leurs propos. Il m'arrive souvent de débattre avec des personnes qui à mon sens se perdent dans leur combat, allant toujours plus loin dans leurs revendications jusqu'à perdre complètement prise à la réalité. Il m'arrive aussi souvent de discuter avec des personnes qui ne sont pas consistantes dans leurs positions, ou ne mettent pas leurs actes en alignement avec leurs valeurs défendues. Mais à y regarder de près, c'est le lot de beaucoup de monde sur cette planète, qu'ils soient militants ou non.

Tout ça pour dire que c'est en échangeant et en discutant avec ces personnes qu'elles vont réajuster leurs positions et actes. Certainement pas en les critiquant et en exigeant d'elles une perfection qu'aucun être humain ne peut prétendre avoir. S'il fallait attendre d'être parfait pour défendre une cause, une pensée, mener un combat, alors autant abandonner tout de suite et se laisser mourir à petit feu en s'abrutissant devant la boite à cons.
Caramel
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Message par Caramel »

Je ne suis pas sure que le fait de miser plutôt sur l'éducation "en douceur et en profondeur" des gens plutôt que sur le "tiens bouffe toi ça dans la gueule et quand tu auras encaissé la baffe peut-être que tu réfléchiras sur la question" soit une question de "ne pas militer". Juste de choix de moyen.

Pour reprendre l'exemple de mes amies les bonnes soeurs...

Je ne suis pas sure de ne pas, quelque part, faire bouger un petit peu les choses quand je réponds posément aux enfants, devant elles, que l'homosexualité n'est pas "berk", mais juste une orientation sexuelle comme une autre.
Est-ce que ce n'est pas DEJA beaucoup à digérer d'un coup pour une bonne soeur élevée (no offense pour les italiens) dans une famille ultra catho d'Italie du Sud ?

En la matière, j'en tendance à appliquer la même technique que pour faire accepter aux gamins de bouffer des légumes...

Si tu commences directement par une assiette pleine de carottes vapeur, tu te la fais envoyer dans la face, ou le gamin va garder un souvenir tellement pourri de l'heure de supplice passée à se débattre avec ses légumes, et ne plus pouvoir voir une carotte en peinture.

Si tu en files d'abords deux morceaux, puis un peu plus, puis un peu plus, le gamin apprivoise le gout, et ça passe de mieux en mieux.

Sincèrement, habituellement, je suis quelqu'un de vachement "rentre dedans". Sauf que c'est quand même un gros tabou, que "l'homophobie par ignorance" est encore bien répandue...
Et que pour le coup, y aller à grand coup de militantisme tapageur n'est pas exactement une formule à utiliser.

Après, comme l'a dit je ne sais plus qui... Je ne doute pas que le militantisme tapageur ait eu son importance quand il s'est agit de dégrossir le travail, quand c'était encore totalement impossible de parler d'homosexualité sans se faire lyncher, tout ça.

Mais on n'en est quand même plus là.

Pour continuer sur une métaphore foireuse...

Si on voit la lutte contre l'homophobie comme une statue...

Le sculpteur commence par y aller à grand coup de dynamite pour extraire le rocher de la montagne. Respectivement : les militants y vont à coup de gros militantisme qui fait du bruit.

Et plus l'oeuvre avance, plus les outils utilisés sont fins.

On n'en est pas encore à utiliser un tout petit burin, mais on n'utilise quand même plus la dynamite... au risque de faire péter la statue qui commence à s'ébaucher.

(3h de sommeil, 12h de taf = production intensive de métaphores merdiques).
Nicofoto
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Message par Nicofoto »

Tu as raison Caramel, et je suis globalement d'accord avec ce que tu dis.

Seulement, et ça je peux te le dire car j'en ai fais l'expérience dans des "débats" sur certains forums (je mets débat entre guillemets car un échange d'arguments n'est pas forcément un débat je trouve).
Tu va vouloir expliquer les choses en douceur, démontrer par des faits et démontrer par l'exemple, il y aura ceux et celles qui seront receptifs, d'autre non.

Tu pourra faire tout les efforts d'explication plolitiquement correct et en douceur, tu aura toujours quelques interlocuteurs face à toi qui d'une part te tiendront tête de la façon la plus irrespectueuse possible, et d'autre part auront tendance à entrainer des interlocuteurs encore hésitants.

Donc à ce moment-là, je crois qu'un peu de provocation et de démonstration de "force" bien placée peut être utile (je ne veux pas dire par là filer un bourre pif, mais plutôt faire une action coup de poing comme le font parfois green peace ou act-up).

Si cela ne porte pas ses fruits, au moins tu te sera défoulée ! :P
Caramel
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Message par Caramel »

Franchement, je vois les "débats" sur internet comme une chose à part.

Bien peu de monde arrivent sur un forum / site quelconque avec une réelle volonté d'ouverture.

On voit un sujet, on se dit "je vais cracher mon avis sur la question"... Et ça s'arrête un peu là. Si un "con" a l'audace de nous contredire, on lui poutre la face. Ca vire en flamewar. On use son clavier. On tapote de plus en plus fort au gré de l'énervement. On finit par dire explicitement à l'autre que c'est un gros con à l'ouverture d'esprit de moule et qu'il peut aller se pendre avec ses tripes.

Fin du débat.

Tout le monde repart content : on a l'impression d'avoir tenu tête à quelqu'un, et on s'est défoulé des merdes de la journée en se donnant le droit d'insulter un gros con d'homophobe ( ou une saloperie de pédale, selon dans quel camp on se place ) alors qu'on a dû rester poli devant son chef au boulot, la caissière chiante au magasin et le caniche de la voisine.

Franchement, je pense qu'on a 0 chance de convaincre un homophobe via un débat sur Internet. Dans la vraie vie déjà un peu plus je pense.

(Après, les flamewars, c'est le bien, surtout avec du popcorn)
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