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Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. mars 06, 2017 1:22 pm
par Yume
Bonjour,

J'ai ouvert un topique dans la section "débat" où je parle du rapport entre-féminisme et non binaire.

J'en profite dans la même lignée pour lancer un sujet qui me tient à coeur dernièrement.

Née de sexe féminin, élevée fille, aujourd'hui je remet en cause la notion de binarité des genres.
Et c'est là que née ma question : je me suis toujours sentie à l'aise dans mon corps, je n'ai jamais désirais le "masculiniser", j'ai toujours été considéré comme femme dans la société et n'ai jamais cherché à le remettre en cause, je col physiquement à ce que la société considère comme "femme" (poitrine, traits féminin, pilosité épilée, etc). Je parle de moi au féminin et ne ressens pas le besoin de changer cela. Cependant je ne cherche plus à coller à cette image de femme, je cherche juste à être moi, une personne avec ses gouts, ses attitudes et ses préférences :
mes vêtements peuvent être "neutre", "masculin", "féminin", je peux me maquiller ou pas, je ne cherche plus à adapter mes comportements (si je veux m'assoir jambe écartée je le fais, si je veux être vulgaire dans mon langage je le suis, et bref j'ai du mal à trouver des exemples car du mal à identifier de base ce qui est dis masculin ou féminin mais vous avez compris l'idée), bref je ne cherche plus à rentrer dans la case "femme" sans pour autant que cela puisse de voir de prime abord (on peut clairement m'identifier comme "femme" si on le veut et je ne corrige personne la dessus).

Je m'identifie pourtant aux problèmes des "femmes" étant perçue comme tel dans mon quotidien (harcèlement de rue, agression, sexisme, stéréotype, etc). Je suis donc très attaché par certain côté à cette "identité de femme" que m'a attribué la société car je vis au quotidien les problèmes lié à celle-ci et qu'en reniant mon "attribution de femme" j'aurais l'impression de renier l'existence de ces problèmes.

Je ne me suis jamais sentie "homme" car je n'ai jamais été perçu comme tel et que je n'ai jamais cherché à rentrer dans cette autre case.

Mais pour autant j'ai envie de me revendiquer non-binaire car pour moi je ne suis pas juste une "femme" même si je ne suis pas non plus un "homme", en fait je ne reconnais pas l'existence de ces deux genres, pour moi ils ne sont que le fruit de deux cases créées par la société, et je me sens être juste moi.

Alors peut-on se qualifier de "non-binaire" quand on colle à l'image d'un genre précis sans chercher à le réfuter clairement auprès de la société ?

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. mars 06, 2017 1:33 pm
par Norma
Franchement, des personnes se revendiquant comme non-binaires que j'ai rencontré (j'ai pas de vrais stats, à prendre avec précaution), il me semble que 90 % sont socialement perçus comme appartenant à un genre et ont une expérience de vie féminine OU masculine.

Ces mêmes personnes que j'ai rencontré, la plupart ne cherchaient à réfuter cette binarité que "dans le milieu" + "sur internet" et pas auprès de la boulangère ou de leur employeur.

Donc si la question est ta légitimité à adopter ce terme, tu n'es pas moins légitime que la plupart d'entre elleux.

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. mars 06, 2017 2:41 pm
par Caïn Marchenoir
Je crois que je préfère largement avoir des relations avec une personne consciente du spectre des identités homme/femme qu'une personne qui tient des généralités sur les hommes et les femmes comme si de telles simplifications étaient possibles.

Mais pour rebondir sur ce que dit Norma, pour moi, une telle attitude est avant tout "éthique" pour le rapport avec autrui et à ne pas confondre avec une souffrance de ne pas se sentir à l'aise avec ce que l'on est au point de vouloir changer - du moins pour ce que j'en comprend en te lisant, Yume.

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. mars 06, 2017 4:23 pm
par Yume
Donc de votre point de vue, se qualifier de non-binaire c'est plus une revendication qu'une réelle définition de genre ?

Norma : je n'ai jamais rencontré de personne se revendiquent non binaire, d'où mon interrogation, alors merci pour ces chiffres (bien que personnel :wink: ). Effectivement je n'éprouve aucune souffrance ou interrogation sur mon identité de genre, je suis moi, point, résultât je n'aimerais pas m'identifier à un terme qui ne décrirait pas ma situation et qui risquerait au contraire de banaliser celle de tas d'autres personne (je ne me définie par exemple pas comme transgenre ni même intergenre, car je n'ai jamais ressentie cette ambivalence "fille et/ou garçon ?" par exemple).

Pour moi le genre n'est qu'une étiquette que la société nous colle ou un mot que l'on donnera à la société (intergenre, trans, intersexe, etc) mais qui n'a de valeur que dans le cadre de la société alors que personnellement il n'a aucune incidence, cela ne définie pas qui l'on est.

Du coup pour la société je suis femme et ne remet pas en compte cette étiquette donnée (enfin je remet en compte la binarité de la société mais ne vais pas contredire cette étiquette auprès des personnes de mon quotidien), mais en moi-même je me sens non-binaire, je suis juste moi.

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. mars 06, 2017 10:02 pm
par Caïn Marchenoir
Oui, du coup c'est un ressenti personnel et subtil et qui t'est propre (et dans une certaine mesure identitaire) mais qui aura nécessairement une incidence éthique dans ta manière d'être avec autrui. Par exemple, tu ne diras pas "les femmes sont coquettes", "les hommes sont brutaux" ou ce genre de choses simplistes. Pour moi c'est quelque chose qui compte car ça permet d'être plus libre dans les relations avec les gens, sans avoir le sentiment qu'ils attendent un comportement typique selon si on est une femme ou un homme (originairement parlant). C'est ce que je voulais dire!

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : mar. mars 07, 2017 7:32 am
par Norma
Caïn Marchenoir a écrit :Par exemple, tu ne diras pas "les femmes sont coquettes", "les hommes sont brutaux" ou ce genre de choses simplistes.
Oui enfin ça c'est juste "ne pas être sexiste".

A vrai dire, j'ajouterais que ça correspond également à plusieurs postures philosophiques sur le genre, les différences entre elles étant parfois plutôt subtile à dures à borner.
Ce que tu décris pourrait rentrer dans une case" non binaire" ou dans une case "tout simplement féministe anti-sexiste" ou dans une case "post-structuraliste", etc etc...
Sachant qu'y des idées qui se recoupent, d'autres qui varient un peu, d'autres qui sont carrément contradictoires.

La question du coup ce ne sera pas de rencontrer des gens individuels qui se définissent dans un terme ou l'autre, mais plutôt de se plonger dans les ouvrages de gender studies. Parce que quand on passe à l'échelle individuelle de comment tel ou telle militant.e a compris ou non un concept, ça devient le gros bordel.

Garde en tête que la question que tu poses n'est pas simple du tout, et que tout militant qui voudra te faire croire que c'est tranché et qu'il faut penser ça ou ça sinon t'es discriminante-mal déconstruite- whatever est un gros con à ne pas écouter (Elsa, si tu nous entend ...).
Li, pense, reste ouverte, et n'est pas peur de te dire "telle idée, je la trouve conne". Parfois dans le corpus des gender studies, y a des trucs bien cons qui retomberont dans le néant après avoir été populaire sur quelques blogs influent l'espace d'une ou deux saison.

Re: Non-binaire, vraiment ?

Publié : lun. avr. 17, 2017 10:40 am
par Yume
Merci pour ces réponses !

Oui effectivement pour les propos type "les femmes son coquettes", c'est plus de l'ordre du sexisme, et je me suis toujours battu contre avant même de me poser toutes ces questions de binarités. C'est d'ailleurs très très frustrant de constater le nombre de personnes qui emploient ce genres de stéréotypes et de ne pas pouvoir constamment les reprendre dessus... surtout auprès des enfants.

Sinon oui, j'ai compris à force que lorsqu'on part dans le militantisme en générale, on peut entendre tout et son contraire (que ce soit le féminisme, la cause animal, etc) et qu'il faut surtout tenter de se forger son propre esprit critiques sans trop vouloir se calquer sur les autres, sinon on ne s'en sort pas.