Le grand soir.

[muchomachomarlboro]

Faisons simple. Certains me connaissent ici. Une vaillante minorité, cercle d'amis d'une gentillesse touchante, ne voit rien en moi qui cloche : je suis une pédale en phase avec sa part féminine. Et cela est bon car je vous demande : n'est-ce pas là le crédo de nos fières légions, quoiqu'en disent les tenants de l'homme qui sent l'homme? Je ne peux, pour convaincre les plus réfractaires, qu'humblement invoquer la sagesse commune : être voyant, cela permet d'être vu.

Oui mais voilà. Il y a un peu plus trois ans de cela j'apprends en effet (et ma boutade ailleurs était en ce sens) que j'ai un syndrome, celui que l'on appelle "le syndrome de l'homme xx". En effet, malgré de longs séjours à l’hôpital depuis ma naissance et quelques bizarreries de puberté comme une poussée de sein arrêtée médicalement et d'autres récits moins publiques, rien ne me vouait à autre chose qu'à devenir votre folle moyenne. D'ailleurs lorsque le médecin m'a annoncé la nouvelle, finalement, au détail près pour lequel j'étais venu le voir, cela ne changeait absolument rien pour moi : mes gènes n'ont qu'a se mêler de leur cul, mon genre, je gère.

Pourtant, de façon latente, et avec un regard rétrospectif sur mon parcours de vie, je peux dire qu'aujourd'hui cela change beaucoup de choses. Le "faux contact" entre le caryotype et le phénotype n'est pas si dénué de conséquences physiques. Cela a des conséquences sur nombres de niveaux physiques, même si la lecture masculine de mon corps est somme toute évidente à première vue (à part pour certains admettons-le).

Après je pourrais ne pas faire cas de ce détail et me renforcer dans l'idée que je suis un homme, personne ne pourrait venir me dire le contraire. Or ce n'est pas le cas ou, plus précisément, ce ne l'est plus après un long processus de questions/réponses avec moi-même. Quand on est fouille merde de confession on aime se créer des problèmes avec n'importe quoi, alors vous vous imaginez quand on a quelque chose, c'est la réforme...

Oui, c'est bien la réforme. On m'a toujours pris une fois sur deux pour un garçon ou une fille donc de ce côté-là c'est pas non plus quelque chose de nouveau pour moi. J'ai pris du temps pour le dire, je l'ai dit dans la confidence à certains (dont certains ici le sachant depuis que moi-même je le sais), très peu d'entre eux voyant les conséquences que je tirais moi-même de cette nouvelle qui n'est pas censée se voir alors que j'en subis les effets chaque jours depuis mon enfance jusque dans ma relation actuelle.

Je suis avec quelqu'un, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps pour moult raisons dont celle-ci. Il fait partie de ceux qui la première fois qu'ils m'ont vu m'ont pris pour une fille. Il dit trouver la dose de féminité dont il a besoin en moi et n'a jamais fréquenté d'autre garçon que moi. Je ne dirais pas que cela m'a fait vibrer de joie la première fois qu'il me la dit, je parlerais de vexation plutôt. Ce ne serait qu'un cas isolé, j’admettrais que c'est lui qui se cache derrière son petit doigt. Mais il y a deux ans de ça un garçon a préféré une trans à moi et a achevé sa cour en disant qu'il n'aimait ni les hommes ni la virilité. Je me suis demandé comment il a pu passer autant de mois à me courir après alors que je ne disais absolument pas que j'étais autre chose qu'un homme. J'ai pleuré, beaucoup. Mais maintenant je m'en fous. Il semble aussi que ce soit moi qui aille vers ce genre de profil, sans bien le faire exprès. J'accepte que mon partenaire ne vois pas qu'un homme en moi et il accepte que je ne me prenne pas pour autre chose que je suis : je ne me sens pas femme et surtout les rigueurs de la société me rappellent que j'ai une place de monsieur. J'ai quand même appris à profiter de mes libertés, monsieur ou pas et je venais le dire pour m'en donner plus de conviction.

L'annonce était celle-ci : fermez le tiroir pédé, ouvrez le tiroir queero-bizarre.

[floridjan]

Peu importe que tu sois un queero bizarre (et en fait tant mieux : y a déjà bien trop de pédé sur ce forum ! ), tout le monde ici t'apprécie pour ce que tu es, ta fantaisie, ta sensibilité et ton intelligence.
Garçon, fille, un peu les deux... l'important c'est que tu t'acceptes comme tu es, et ceux que ça gênent, franchement qu'ils aillent se faire foutre, non ?
C'est cool que tu sois avec quelqu'un.

[muchomachomarlboro]

Moi je te conseillerais d'aller voir le docteur pour ce genre de test. 'Absolument convaincu que tu as des ancêtres bisounours. Tu nous fera ton coming-out et le récit de ta quête identitaire ici-même et surtout tu n’oublieras pas de me remercier de t'avoir mis la puce à l'oreille.

[Mizc]

Je crois que tu connais bien (et mieux que moi ) le discours sur la déconstruction des genres, je ne ferai donc pas ici d'exposé maladroit là dessus, mais peu importent les proportions de féminin/masculin en toi, la grande famille queer est tienne, et puis nous on te kiffe. Que ça ait eu des conséquences très complexes sur la construction de ta personnalité genrée, bien plus complexes que ce qui relève de la "simple" homosexualité, je le crois volontiers. De ce point de vue, nous n'avons pas d'expérience comparative à apporter, nous ne pouvons apporter que notre écoute.

Je suis heureuse que tu aies trouvé tes libertés. Elles sont hors-normes, avec ce que cela comporte de chemins non balisés quasiment jamais empruntés, mais aussi d'une inédite plénitude : sur le curseur du genre, peut-être que tu n'as même pas à te positionner: tu es, tout simplement, que ce soit le féminin, le masculin, l'un l'autre ou les deux à la fois, tu es ce que tu es, voire mieux : tu es ce que tu veux.

Et je termine par un parce que voilà. J'suis pas très tactilo-calins, mais je fais une exception.

[floridjan]

Bah, n'en déplaise aux cyniques, il faut bien quelques bisounours dans ce monde de brutes
Sinon, comme l'a dit ce grand philosophe Ronald W. Mac Donald : restes comme tu es !
En tout cas, y a plein de gens qui t'adorent ici et qui ne voudraient pas que tu sois autrement pour rien au monde !
(même si c'est relou de ne pas te voir assez dans les meatings. Tu te fais trop rare, machoboy. Spèce de diva ! )

EDIT : oh oh, Mizc, attention, tu flirtes avec la bisounoursite aigüe !

[muchomachomarlboro]

Merci. J'ai longtemps hésité (et Mizc tu le savais) à faire ce "coming-out", me demandant sans cesse si c'était vraiment la peine de faire de ce non-évènement un drame psychologique sous forme de topic. Mais certaines choses dernièrement m'ont forcé la main.

Merci encore .

[floridjan]

OFF-Topic :

No problem. Maintenant allons nous saouler la tronche avec un (ou plusieurs) black russian ! (mais Mizc préfère le muscat... ) (moi j'aime bien les bisounours... en fait, ils sont barges ! )

[Mizc]

OFF-Topic :

Si moi je suis un Bisounours, mais alors qui est donc Floridjan ?! Vilain jardinier, va.

(De toute façon il y a des circonstances exceptionnelles pour lesquelles mon inner carebear doit s'exprimer, s'il en est. Alors na.)

[Nomis]

Peu importe que tu sois un queero bizarre (et en fait tant mieux : y a déjà bien trop de pédé sur ce forum ! ), tout le monde ici t'apprécie pour ce que tu es, ta fantaisie, ta sensibilité et ton intelligence.
Garçon, fille, un peu les deux... l'important c'est que tu t'acceptes comme tu es, et ceux que ça gênent, franchement qu'ils aillent se faire foutre, non ?
C'est cool que tu sois avec quelqu'un.

Je plussoie tout ca, chaudoudoux, bisnounours, même combat

[Norma]

Moi je suis très contente (pas pour toi, mais pour les autres, ceux qui se taisent, qui sont pas représentés, etc) que tu parles publiquement du "IQ" d'LGBTIQ.

Comme le dit Mizc, à part de l'écoute, j'ai pas grand chose à apporter : ton expérience, ton vécu, ses conséquences psychologique, je ne peux que les imaginer et essayer de les comprendre, mais j'en ai pas l'expérience sensible.
Et les connaissances théoriques, tu les maitrise autant (voir plus) que moi.

Par contre, toi, tu vas apporter par ton témoignage aux autres "I" dans le placard Et c'est un truc que les "non-I" auraient du mal à apporter. Donc, ton CO est une bonne chose pour les autres.

Oui, je te traite d'altruiste et j'ai pas honte.

Pour ton histoire relationnelle ...
Est ce que ce qui te gène est que tu ne soit pas perçu comme un être masculin mais comme un être queer, ou est ce que ce qui te gène est que tes partenaires ne te fassent pas confiance quant à la définition que tu te donnes ?
Est-ce qu'au final, tu as vraiment envie d'être perçu comme masculin "sans ambiguïté" ?
Tu joues beaucoup avec les codes du masculin et du féminin, tu sais que le genre est performatif, et pourtant, c'est un peu comme si tu voulais que ces garçons perçoivent en toi une "essence" du masculin quand bien même tu performes l'ambiguë.
Il y a quelque chose de contradictoire dans ta démarche et dans tes aspirations. (C'est pas une critique, hein, parce que la contradiction c'est quelque chose qui je trouve n'est pas apprécié à sa juste valeur, mais ceci n'est pas le point).
Je pense qu'il y a un fil à dénouer quelque part par là : qu'incarnes-tu ? comment veux tu être perçu ? qui veux tu être ? J'ai l'impression que ces trois points ne sont pas, pour toi, en adéquation, et que ça crée une frustration relationnelle ...

Tout est il, la même que Mizc, j'suis pas tactilocalin mais comme c'est juste un paquet de bits je me permet :