Le mariage gay : évolution naturelle du mariage?

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jedi69
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Le mariage gay : évolution naturelle du mariage?

Message par jedi69 »

Le mariage, institution figée consacrant l'amour d'un homme pour une femme et creuset idéal pour l'enfant? Pas vraiment, un petit rappel historique...

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basti
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Message par basti »

Merci pour ton article. C'est une très bonne idée que de démystifier l'idée d'un mariage éternel qui aurait toujours été semblable à celui que nous connaissons aujourd'hui.

L'Eglise catholique avait, à cette époque, le monopole de la réglementation du mariage.
Oui et non. En 1579, l'ordonnance de Blois d'Henri III fixe la majorité à 30 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes. C'est donc la loi civile, la loi du roi de France, qui permet que les enfants qui se marient avant ces âges sans son consentement soient déshérités par leur père. Le droit canon, la loi du pape, n'exige que le simple consentement mutuel des deux époux, sans mentionner les parents.

L'Église qui accueille à bras ouverts dans ses couvents les filles qui refusent le mariage concocté par leur père offre une relative liberté. Des femmes ont pu exercer des responsabilités de chef d'entreprise à travers la fonction d'abbesse, alors que les femmes mariées, entièrement soumises à leur mari, ne pouvaient pas effectuer de transactions financières.
Le mariage d'amour ne fera son apparition qu'avec la libération des femmes (assez récente).
... ou plutôt : "ne sera généralisé qu'avec...". Relisons le Cantique des Cantiques, ou les comédies de Molière où le mariage d'amour pointe son nez.

Sinon, pour compléter la chronologie, ajoutons en 1816 la loi Bonald qui interdit le divorce, et en 1884 la loi Naquet qui le rétablit.
jedi69
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Message par jedi69 »

basti a écrit :Oui et non. En 1579, l'ordonnance de Blois d'Henri III fixe la majorité à 30 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes. C'est donc la loi civile, la loi du roi de France, qui permet que les enfants qui se marient avant ces âges sans son consentement soient déshérités par leur père. Le droit canon, la loi du pape, n'exige que le simple consentement mutuel des deux époux, sans mentionner les parents.
Ha, celà je l'ignorait, et je ne l'ai pas trouvé sur les quelques sites sur lesquels j'ai farfouillé pour écrire cet article.
basti a écrit :L'Église qui accueille à bras ouverts dans ses couvents les filles qui refusent le mariage concocté par leur père offre une relative liberté. Des femmes ont pu exercer des responsabilités de chef d'entreprise à travers la fonction d'abbesse, alors que les femmes mariées, entièrement soumises à leur mari, ne pouvaient pas effectuer de transactions financières.
Quelle liberté, se marier selon les voeux de son père ou se faire none...
Pour le reste l'Eglise semblerait moins sexiste que le société civile de l'époque... Ca a bien changé...
basti a écrit :
Le mariage d'amour ne fera son apparition qu'avec la libération des femmes (assez récente).
... ou plutôt : "ne sera généralisé qu'avec...". Relisons le Cantique des Cantiques, ou les comédies de Molière où le mariage d'amour pointe son nez.
Oui tu as tout à fait raison.
basti
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Message par basti »

Un éventail un peu plus large des libertés des femmes :
C'est évidemment lorsqu'elles sont seules que la capacité d'agir des femmes caennaises se manifeste le plus clairement: célibataires disposant de leurs biens11, intervenant dans le marché des rentes12, orphelines partageant l'héritage venant de leurs parents13, veuves agissant en leur propre nom ou au nom de leurs enfants lorsque la garde leur en a été confiée14, femmes divorcées, séparées de leur mari par la justice ecclésiastique15, tenues de suppléer un mari défaillant16, ou encore femmes vieillissantes se «rendant» à un proche17
Denise Angers, Libertés et contraintes dans les actes de femmes dans le tabellionnage de Caen (2e moitié du XVe siècle), Tabularia « Études », n° 3, 2003, p. 89-100, 20 octobre 2003
http://www.unicaen.fr/mrsh/crahm/revue/ ... ngers.html
basti
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Message par basti »

J'ajoute aussi un lien vers l'émission de France Culture rediffusée sur internet pendant quelques jours :
http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... /index.php

L'invitée est la sociologue Martine Segalen et le paragraphe d'introduction commence ainsi :

Le mariage : insubmersible ?
Emission du 02 Octobre 2004

La revendication par les couples d'homosexuels d'un droit au mariage met en lumière son droit "instituant", révélant ce dont sont privés ceux qui ne se marient pas
Ankh Neferkheperou
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Message par Ankh Neferkheperou »

Intéressant, en effet, ce résumé de l'évolution du mariage en Occident. Ta démarche est positive, dans le sens où il faut connaître le passé pour comprendre le présent.

J'aimerais, si tu le permets, apporter quelques petits compléments. :oops:

Tu dis par exemple :
Ces mariages (consanguins) étaient courants dans l'aristocratie afin de ne pas émietter les terres.
Attention, les mariages consanguins, contrairement à ce qu'on croit souvent, ne sont nullement l'apanage des nobles dans la société médiévale, ni dans celle d'Ancien Régime, et on le trouve dans toutes les couches de la société. Nous sommes tous issus à un moment donné de mariages consanguins, nobles ou roturiers, il faut s'y faire (oui, je sais, chez certains ça se voit plus que chez d'autres ! :lol: ). Il y avait chez les bourgeois et les paysans le même souci de conserver ou d'accroître les possessions familiales. D'autre part, il faut aussi tenir compte du fait que les gens se déplaçaient peu ; on se mariait souvent dans la communauté dans laquelle on vivait, ou les alentours immédiats. Inévitablement, on tombait sur des unions consanguines. J'étudie les archives de la commune dans laquelle je vis, et je peux te dire qu'on trouve vraiment ce phénomène dans toutes les classes sociales. Du reste, le fait d'associer noblesse et mariage consanguin vient de la Révolution ; ça a été un des arguments pour diaboliser la noblesse (comme la débauche, la cruauté, le vice, etc.).

Même chose pour le mariage arrangé. Il s'applique dans toutes les classes sociales. L'amour, tel que nous l'entendons, n'existe pas dans le mariage, pas plus d'ailleurs que dans les rapports parents-enfants ; ce serait faire un terrible contresens de projeter cette idée d'aujourd'hui sur le passé. Le mariage a pour but unique d'assurer la descendance de la lignée : n'oublions pas que pendant longtemps, la stérilité était une cause d'annulation du mariage (et la stérilité était toujours féminine, bien sûr). C'est aussi, comme tu l'as dit, un moyen pour les familles de faire d'intéressantes transactions. Très souvent aussi, les enfants étaient "promis" en bas âge. Evidemment, quelquefois les choses pouvaient bien tomber (Marie Thérèse était très amoureuse de son Louis XIV, apparemment) et le couple connaître un véritable amour. Mais ce n'était pas là la finalité. L'idée même d'aimer son mari ou sa femme aurait sans doute parue très surprenante à une personne de ces époques ; tout au plus un rêve de jeune fille, et encore.

Du point de vue religieux, le mariage est, dans le christianisme d'autrefois, l'un des sacrements obligatoires. Hors de question de rester célibataire sans être religieux, même pour les princes ; l'exemple le plus fameux est sans doute Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV : homosexuel avéré, il n'en est pas moins contraint au mariage (et avec intediction de porter une robe, bien entendu !).

Je ne suis pas certain que le mariage arrangé disparaisse avec la Révolution. Pour ce que je peux constater dans les archives en tout cas, l'essentiel des mariages restent même arrangés très loin dans le XIXe s., y compris dans le milieu paysan.

En ce qui concerne la conclusion, on peut aussi se poser une autre question : le mariage a-t-il encore une quelconque utilité ? C'est vrai, il garantit la transmission des biens, protège l'époux survivant des abus des héritiers (quoi que pas toujours efficacement, malheureusement). Son côté pratique a donc évolué. En ce qui concerne la descendance en tout cas, il n'est d'aucune utilité.

Je n'approuve pas le mariage, qu'il soit hétéro ou homo ; je n'y vois aucun véritable intérêt du point de vue de l'amour, justement. Par contre, je suis tout à fait d'accord que rien ne devrait s'opposer au mariage entre personnes du même sexe si elles le désirent, en vertu du principe d'égalité.
celine
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Message par celine »

basti a écrit :
Le mariage d'amour ne fera son apparition qu'avec la libération des femmes (assez récente).
... ou plutôt : "ne sera généralisé qu'avec...". Relisons le Cantique des Cantiques, ou les comédies de Molière où le mariage d'amour pointe son nez.
Le mariage de la première inclination est-il vraiement un mariage d'amour? C'est certe un progrès, mais très faible. D'autant que c'était une sorte de mariage mixte, inclination + accord des parents lié à des raisons de patrimoines voire de caprice personnel de la part desdits parents.
Et cette tradition de demander la main de la jeune fille d'abord aux parents est restée ancrée dans les moeurs très longtemps.
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