Je rêvais d'une petite mise à jour de ce topic perdu! Donc gros up 3 ans, 6 mois et 3 jours plus tard!
Oui oui c'est moi Juju, de toute façon ça se voit, c'est pas la peine de s'en cacher. Pour tout vous dire, je suis retombée sur ce topic il y a deux jours avec un certain malaise que j'ai finalement décidé de dissiper en faisant un bref résumé de la suite des évènements.
Donc finalement j'ai entamé serieusement le processus peu de temps après avoir posé ce message même si la première fois que j'ai été sur le lien que Oscar avait filé, j'ai eu peur (comme beaucoup d'autres en fait) et puis l'idée a fait son chemin, j'en avais parlé avec mon père aux periodes des fêtes de fin d'année 2006 (donc à peu près au même moment de ce message) à cette remise en question s'est ajouté le fait que j'étais amoureuse de ma prof de français cette année là et ça s'est très mal terminé.
A partir du mois d'avril 2007, j'ai donc été suivi par une psy.
du coup ça m'a fait deux choses difficiles à gérer en même temps, j'ai donc du changer de lycée pour l'année scolaire 2007/2008,
donc rentrée dans ce nouveau lycée public immense (38 élèves par classe), immédiatement je sympatise avec un mec aux airs durs et militaires qui ne me lâchera plus jusqu'au bac et me soutiendra toujours.
La prof de français de cette année là était de la vieille école et elle m'a mené la vie dure. Tout le monde est plus au moins au courant de ce que je souhaite entreprendre alors un jour elle me convoque à la fin d'un cours et me dis que je dois pas en parler, qu'il ne faut pas "perturber mes camarades avec mes soucis personnels" ce à quoi je répond que c'est un peu eux qui ont devinés seuls comme des grands.
A partir de là c'est la guerre entre nous, un jour elle va vraiment trop loin en faisant une allusion ironique en cours et méprisante à souhait alors là poussée à bout, j'explose et je me barre de la salle en l'insultant copieusement. (Oui je sais qu'il faut garder le contrôle en toute circonstance mais là j'ai pas pu et voilà c'était pas intelligent, j'en suis pas fière et je l'ai très longtemps regretté.
)
C'était mi novembre cet incident et je n'ai pas pu reprendre le lycée avant début janvier 2008, ce qui fait que j'ai presque manqué 2 mois de cours et je suis passée au conseil de discipline qui a décidé de me laisser une chance après que j'ai dû quasiment ramper aux pieds de la prof comme une larve.
Mon prof de maths me tapait grave sur le systême aussi, c'est un bellâtre d'une trentaine d'année et beaucoup de filles sont dingues de lui, il m'énerve avec ses t-shirts moulants deux tailles trop petits qui laisse voir ses pecs et ses pantalons "regardez mon petit cul les filles" sa petite gueule de play boy avec la coupe de cheveux parfaite et la barbe bien taillé. Non seulement ce naze jouait le beau gosse et le mec cool mais en plus La fille dont j'étais amoureux (je parle au masculin car je me remet dans le contexte) semblait lui porter de l'intérêt. J'ai nourri une haine incroyable envers cet homme.Lui si viril et si adulé des filles, moi si pommé, en position de faiblesse et écorché vif. J'ai dû me retenir avec la plus grande difficulté à plusieurs reprises durant l'année de ne pas asperger le derrière d'un de ses futs moulants souvent beiges en agitant mon stylo à encre lorsqu'il se trouvait dans ma ligne de mire. C'était très frustrant à l'époque mais aujourdhui quand je vois ou j'en suis, je me félicite d'avoir su me retenir d'une connerie infantile qui m'aurait très certainement valu de prendre la porte étant donné que j'étais déjà sur le fil.
J'ai donc fini mon année clopin clopant, m'occupant davantage de ma transition que des cours, je suis efficace dans mes recherches, fin janvier 2008 avec l'aval de ma psy j'ai rdv avec un psychiatre qui me donne rapidement le feu vert pour commencer le traitement hormonal que j'ai commencé le 13 mars 2008, à partir de là je me suis senti plus léger, avec des hauts et des bas, je me suis complètement rétamé au bac de français (5/20 à l'écrit) à l'oral je n'ai pas compris la question et je suis tombé sur une oeuvre que je n'aimais pas (7/20). Finalement mes seules notes convenables des épreuves anticipées du bac sont dans les matières scientifiques 13/20 en Svt/phy-chimie car une amie est prof de physique chimie (qui est elle même MtF et qui se fait opérer demain en Thailande d'ailleurs...bref osef désolée de ces digressions.) et....là j'ai halluciné grave ; 13/20 en mathématiques! Mon père (qui contrairement à ma mère avait bien accepté ma transidentité) s'exclame à la vue des résultats "eh bien fiston, tu as mal choisi ta filière on dirait, tu aurais du faire S plutôt que L" il faut croire que la testostérone rend nul en français et meilleur en maths, lol cliché jusqu'au bout!
Ce à quoi j'ai répondu evidemment que ce n'étais pas grâce à mon naze de prof.
Je me suis fais opérer l'été 2008 (mastectomie), comme j'étais suivie par un psychiatre et que j'avais une bonne mutuelle, j'ai eu un remboursement quasi intégral de cette opération.
J'ai ensuite passé tout l'été à faire du sport malgré les petites douleurs dues à l'opération.
J'ai la pêche et un physique en bonne voie à la fin de l'été, j'ai rendez vous avec la médecin scolaire et l'infirmière, elles disent qu'il n'y a pas de raison que le proviseur refuse ma demande et qu'une réunion est organisée pour le lendemain avec mes futurs profs.
Réunion dont on oublie de m'informer de la décision, du coup je vais à la rentrée de terminale la peur au ventre de me faire appeler avec mon prénom féminin alors que j'ai désormais un physique on ne peut plus masculin (c'était déjà le cas en 1ere d'ailleurs) on est plus de 40 dans la classe (lol au début je croyais pas que c'était une classe je pensais qu'ils avaient regroupés tout les term L ensemble et non même pas lol une classe de 42 personnes O_O ) et mon nom de famille est en général dans le milieu de la liste dans l'ordre alphabetique.
Alors hyper grand soulagement lorsque viens mon tour et que le prof m'appelle par mon prénom masculin. C'est mon prof principal et il demande le lendemain à me parler pour bien mettre les choses au clair, un mec droit et stricte, pas spécialement friendly mais réglo.
J'étais très mal les premiers jours étant donné que certains de mes camarades n'étaient pas du tout au courant, d'autres oui, ça a beaucoup parlé sur moi. J'entendais des "hein mais non? C'est pas possible, il est pas trans Jules, il a une gueule de mec et il vient à la piscine avec nous, c'est un mec normal." et des "oui mais il s'est fait opérer blablabla..."
Et puis finalement tout le monde m'a bien accepté, je suis devenu le mec discret amateur de philosophie de la terminale L3, je me fondais bien dans la masse, une classe de terminale littéraire comportant 9 mecs et 33 filles est un univers plutôt mouvementé ou un jeune trans peut parfaitement trouver sa place.
Avec les profs ça se passait carrément mieux, ils semblaient tous m'apprécier malgré mes difficultés dans certaines matières et même "m'admirer" (même si c'est pas ce que j'attendais de toute façon) pour certains. Cela m'a permis d'étudier dans de meilleurs conditions que l'année précédente et d'être plus assidu en cours même si peu à peu une remise en question s'est opéré en moi.
J'étais dans les petits papiers de mon prof de sport qui me kiffait grave et un jour en allant sur admissionpostbac.fr il a vu que pour l'état civil, je m'appelais encore Juliette et ça l'a choqué et il m'a demandé pourquoi alors je lui ai dis que c'était très long pour changer d'état civil et il m'a dit "ah bon? Même quand on a été opéré et qu'il n'y a plus aucune ambiguité dans la vie quotidienne comme c'est ton cas?" et j'ai dis oui (ce qui est vrai.) suite à quoi il s'est insurgé contre la façon de gérer les trans en france et il m'a dit qu'il faudrait des lois pour agir contre ça. J'étais bien d'accord et peu de temps après j'ai rejoins mix-cité (une assos' féministe militante pour le droit des femmes, la transidentité et contre le racisme, l'intégrisme...entre autres) c'était au mois de février, à partir de là j'ai cogité serieusement, je me sentais envahi d'un doute cartésien "et si je faisais fausse route?" "suis je prêt à prendre des hormones toute ma vie?" "comment j'envisage le fait de devenir dépendant de la testostérone?" ...et beaucoup d'autres questions encore.
La philosophie que j'ai découvert cette année là m'a aidée dans cette remise en question, elle a été un fil conducteur pour mon esprit embrouillé (oui cette phrase peut laisser penser que je suis cartésienne mais non ce n'est pas le cas mais bon osef.
)
J'avais de bons rapports avec mon prof de philo qui était un mec avec un certain franc-parler, c'est lui qui m'a fait découvrir l'auteur Herman Hesse,
Le loup des steppes est un livre que je recommande particulièrement aux personnes qui se sente perdus et étrangers à eux mêmes.
J'ai arrêté mon traitement hormonal fin février et il m'a été difficile de finir mon année de terminale "le cul entre deux chaises" bien que je l'ai brillamment terminée à mon grand étonnement, ce qui m'a redonné un peu d'espoir, moi qui m'étais toujours considéré (et une considération appuyée fortement par les profs) comme un élève minable.
J'avais adopté un prénom mixte temporaire au sein de l'association mix-cité, et je commençais à me passer des bandes de cires chaudes sur le visage pour supprimer ma barbe naissante (chose que je pratique encore aujourdhui mais elle est devenue légère donc ça va, je n'en dirais pas autant de la pilosité sur le reste du corps mais bon c'était déjà horrible avant les injections de testostérone).
J'ai finalement perdu ma masculinité durement acquise au cours de l'été 2009 (enfin en partie car ça ne s'en va pas comme ça), j'ai cotoyé une MtF (pas mon amie la prof de physique chimie que je connais depuis perpet', une autre) qui s'est avéré finalement être une rencontre plutôt très mauvaise mais bon peut être en partie nécessaire pour franchir le pas.
Finalement lorsque je suis rentrée à la fac en septembre 2009, j'avais une apparence très androgyne, je m'épilais les sourcils de manière obsessionnelle pour passer en fille, lorsque j'étais allée m'inscrire en L1 de philo fin juillet, tout le monde m'avait donné du monsieur et j'avais donc dû les corriger timidement dans la mesure ou j'avais décidée, malgré mes incertitudes, de m'inscrire sous mon identité civile.
J'ai quand même eu le droit à un "jeune homme" devant toute la promo par ma prof de TD de métaphysique, ce qui n'est pas un drame en soi et que personne n'a relevé, il y a pas mal de filles androgynes (enfin pas dans ma promo en tout cas, ce qui m'a fait me sentir assez mal à l'aise en début d'année, en plus j'avais l'impression que ça parlait un peu sur moi...mais bref).
Au cours de l'année de L1 j'ai retrouvée une apparence qui ne soit pas ambigue car l'androgynité me convient somme toute assez mal, comme je l'ai déjà dit lors de certaines discussions sur le genre, peut être que ça convient à d'autres mais pas à moi, c'est comme ça. Ce qui répond à certaines interventions datant d'il y a plus de trois ans et demi sur ce même topic.
Ceci dit aujourdhui je suis une femme à torse ce qui personnellement me plaît même si c'est sans doute un frein pour séduire les filles.
Je suis aussi accessoirement une icône queer persécutée par les paparazzis lors de la gay pride parisienne.
Je n'ai aucune envie de faire une mammoplastie, non seulement pour des raisons médicales mais aussi personnelles, je me sens bien comme ça et je ne regrette pas cette opération dans l'absolue même si je suis parfois gênée lorsque je parle à des gens qui ne sont pas au courant, j'ai peur qu'il bloque là dessus et j'ai tendance à me tenir toute recroquevillée.
N'en demeure pas moins qu'aujourdhui je ressemble à peu près à une fille et ça a un côté pratique et rassurant pour moi qu'on puisse m'assimiler immédiatement au genre de mon état civil.
Je me suis résignée à mon identité de naissance plus que je l'ai acceptée.
C'est la conclusion que tirait une amie de mon parcours chaotique cet après midi à la terrasse d'un café et je l'ai aimée de me comprendre si bien. Mon parcours semble pourtant tellement difficile à comprendre, presque dément.
Au moment ou je tape ceci avec ma main droite, je tripote avec la gauche la seule ampoule de testosterone que j'ai gardée, celle qui aurait dû servir pour ma 19ème injection, celle que je n'ai jamais faite. Je m'étais dis à l'époque que mon choix était spinoziste, je prenais le choix B alors que le choix A semblait plus facile et s'imposait à moi. Finalement la vie est faite de choix et on ne comprend pas toujours pourquoi on les fait sur le moment, celui là relevait plus de l'instinct que de la raison. Je ne sais pas aujourd'hui encore si j'ai eu raison ou tort.
Dans le fond même si aux yeux des autres j'étais "il" je crois qu'au plus profond de moi, j'étais encore frustré d'être condamné à être incomplet physiquement et à masquer mon passé toute ma vie et ça me poursuivrait toujours.
Finalement "la condamnation" d'être une femme née le 1er avril 1989 prénommée Juliette semble plus légère à porter.
Cette base solide est la seule contrainte qui m'est imposée, à partir d'elle je peux construire ce que je veux même si fondamentalement, non "j'me sens pas bien en fille" pour reprendre le titre du topic, mais après tout c'est quoi une fille? Et je peux être la fille que je veux.
Je prend finalement le problème dans le sens inverse même si c'est moins facile dans une certaine mesure et que ça demande à s'opposer à certains clichés, à être féministe, finalement c'est qu'on fait toute ici à différentes échelles, je crois.
J'ai fais énormément d'ellipses dans le récit de ces 3 ans et demi, normal. J'ai zappé beaucoup de choses importante mais on peut pas tout dire d'un si long cheminement en si peu de lignes.
Et vous avez vu? A 17 ans et demi je savais même pas qu'en anglais devant un verbe il fallait mettre "to" O_O
I want be a boy...euh apprend déjà à parler english bouffone va.
Bon de ce côté là ça va hein, j'ai eu mes partiels d'anglais semestre 1 et 2.