De la marginalité.

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zphyr
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De la marginalité.

Message par zphyr »

La marginalité LGTB est-elle le fait d'une identité affective et sexuelle différente, ou bien celui de répondre au monde hétéronormé ?

Lire l'article dans Infos, conseils > Réflexions, Conseils
Bob91
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Re: De la marginalité.

Message par Bob91 »

Je suis carrément d'accord, pour dire qu'en se cantonnant au titre LGBT on s'est fait exclure, certes, mais on a fini par s'auto-exclure. Ta manière de penser ressemble de manière quasi identique à la mienne (je ne me présente jamais comme bi gay hétéro ou trans par exemple pour presque les mêmes raisons).

Cependant, cette marginalisation est, sinon excusable, pour le moins ,prévisible, parce que, on reste une minorité culturelle, et dans la schématisation de notre manière de vivre (là je parle des cas généraux, hein, on est bien d'accord), on retrouve le même comportement, et les mêmes réactions de l'autre envers nous, que pour ce qui est de certaines minorités ethniques, par exemple. (Pensons au quartiers chinois, maghrébins, italiens, etc.)

De plus, il ne faut pas non plus aller à l'autre extrême, du genre s'exclure de tout ce qui n'est pas hétéro (ou dans la 'norme', disons), parce que, mine de rien, nous avons une culture, aussi (et je ne parle pas uniquement de The L Word et de la mode), et je suis d'avis que toute contribution et tout échange culturels, servent à bâtir un monde meilleur et plus beau (ouaiiiisssss je suis une optimiste, au fond). (Ou en serions-nous, rien qu'en musique, sans, par exemple, le Redeem, qui, certes, est un apport assez récent, mais, vient tout-de-même de la culture d'une minorité ethnique? HEIN??? )

Soyons nous-mêmes, en effet, ni plus, ni moins!
Et je dis bravo à ton article (et surtout à l'esprit derrière!)
Adyton
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Re: De la marginalité.

Message par Adyton »

C'est le matheux qui sommeille en moi qui ne peut s'empêcher de réagir : je ne me sens pas marginal mais minoritaire. Je ne me sens pas différent par mon comportement, il y a bien des hétéros beaucoup plus excentriques que moi, mais par mon mode de vie : vivre avec un autre homme crée toujours un premier regard surpris. Des intégristes religieux me semblent plus marginaux que des gays malgré leur discrétion et ils peuvent faire plus de dégâts localement (une fête entre potes gays de temps en temps est moins pénible qu'un ascenseur bloqué toutes les semaines pour cause de shabbat...).

Je refuse d'être marginal, je suis intégré dans mon entourage avec mes différences qui m'intègrent à une minorité.
chemin faisant
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Re: De la marginalité.

Message par chemin faisant »

Salut!

Zphyr, qu’est-ce qui te fait dire que “le plus grand problème de l’homophobe c’est que notre différence ne se voit pas ! Que l’on nous préfèrerait de couleur, ou à défaut drag-queen, bref visibles.” ?

Je crois au contraire que l’homophobe nous reproche avant tout notre visibilité. Tel Alain Finkelkraut quand il évoquait, pour en regretter la disparition, un “art de vivre homosexuel” caractérisé par “la discrétion, l’ambiguité, l’indétermination, la pudeur”. (avril 1995 dans un entretien accordé au Journal du sida)

Sauf que si on reste cachés, ce n’est pas par “art de vivre”, c’est lié à l’injure et à la discrimination!

Lire à ce sujet, dans le Dictionnaire de l’homophobie, l’article “discrétion/placard” (ouvrage réalisé sous la direction de Louis-Georges TIN disponible chez PUF).

Amitiés
chemin faisant
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Inscription : mer. mars 22, 2006 9:15 am

EN REPONSE ... ;)

Message par chemin faisant »

EN REPONSE ... :wink:

L’identité gay ou lgbt n’a plus le vent en poupe. On lui reproche de nous enfermer dans des étiquettes, dans des guettos, on lui reproche d’être communautariste, elle nous condamnerait à la marginalité, elle serait un frein à l’accès à une parentalité acceptée...

Pourtant, à l’origine de “l’identité gay”, il y a la nécessité, pour ceux qui ont d'abord vécu leurs désirs homos comme quelque chose de honteux, de se reconstruire une identité dont ils puissent être fiers. Quand, au collège, les “garçons sensibles” se font traiter de “pd”, pendant que d’autres, qui savent mieux cacher leur différence, en tirent les leçons... Pouvoir se dire “je suis gay”, c’est la possibilité d’accepter fièrement ce dont tout, autour de vous, vous pousserait à avoir honte. Histoire simplement de pouvoir se construire une identité vivable pour ne pas mettre fin à ses jours. Tant que notre société véhiculera l’homophobie; l’identité gay, la communauté gay, la culture gay, la Gay Pride auront toute leur raison d’être. Que nous puissions nous dire "je ne suis pas tout seul", "je fais partie de ceux-là", il y a une identité, une culture dont je peux me reconnaître.

Bien sûr, je ne vois aucun inconvénient à ce que des personnes vivent leur sexualité “sans étiquette”, sans se reconnaître dans la communauté gay, dans la gay pride.... Mais qu’on n’oublie pas que l’union fait la force. Qu’on n’oublie pas qu’on nous a longtemps imposé l’invisibilité (“l’art de vivre homosexuel” cher à Finkelkraut!), l’isolement et la honte de nous-même. Et que parmi ceux qui nous reprochent “communautarisme” et ghettoïsation, nombreux sont ceux qui le font car le fait que nous ne soyons plus seuls les gênent.

Christine Delphy in L’humanitarisme républicain contre les mouvements homo (Réflexions sur la "solidarité", le refus de l’égalité et la haine des "communautés") :

“Les mouvements les gênent parce que nous n’arrivons plus en ordre dispersé (...) C’est pourquoi ils nous voulaient, nous veulent seuls. Pour nous avoir tout à eux. Quand nous suivions leurs règles d’amants sadiques : ne vois personne, ne parle à personne, attends mon coup de téléphone ; quand nous étions déboussolés par leurs instructions contradictoires, égarés par nos courses de cachette en cachette, étourdis de mensonges, les nôtres, les leurs, quand nous étions affolés de solitude ; alors nous tombions dans leurs bras, malades : comme ils nous avaient toujours dit que nous étions. Et ils pouvaient exercer sur nous leur " humanité ", leur " solidarité ". Nous étions suspendus à leurs lèvres, d’où sortaient des paroles de compassion, suspendus à leurs mains, d’où sortaient des ordonnances de valium, suspendus à leur compréhension, à leur tolérance, à leurs conditions.

(...) Et pourtant, il va bien falloir. Qu’ils y renoncent. Quand ils font semblant de s’amuser de la fierté homo - fièr-e-s, mais de quoi, Grand Dieu ! - , ils rient jaune. Car ils savent que ce système ne tenait que par leur capacité à nous imposer une façon de vivre objectivement honteuse et donc une honte subjective qui nous paralysait, nous laissait à la merci de nos saigneurs.

Ils savent que se laver de la honte, c’est lever la paralysie ; qu’à leur humanitarisme, nous répondons par une solidarité entre égaux. Et que les mouvements - féministe, homo, et les autres, y compris ceux qui n’existent pas encore - ne disparaîtront pas : on ne nous suspendra plus.”

A débattre ...
floridjan
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Re: De la marginalité.

Message par floridjan »

J'aime beaucoup ton dernier paragraphe :

Alors j’aime à brouiller les cartes. J’aime me présenter gay et père de famille, en couple fidèle ne dédaignant pas bars gays et backrooms, néo-rural outé… Valse des étiquettes et des cases ! Je ne suis ni « hors-milieu » ni dedans, je vis ma vie comme je pense qu’elle m’épanouit, sans qu’elle me transforme en bête de foire. Et je crois que ce que nous pouvons apporter à la société des hommes, nous les « alters » c’est cette liberté d’être soi, différent, forcément différent des autres, mais tellement proche et faisant partie de l’humanité. Oui, j’aime à croire que nous pouvons aider les hétéros à briser leurs carcans moraux de sorte que chacun puisse s’épanouir suivant son être et avec les autres.

:D
la belle affaire
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Re: De la marginalité.

Message par la belle affaire »

heu.... vous avez dit marginalité !

Sans vouloir m'inscrire dans un propos qui s'attache aux formalités, faut-il envisager un "statut" figé, caractérisé, si ce n'est précis voire irréversible et définitif ? La marge à ceci, à mon humble avis, de définir un écart situé là sur un bord. Si la page est notre espace partagé avant d'être de côté, quel qui soit, centré de biais ou bien décalé. Peu m'importe là où je me pose, le plus précieux est d'être celui qui ne prend pas la pose. S'il s'avère difficile d'être étiqueté, je préfère être en mouvement, ni rangé ni catégorisé.
La loi de la cité est faite par les hommes, à nous d'y participer. Muet, caché, exposé, dissimulé ou bien là juste à côté.... Autant de façon de parler de diversité dans cette immensité. L'humanité n'est pas si rose, pas plus morose, juste en renouvellement.... Nous sommes dans un courant qui se compose si l'on ose... Le premier pas n'est pas toujours à attendre de l'altérité, nos bizarreries sont si communes ma foi et relèvent des temps anciens bien avant l'antiquité.... Rien de nouveau sous le soleil si ce n'est ce premier regard qui nous fait frémir et nous rend tout chose!
chemin faisant
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Inscription : mer. mars 22, 2006 9:15 am

Re: De la marginalité.

Message par chemin faisant »

Waouh! C'est beau ...
looping
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Inscription : jeu. sept. 27, 2012 4:55 am

Re: De la marginalité.

Message par looping »

Bel article :gentil:
Et cette visibilité, on l’invente et on nous l’impose
cette phrase me fait penser à certaine réflexion que l'on me fait depuis mon CO. Certaines personnes disent : "maintenant on voit que tu as quelque manières "homo""

c'est marrant comme les gens changent le regard sur qqn quand ils connaissent sa vraie nature :erm:
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