Elle.... Il, argh, j'le savais qu'elle... il était un il...

Garçon, fille, un peu des deux ou encore ailleurs, ici on discute identité de genre.
Luka
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Elle.... Il, argh, j'le savais qu'elle... il était un il...

Message par Luka »

Bon, c'est un peu confus dans ma tête. Je voudrais éviter de tomber dans des clichés trop désagréables, tout en ayant envie d'entendre ce que les gens ont à dire sur ça. J'ajoute que j'ai cherché sur un autre topic du forum se raccordait à ça mais n'ai pas vraiment trouvé (je suis un boulet aussi faut dire)

Comment, en France, en 2009, on perçoit le changement d'identité (qu'il soit "symbolique" ou suivi de prise d'hormones/opération) d'une personne que l'on connaissait auparavant sous son identité "de naissance" ?

Je m'explique un petit peu. Pour moi, l'ouverture d'esprit va de soi, LGBT c'est avec T (et d'ailleurs, normalement, c'est LGBTQQAOP - Lesbian Gay Bisexual Trans Queers Questioning Allies Omnisexual Pansexual et si j'en ai oublié je suis désolée) et il me semble plus qu'important que l'on puisse reconnaitre à chacun l'identité qu'il sent la plus sienne. J'ajoute à ça le fait de poser cette réflexion sur un forum LGBT, donc où le regard peut être (mais pas nécessairement) différent que celui de la société à l'heure actuelle. Partons de là.

Je vais raconter ma vie, cela sera plus simple, je n'arrive pas à m'exprimer. J'étais loin de l'autre côté de l'océan cet été et j'ai rencontré pleiin de monde. Parmi ces personnes, une était très souvent présente, elle s'appelle J. Sauf que voilà, on est trois mois plus tard et je viens d'apprendre qu'elle s'appelle désormais J. Tout ceci est peu clair ? Celle que j'ai quittée demoiselle me revient désormais jeune homme. Utilisant à dessein des pronoms masculins sur Facebook, se bandant visiblement la poitrine, etc. Il a changé de prénom (bien que ce ne soit pas évident avec les initiales) et utilise désormais uniquement cette identité masculine. Sauf que voilà. Quand il était elle, il avait une coupe de cheveux unisexe, des vêtements larges et une voix grave. Depuis qu'il est il, à part je dirais la poitrine bandée, rien n'a changé. Sur les nouvelles photos, je lui trouve plus de ressemblance avec un garçon alors que ça ne m'aurait pas forcément effleuré l'esprit auparavant, mais je pense que c'est principalement dû au fait qu'il souhaite s'assumer en tant que tel.

Il était plutôt timide et mal dans sa peau, et nous avions pas mal parlé sexualité et c'était plutôt pas clair. Je me disais quelque part que c'était le genre de personne chez qui le problème identitaire serait toujours latent, bien que nous n'en ayions pas discuté précisément. Du coup, je suis méga heureuse pour lui, parce qu'il semble plus épanoui et que je sais qu'où il vit, cela se passera bien quoi qu'il décide de faire (changement d'identité officiel, changements physiques ou pas). Cependant, j'ai énormément de mal à me référer à lui en tant que garçon. Je le fais là parce que je pense à J., ce garçon dont je parle. Mais si je pense à cette personne que j'ai rencontrée, le féminin me vient immédiatement en tête. Il ressemble énormément à elle. De J. à J. Lui parler à lui est facile, mais parler de lui me fait lui donner deux identités, quelque part. Je culpabilise un peu que ça ne soit pas plus naturel.

Je le connaissais avant et que je sens que mes souvenirs se battent contre ma raison. Cela vous est-il déjà arrivé (milieu professionnel, travail, famille ?) Je n'ai aucun mal à considérer l'identité d'un trans que je rencontre une fois qu'il/elle a transitionné acquise, mais le fait de l'avoir connu avant me bouleverse dans mes idées toutes conçues j'imagine. Ma tête bien mal faite ne cesse de me dire "Tu la connais, tu sais, vous avez passé un mois ensemble". Je me dis que la similarité physique n'aide pas. Mes amis américains, ses amis américains s'y sont fait facilement. Et dans le groupe d'amis que j'ai rencontré, il n'est pas le seul. J'en compte au moins deux autres. Dans les gens que je connais en dehors, tous ont des amis/de la famille trans. En France, cela me semble encore extrêmement rare/marginal, alors je me dis que la situation serait plus "facilement" compliquée. Moins exposée au changement d'identité (au moment où il se fait), la société française serait plus maladroite à la gérer. Ou alors, c'est juste moi et je peux retourner culpabiliser dans mon coin.

Non sérieusement, de façon générale, ce traitement différent de l'identité et du contrôle que l'on en a, de la facilité avec laquelle on peut en changer ou non m'intéresse de plus en plus. Du coup, si d'un côté ou de l'autre, ou d'ailleurs, ou... Si vous avez un avis, un témoignage, une hypothèse... Je reprécise que le but ce n'est pas d'entendre des clichés d'ouverture d'esprit et qu'il n'est pas là question de transphobie, mais de temps d'adaptation liée notamment à la culture à laquelle on appartient.

Sur ce, je retourne JeanLucDelarue-iser ailleurs, merci de m'avoir lue.
gertrude-khan
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Message par gertrude-khan »

Il me semble que tout est une question de perception dans le cas du changement d'identité...pour un ou une transgenre que tu vois pour la première fois, tu le ou la vois tel(le) qu'il ou elle est maintenant et donc tu prend son apparence comme référenciel à son identité. Mais pour quelqu'un que t'as déjà connu avant la transition, c'est selon les personnes...je pense qu'il y a certaines personnes qui arrivent très facilement à se détacher de l'ancienne apparence de leur proche alors que d'autres s'y accrochent inconsciemment, remarquant des traits qui ressemblent à la personne "d'avant", ou des mimiques....

on retrouve un très bonne exemple dans le livre "maman j'ai besoin d'être une fille"...la mère, en voyant que son "fils", quand il a décider de transitioner, fait extrêmement féminin, se détache assez facilement de l'ancienne apparence (pour un parent...donc cela ne se fait pas sans pleur et il y a tjrs l'idée d'un deuil) alors que son oncle je crois, quand il la vois, dit a sa mère, je verrais toujours en elle le petit garçon, je n'arrive pas à voir une fille....donc, sachant que l'oncle la cotoyait moins que la mère, on voit que ce n'est pas une question d'habitude à cotoyer la personne mais je pense qu'effectivement untel positionnera l'identité en fonction de l'apparence (la mère) et qu'un autre tel positionnera l'apparence en fonction de l'ancienne pseudo-identité (l'oncle)...enfin ces sujets là c'est super complexe, on a pas assez de donner scientifiques dessus, et sachant qu'actuellement on pense que seul la psychiatrie peut arriver à déterminer si une personne doit changer d'apparence ou non....c'est un peu trash de se faire une idée...mais je pense pas que tu doivent culpabiliser, puisque tu fais quand même ton possible....il faut peut-être essayer de voir avant tout l'apparence de la personne en face de toi et lui faire coïncider une identité puisque c'est elle qui a choisi son apparence pour la mettre en adéquation avec son esprit...bon c'est pas parfait puisque l'apparence ne détermine pas l'identité mais c'est toujours mieux que de se référer à l'ancienne pseudo-identité...enfin j'espere avoir été clair c'est compliqué
ExMembreW

Message par ExMembreW »

J'suis FtM et en France c'est assez la merde pour change de sexe, de prénom et d'état civil :!:

Tu l'as connu avant sa transition. A mon avis c'est normal que ca te perturbe un peu ce changement de "elle" en "il". Il y a un temps d'adaptation et puis "il" a toujours été "il" c'est juste qu'il ne le savait pas encore.

Je pense que quand on côtoie des trans on assimile le changement de "il" en "elle" ou "elle" en "il" plus rapidement.

Quand a sa sexualité c'est complètement différent du genre donc ca à la limite osef un peu.

Ses amis américains se sont vite adapté au changement, c'est peut être parce que dans leur langue il n'y a pas de marque féminin/masculin contrairement à la notre.
gertrude-khan
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Message par gertrude-khan »

Vyle:

Ses amis américains se sont vite adapté au changement, c'est peut être parce que dans leur langue il n'y a pas de marque féminin/masculin contrairement à la notre.

tout a fait d'accord les mots normalisent c'est un truc de fou...je pense que pour un MtF par exemple se faire entendre appeler il (même avant la transition) ca devait être comme des coups de marteaux sur ton identité, non?
Rusalka
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Message par Rusalka »

/mode racontage de life on/
Quand j'étais en 2è année de prépa, J. a débarqué d'une prépa parisienne dans la mienne à Toulouse.
Dès le début, elle a demandé à ce que les profs et les élèves l'appellent A. (diminutif unisexe).
Pour le diminutif, je n'ai eu aucun problème.
Par contre, si, malgré les vêtements larges, les attitudes, le changement à venir se voyait déjà, elle ne nous demandait pas de la considérer au masculin.
Après la prépa, on a perdu contact, mais ma meilleure amie l'appréciait beaucoup et malgré les km, ils sont restés en contact.
J'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à en parler au masculin. Pour P. (ma meilleure amie), c'était d'une évidence monstrueuse, mais, comme je traversais moi aussi mes propres questionnement, je pense que ça a influé sur mes hésitations. Du coup, petit à petit, et en sachant qu'A. est plus heureux comme ça, même si tout le processus n'est pas terminé, j'en parle définitivement au masculin. Ça m'a pris... largement un an, pour que ça soit naturel pour moi de dire "il". Alors, je biaisais, en formulant mes phrases autrement :ninja: (la gym du cerveau !).
/mode racontage de laïiiife off !/

Bon, je n'ai des nouvelles que par P., je ne parle pas à A. directement, mais le problème est tout de même similaire à mon avis.
Je pense que tu vas t'habituer petit à petit. Je sais qu'en ce qui me concerne, inconsciemment, j'avais toujours vu le garçon ;) . Mais c'est surtout en voyant/sachant que la personne en face est à l'aise, qu'on facilite le changement de pronom (et après tout, ce n'est qu'un pronom :lol: la personne n'a pas vraiment changé)
Sapho
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Message par Sapho »

[Bon, ok j'emploie le "tu" mais à vrai dire c'est plutôt comme ça que je le vois]
Je n'ai pas de grande expérience sur le sujet mais de mon point de vue, c'est vrai que si on as connu l'autre en tant que femme, et si il est maintenant homme, par rapport à si il est nait homme ce sera toujours au premier abord différent.

Tu chercheras sa part féminine dans le fait qu'il est maintenant homme, ces parts que tu n'aurais pas cherché chez un homme biologique. Parce que tu as étais habitué à lui en tant que femme et qu'il est nait femme, donc, peut être qu'il en as gardé certains traits, plus marqués qu'un homme biologique.

S'habituer au nouveau sexe d'une personne, c'est plus dur que juste changer son prénom , ou son pronom, c'est "aussi un peu y croire" à ce changement.
ZouPik
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Message par ZouPik »

Perso, je ne trouve pas que les trans sont si rares dans la société française, mais ça vient peut-etre du fait que les deux personnes les plus proches de moi le sont et que je vais à l'existrans :oops: .

Bref donc pour raconter ma vie, un peu, mon meilleur ami avant, était une fille et j'ai mis bien un an à ce que dans ma tête les souvenirs soient au masculin, et même encore maintenant, il y a parfois une rupture de genre dans mon esprit, certains souvenirs de 16 à 18ans sont "quand il était une fille" alors qu'une fois qu'il m'a clairement dit qu'il était trans, tous les souvenirs sont au masculin. Ça n'empêche pas que je ne vois en lui plus qu'un homme maintenant et que je l'accepte totalement.

Je pense que pour toi ça sera pareil, plus tu vas avoir de souvenirs de lui au masculin, moins tes souvenirs au féminin resteront et petit à petit ils changeront.
Eilraet
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Message par Eilraet »

Personellement après qu'Yxt m'ait trainé à l'existrans' je me suis rendu compte que tout ce qu'il me fallait c'était ne pas y faire attention.

Au final dire "il" ou "elle" pour une personne ça revient à dire "mademoiselle" ou "madame", on peut avoir une idée à priori, se tromper et on fini par associer le nom "madame" à quelqu'un même si elle correspond entièrement à ce qui dans notre tête correspond à "mademoiselle".

Bon après moi le truc qui m'a aidé c'est que j'avais déjà beaucoup parlé des trans' que j'ai cotoyés sur le chat, donc j'avais pris l'habitude d'associer le pseudo avec le bon genre.

Après ça arrive de glisser, j'ai fait le coup à Selen, je l'ai désigné en tant que "il", mais au final ça avait pas tellement d'importance, au bout d'un moment on voit même plus le sexe de la personne.

Donc pour moi y a pas 36 000 choses à faire, c'est très simple, tu continues à cotoyer J. comme si de rien était, et petit à petit tu vas te faire à l'idée, ou dans le "pire" des cas, tu auras un p'tit décalage entre ce que tu penses et ce que tu dis, mais tu auras choppé l'habitude néanmoins. Faut juste bien faire comprendre à J. que c'est pas une volonté de ta père de renier son changement de sexe, mais juste un temps d'adaptation.
moniiique
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Message par moniiique »

J'ai rencontré une fille trop choupette et elle est devenue quelques temps après un garçon trop choupi. Je ne me souviens pas avoir eu du mal à faire le changement dans ma tête, mais je crois aussi que sa voix, que sa prise d'hormones a rendu grave, m'a énormément aidée à ne pas faire de boulette. En fait je me rends compte que les seules fois où je me goure avec les trans' c'est toujours quand la voix ne colle pas avec l'image qu'ils me renvoient. Je bosse pour une asso avec trois trans', l'un a la voix grave et je ne me pose jamais de question dans les pronoms à employer, les deux autres sont en début de transition et si leurs apparences sont très claires et ne laissent pas de place à l'erreur, leurs voix sont encore celles de leurs genre d'origine ce qui fait que je boulette régulièrement. J'ai très honte quand ça m'arrive et je m'oblige à beaucoup réfléchir avant d'ouvrir la bouche et de sortir une énormité... C'est encore plus fréquent avec celle qui est MtF et je me demande si dans ce sens là, la voix peut réellement évoluer au point de perdre sa gravité masculine. C'est très perturbant de me dire que je sais très bien qu'ils sont un mec et une fille et que je me goure quand même parfois. Cependant, ils sont très cools avec moi quand ça arrive, aussi parce qu'ils savent que mes erreurs ne reflètent pas une non acceptation de ce qu'ils sont mais bien un réflexe débile d'association auditive contre lequel je lutte.

Je pense que tu vas te faire à l'idée que J est maintenant un ptit mec, et que la prochaine fois que tu le verras, tu ne te poseras même pas de questions.
Eosyn
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Message par Eosyn »

moniiique a écrit :J'ai rencontré une fille trop choupette et elle est devenue quelques temps après un garçon trop choupi. Je ne me souviens pas avoir eu du mal à faire le changement dans ma tête, mais je crois aussi que sa voix, que sa prise d'hormones a rendu grave, m'a énormément aidée à ne pas faire de boulette. En fait je me rends compte que les seules fois où je me goure avec les trans' c'est toujours quand la voix ne colle pas avec l'image qu'ils me renvoient. Je bosse pour une asso avec trois trans', l'un a la voix grave et je ne me pose jamais de question dans les pronoms à employer, les deux autres sont en début de transition et si leurs apparences sont très claires et ne laissent pas de place à l'erreur, leurs voix sont encore celles de leurs genre d'origine ce qui fait que je boulette régulièrement. J'ai très honte quand ça m'arrive et je m'oblige à beaucoup réfléchir avant d'ouvrir la bouche et de sortir une énormité... C'est encore plus fréquent avec celle qui est MtF et je me demande si dans ce sens là, la voix peut réellement évoluer au point de perdre sa gravité masculine. C'est très perturbant de me dire que je sais très bien qu'ils sont un mec et une fille et que je me goure quand même parfois. Cependant, ils sont très cools avec moi quand ça arrive, aussi parce qu'ils savent que mes erreurs ne reflètent pas une non acceptation de ce qu'ils sont mais bien un réflexe débile d'association auditive contre lequel je lutte.

Je pense que tu vas te faire à l'idée que J est maintenant un ptit mec, et que la prochaine fois que tu le verras, tu ne te poseras même pas de questions.
tu me rassures là moniiiique... Exactement pareil pour la voix, je trouve cela troublant et ca me fait m'emmêler les pinceaux, alors que pourtant dans ma tête c'est bien clair.
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