La CPAM condamnée à rembourser une phalloplastie

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Alec
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La CPAM condamnée à rembourser une phalloplastie

Message par Alec »

(oui je sais l'article date mais c'est quelque chose d'assez rare)
Est Républicain a écrit :Nancy. C’est peut-être la fin d’un long chemin de croix. Christian, Lorrain de 54 ans, vient de faire condamner la CPAM à lui rembourser la phalloplastie qu’il a subie en Suisse, opération qui consiste à fabriquer un phallus à partir d’une greffe de peau et que l’organisme refusait de lui régler.

Jusqu’au milieu des années 80, Christian, née de sexe féminin, se prénommait Delphine. Et souffrait de « dysphorie de genre », d’une discordance entre son anatomie et le genre auquel il se sentait appartenir. « Tout a commencé quand j’avais 4 ans. Je sentais qu’il y avait un décalage entre ce que je ressentais au plus profond de moi et l’image que les autres me renvoyaient ».

Christian souffre d’un réel mal-être, fait plusieurs tentatives de suicide à l’adolescence. « Ce sont les adultes qui m’ont aidé, notamment un prêtre, Marc Oraison, qui avait été médecin. Il a été mon référent, m’a écouté et ne m’a pas jugé. C’est lui qui m’a mis en relation avec le chirurgien de Paris qui m’a opéré une première fois ». La mammectomie est suivie d’un traitement hormonal destiné à modifier notamment la voix et le système pileux.
« Dix ans de galère »

Ces transformations génèrent une inévitable galère. « Oui. Dix ans de galère plus précisément. Rendez-vous compte, vous affichez un physique qui ne correspond pas à votre état-civil ! Dans le milieu artistique, ça passe. Mais à la SNCF ou La Poste, non… ». Rejeté par sa famille, Christian va vivre de petits jobs et de boulots au noir. « Un jour, j’ai réussi un concours aux PTT mais on a demandé une expertise psychiatrique. J’ai tout arrêté… ».

En 1983, Christian obtient son changement de prénom. « Trois ans plus tard, après avoir rencontré un collège de médecins et de psychiatres, mon changement d’état-civil est accepté par le tribunal de Nancy. Les magistrats ont fait preuve d’une grande compréhension ».

Pour vivre définitivement en accord avec lui-même, la dernière étape de Christian sera cette phalloplastie, pratiquée l’an passé en Suisse. La demande de prise en charge préalable est retoquée par la CPAM et ce refus est confirmé par la Commission de recours amiable.
« Une volonté délibérée »

« On vient nous expliquer que cette opération n’est pas prise en charge par la réglementation française », explique M e Olivier Bauer, l’avocat de Christian. « Or, c’est faux. La modification de la morphologie sexuelle et les opérations pour transsexualisme figurent dans la nomenclature des actes médicaux. La nomenclature est l’outil de travail quotidien de la CPAM. Elle ne peut pas s’être trompée. Il s’agit à mon avis d’une volonté délibérée d’occulter le bénéfice de la loi au profit de mon client. Et si on commence à avoir des organismes publics qui s’écartent des lois, c’est tout le contrat social qui va s’effondrer… ».

M e Bauer vient d’obtenir gain de cause devant le tribunal des affaires de sécurité sociale. La CPAM a été condamnée à rembourser les 23.500 € de l’opération.

« Quand ils ont refusé, j’ai trouvé qu’ils poussaient le bouchon un peu trop loin », reprend Christian. « Cette opération aurait coûté plus cher, c’est certain, à Paris. Je préfère simplement penser qu’ils veulent resserrer financièrement les boulons. Ce combat, c’est pour moi, mais s’il peut servir à d’autres, j’en serai très heureux ».

Les prénoms ont été modifiés.
Source : Est Républicain, 20 juillet 2011
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