Je me sais bisexuelle depuis déjà quelques années, et j'ai fini par complètement l'accepter un peu plus récemment, j'en profite pour baver complaisamment devant Rita Hayworth dans Gilda et Harrison Ford dans Star Wars. Donc c'est plutôt chouette. À force on s'arme d'humour face aux préjugés faciles, ça aide beaucoup, parfois même ça aide à les vaincre. Je n'ai jamais eu de relation ni avec une femme ni avec un homme, je sais juste comment s'agitent mes hormones.
Reste le problème familial. Pour reprendre ce que je disais dans mon topic de présentation :
Résultat j'ai juste mon frère cadet qui "sait", et il balbutie beaucoup quand je l'évoque. Il n'est ni pour ni contre le mariage homo. Mon frère aîné, je sais pas. Il est clairement pas homophobe mais je ne connais pas sa position sur le mariage (je suis pour, personnellement).En fait au niveau familial j'ai pas à subir le pire traitement qui soit. C'est plutôt de l'homophobie complaisante. Du genre "j'ai rien contre les homos MAIS...". Bref : j'ai tout simplement deux parents qui n'ont, donc, rien contre les homosexuels, mais qui préfèrent quand même qu'ils restent dans leur coin. Ils m'ont affirmé que si je leur ramenais une fille, ils seraient tristes pour moi car ça voudrait dire une vie sans enfants et à l'écart de la société (??). Mon père pense que le mariage homo pourrait faire imploser la société, car ce serait une "boîte de Pandore".
Je me pensais lesbienne à 13 ans, ma mère m'a engueulée en me disant que c'était la faute de t.A.T.u dont j'étais fan à l'époque. Je lui ai avoué ma bisexualité à 18 ans (seule période de ma vie où j'ai été profondément amoureuse, et c'était une femme), elle m'a affirmé que j'étais à un âge où j'avais besoin de passions, donc c'était normal. En version courte : "t'inquiètes, c'est une passade." Aujourd'hui elle me croit hétéro.
Je n'ai pas fait mon coming out à mon frère aîné. Mon frère cadet s'est contenté de dire qu'il comprenait maintenant pourquoi j'avais autant de personnages féminins dans mes histoires.
Mon grand-père a déjà affirmé que si un de ses petits-enfants était homo, il le laisserait plus rentrer chez lui. J'en doute. C'est quelqu'un de très influençable, si sa petite-fille chérie s'avère être lesbienne, il saura mettre de l'eau dans son vin. Enfin j'espère.
Je ne sais pas si je devrais faire mon coming out à ma famille. En ce moment avec la loi du mariage pour tous, j'ai l'impression d'être insultée au quotidien et ce que je trouve atroce, c'est que j'ai l'impression de voir le visage de mes parents à chaque fois que j'entends un argument contre. Je suis forcément biaisée, je leur en veux et je m'en veux de leur reprocher ça, je n'arrive plus à distinguer homophobie et arguments légitimes. Je les aime vraiment énormément mais je me sens moins proche d'eux à cause de ça. J'ai l'impression que ça a brisé quelque chose. Depuis mon arrivée à Paris, en revanche, mon entourage a été super tolérant. Ma cousine en particulier, catholique d'ailleurs, y en a plus qu'on ne le croit. Mais même des gens que je rencontre lors d'une soirée ou autre. On discute, on en vient à parler de ça et j'évoque souvent ma sexualité pour expliquer ma position.
C'est quand même paradoxal de dire tout naturellement "je suis bi" ou "quant à mon ex, elle..." à de quasi illustres inconnus et ils ne battent pas un cil, et flipper autant face à sa famille.
Du coup je sais pas trop quoi faire. Je ne sais pas si ça m'aiderait à dépasser cette sensation de cassure entre mes parents et moi si je leur faisais mon coming out. Et surtout comment je leur ferais mon coming out. Je trouve d'ailleurs désolant qu'on "ait" à le faire. Comme si on avait déjà entendu "papa, maman, je suis hétéro".