Ais-je droit au salut ?

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Kefka
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Ais-je droit au salut ?

Message par Kefka »

Ou comment j’en suis venu à me haïr

Lire l'article dans Infos, conseils > Réflexions, Conseils
OFF-Topic :
Il est loin le temps où j'écrivais sous le pseudo de Phoenix85. Et de fait, il est encore plus loin celui qui a vu naître cet article. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. Entre temps, j'ai pu devenir presque sociable, apprendre à mieux me connaître, et mettre beaucoup d'eau dans mon vin. Comme quoi ... Apparemment, même quand les cas semblent désespérés, on arrive parfois à en tirer quelque chose de vaguement potable. Ou alors les personnes qui me supportent méritent vraiment la médaille du dévouement et du mérite. Du coup, cet article ne s'applique plus vraiment et n'a plus autant de pertinence pour me comprendre et me décrire. Mais autant le laisser, au cas où ...
Dernière modification par Kefka le lun. janv. 14, 2013 7:26 pm, modifié 2 fois.
anonymeB

Message par anonymeB »

Eh oui.... Je savais que j'étais pas le seul dans ce cas, mais à ce que j'ai pu voir.... y'en a même plein qui sont comme moi.

J'ai réfléchi, et je crois que le problême, c'est une peur de l'erreur. Nos envies peuvent nous mener dans le trou, dans le faux pas, nous en faire prendre plein la gueule alors que la réflexion, à fortiori quand la personne est intelligente, fera toujours prendre la décision la plus juste, la plus efficace, la moins risquée aussi... Mais probablement la plus froide en même temps! Cela satisfait probablement un endroit du cerveau... mais est-ce que le corps est-il satisfait?

A grande échelle, cette peur de l'erreur peut se transformer en peur de vivre complête. Ignorer nos envies: elles nous feront mal tôt ou tard, car une personne aimée finie par mourrir ou partir, une passion finit par disparaître par manque de temps, etc... Enfin, ce n'est pas sûr, mais il y a de grandes chances!

Il en résulte une séparation complête de l'émotionnel et de l'intellectuel.... et certains ont probablement tendance à n'utiliser plus que l'intellectuel. Est-ce pour autant que la personne est "intelligente"? Est-ce la bonne solution?

Avant, une personne intelligente était pour moi une personne qui utilise son cerveau plutôt que ses envies, comme si les deux allaient l'un contre l'autre. Je préfère penser autrement maintenant: une personne intelligente aura une capacité d'évolution ( émotionnel ET intellectuelle ) plus rapide, apprenant plus facilement les leçons de la vie et les analysant plus facilement à l'inverse d'une personne moins intelligente qui répetera sans cesse et sans cesse les mêmes erreurs sans prendre le soin de se poser les bonnes questions. ( je parle de l'intelligence de tout les jours, pas de celle dont on fait preuve en face d'un problême de math... ).

C'est identique pour une personne mature: une personne mature est-elle une personne qui sait prendre à l'avance les décisions selon ce que dicte son intellect ?Ou est-ce une personne qui a fait des erreurs, donc qui a vécu, et sait utiliser ses erreurs passées afin de ne plus reproduire les erreurs? Je crois là aussi, que c'est la deuxiême solution.

Le pire, c'est que ce sont des choses dont on est bien souvent capable naturellement mais qu'on s'interdit vraiment de faire, par peur: pourquoi je ne sauterai pas d'un avion à 9000 mètres d'altitude? Probablement parce que je suis tombé d'une hauteur de 10 centimètres étant petit et que je sais que ça fait mal, donc j'extrapole inconsciemment à une hauteur de 9000 mètres. Donc voilà, c'est bien la preuve que je suis capable d'apprendre si je mets mon cerveau de côté.

En regardant en arrière, je ne suis ni "intelligent" ni "mature": je continue à faire des erreurs débiles, que ce soit en cours, dans les relations avec les gens, dans la vie de tout les jours: je n'ai rien apprit.... car je m'interdisais la moindre erreur en n'utilisant QUE mon intellect. Et quand je faisais une erreur malgré tout et croyait avoir apprit la leçon, je reproduisais l'erreur de nouveau, parfois même plusieurs fois, car je prenais tout sur moi, maudissant mon intellect insensible et incapable d'apprendre de ses erreurs passées.... Normal, je faisais totalement impasse sur mon ressenti.

Je m'apperçois qu'en fait, certaines choses deviennent plus claires: je me demandais "Mais pourquoi n'ai-je pas l'impression d'avoir évolué en 5 ans? Pourquoi en suis-je encore au même stade où j'ai toujours l'impression de ne pas me connaître? Pourquoi ai-je l'impression d'être bien plus stupide que le moins éduqué de mes potes? Pourquoi est-ce que je suis constamment en admiration devant certaines musiciens, certains étant parfois parfaitement stupides?"... La réponse est si simple en fait. J'ai simplement refusé de me connaître, nié une partie de moi: je sais comment je réfléchis, mais je ne sais pas comment je ressens. Et en ne se connaissant pas, on ne peut pas avoir d'influence sur soi-même.

Si tu veux vivre, si tu veux apprendre, évoluer, et pouvoir un jour, sur le lit de mort, regarder derrière et se dire "J'ai vécu, j'ai apprit, je peux partir" et surtout, avoir une chance d'être satisfait de sa vie à ce moment là, il FAUT mettre son cerveau de côté dans la vie de tout les jours, il FAUT se laisser aller, ressentir, et très probablement souffrir. Il n'y a pas d'autres solutions.

Un ordinateur ne souffre pas, mais il ne ressent pas et n'évolue pas non plus et quand il s'éteint, il s'en fout. C'est bien les émotions qui font d'une personne un être humain.
Kefka
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Message par Kefka »

Brutal, tu as mis le doigt sur le fondement même de mon comportement. La peur de l'erreur. J'ai été élevé dans l'objectif de l'excellence. Et maintenant, j'ai peur de ne pas atteindre la perfection. Ca me rend presque malade de pouvoir faire une erreur. Je n'en supporte pas l'idée. Alors, je fais en sorte que tout soit "parfait". Je maîtrise les variables, je contrôle. Comme j'assimile mes objectifs à cette perfection tant recherchée (au sens où ces objectifs sont "parfaits" puisqu'ils remplissent mes attentes), j'use de tous les moyens dont je dispose (qu'ils soient matériels ou humains).

Ca a complètement dégénéré. Je suis tellement obnubilé par l'envie de réussir que tout ce qui ne me permet pas d'atteindre mes objectifs est considéré comme un obstacle. Par extension, mes sentiments, je les ait oubliés et je suis devenu égocentrique et cynique (pour preuve, pendant un moment, j'ai cru que l'amitié était une marque de faiblesse puisqu'elle signifiait une aide extérieure). Et là, je suis seul, personne ne me connaît réellement. Je joue un film, du matin au soir.

Le processus que j'ai enclenché me terrifie. Pour une fois, je ne maîtrise rien, les événements me dépassent. Et je dois l'avouer, pour le moment, je suis en proie à une peur panique. Pendant 10 ans, j'avais le contrôle. Et là, je me retrouve balancé dans un monde dont je n'ai jamais compris les règles. Je suis comme un môme qui fait ses premiers pas et j'ai peur de me casser la gueule.
ex-membre 11
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Message par ex-membre 11 »

Plus jeune j'étais un chamallow : tu appuies, ça réagit mollement et ça reprend sa forme dès que tu le lâches. Et un chamallow, ça n'agit pas, ça attend.

Pour résumer, une fois déchamallisé, j'ai compris que je n'arrivais pas à me confronter à qui j'étais vraiment, et notamment à mon homosexualité. Du coup, plutôt qu'agir, je ne faisais qu'attendre que quelque chose m'arrive. J'ai eu de la chance, puisque c'est arrivé, mais à 25 ans....

Avec le recul si je me rencontrais avant cet age-là, je me mettrais des baffes :lol:

Bougez vous les fesses, les mecs ! Lâchez prise !
iorini
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Message par iorini »

Phoenix,
Comme nous venons d'avoir un débat sur l'addiction (ici : http://www.et-alors.net/forum/ftopic10950-0.php), je voudrais citer les paroles très sages de lestump
" Il faut apprendre a faire les choses par étapes, monter les marches une a une, apprendre a tomber et a se relever. Fixe toi de petits objecifs, diminuer la consomation, ou peut être t'obliger a une sortie au moins une fois par semaine. "
Je ressens ton problème comme quelque chose de similaire à une addiction, puisque tu t'es rendu compte que tu ne pouvais plus continuer ainsi sous peine d'exploser.
La première idée serait alors de suivre cet excellent conseil de lestump, en te fixant des mini objectifs réguliers.

Peut-être, si tu t'es trop englué avec tout ton entourage, cela te serait plus facile en vacances, je pense à un voyage dans un pays totalement différent où tu es de toutes façons obligé de changer la façon d'interagir avec les gens. Un voyage avec des rencontres imprévisibles, genre un peu à la dure, où tu n'as pas d'autre choix que d'aller vers les gens, l'isolement, le manque d'habitude, la nouveauté et la complexité te forçant alors à communiquer avec ton coeur.

Enfin, je suis convaincue que tu vas y arriver, les petits enfants y arrivent bien, mets-toi dans la même situation qu'un petit enfant qui découvre le monde, accepte d'être apprenti de ce monde nouveau pour toi.

Gros bisous, et comme pour tous ceux qui ont écrit un article qui remue, protège-toi et prends soin de toi.
iorini
Adyton
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Message par Adyton »

iorini est comme toujours de bon conseil.

Le mieux est l'ennemi du bien dit la sagesse populaire, elle a bien raison, mais notre monde ne nous pousse pas facilement dans cette direction, c'est tout le contraire du travailler plus pour gagner plus, il s'agit ici de savoir s'arrêter de travailler pour regarder un peu le monde autour de soi et le ressentir.

Courage, tu n'es pas tout seul, même s'il n'y a que nous qui le savons :wink:
zphyr
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Message par zphyr »

Phoenix, je suis bien content. Ça faisait un moment que je te lisais en me disant : il est casse-pied à tout ramener à un savoir universitaire et péremptoire (limite prétentieux !). Et voilà que tu te découvres ! Tiens, il y a un homme derrière tout ça ? :wink: Un homme fragile, paradoxal, complexe mais vivant !
Et c'est pour ça qu'on aime une personne, parce qu'elle est bourrée de défauts mystérieux (et aussi de qualités)
Peur de n'être pas parfait, peur de n'être pas aimé si l'on n'est pas pas parfait ! OOOh, je connais bien : nos parents ont confondu amour et mérite et c'est un boulet terriblement lourd... Mais qui rouille !
Ça se soigne, la preuve vous êtes deux sur ce forum à faire fissurer l'armure, et il y en a d'autres qui se débattent avec !

Surtout, pas de panique : dites, les gars, vous êtes à l'aube de votre vie, vous avez déjà compris beaucoup de choses sur vous-même, alors laissez vous aller doucement à un peu de sensualité, laissez vous toucher par un peu d'irrationnel... Empêchez-vous de réagir en mettant des échanges autant affectifs qu'intellectuels (une conversation) dans la rubrique "arguments irrecevables dans le contexte scientifique".

Bref, échangez avec votre corps autant qu'avec votre tête (d'habitude, j'aurais souligné le côté graveleux et ambigu de cette phrase , mais là j'ai pas envie !) : un sourire, un regard, c'est souvent plus signifiant qu'une idée. C'est votre point de départ, qui va vous plonger dans un échange affectif, où vous vous sentirez faibles et nus d'abord, puis éveillés et vivants...
Et même... qu'un jour, vous aprecierez d'avoir fait des erreurs, car elles vous auront entraînés dans des lieux inconnus et parfois délicieux.

Allez, bon vent, la vie vous appartient, faites-en bon usage : jouissez-en ! :P
Kefka
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Message par Kefka »

On devrait déclarer ce forum d'utilité publique !

Tout d'abord, merci à Brutal, Eedee, Iorini, Pygargue et Zphir d'avoir réagis. Et comme d'habitude, vous êtes tous d'excellents conseils. Merci pour ce soutien. Tout ça me chamboule tellement que je ne sais quoi dire. J'ai toujours aussi peur de perdre le contrôle mais en même, c'est fou comme ça fait du bien de se lâcher (un peu comme pour les montagnes russes, ...)

Je vais essayer d'appliquer vos conseils. Iorini, comme je vais partir en Autriche, je vais devoir aller vers les autres et me frotter à des relations sans "barrières". On verra bien ce que ça produira ... Encore une fois, merci à tous :D

Edit : Je m'aperçois que j'ai oublié une petite chose. C'est en réponse à Zphir. Désolé pour ce comportement que tu pointes au début de ton post et qui s'est accentué ces derniers temps. C'est mon autre gros défaut : comme je ne "maîtrise" (je commence à haïr ce mot ...) le sentimental, je me réfugie dans l'intellectuel car c'est un terrain où je me sens à l'aise. J'espère que je vais réussir à changer ça aussi ...
zphyr
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Message par zphyr »

phoenix85 a écrit :


Edit : Je m'aperçois que j'ai oublié une petite chose. C'est en réponse à Zphir. Désolé pour ce comportement que tu pointes au début de ton post et qui s'est accentué ces derniers temps. C'est mon autre gros défaut : comme je ne "maîtrise" (je commence à haïr ce mot ...) le sentimental, je me réfugie dans l'intellectuel car c'est un terrain où je me sens à l'aise. J'espère que je vais réussir à changer ça aussi ...
Je l'avais bien compris comme ça. Ne t'inquiète pas, à 20ans, je faisait pareil (sauf que j'avais une sensualité déjà débordante :P )
Kliban
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Message par Kliban »

Hello ! Je suis surpris que tu n'aies pas été plus commenté, c'est un très beau post. Enfin, moi, il me touche, sans doute parce que j'en suis, dans une certaine mesure, passé par là. :ninja: :)

Ca serait intéressant de savoir où tu en es, un peu plus de six mois après ? Est-ce que les choses se sont débloquée ? Est-ce que tu te sens mieux vis-à-vis de toute cela ? Est-ce que tu as fait des rechutes ? Est-ce que tu as découvert autre chose ?


Pour info, j'ai découvert ce problème que toi et Brutal résumez bien vers 30 ans seulement - à cela près que la peur de l'erreur ne me vient pas d'une culture de l'excellence, c'est un peu plus complexe. Je suis notamment moins dans le désir de contrôle des gens et des choses - toujours eut un peu trop d'empathie, d'ailleurs - en revanche, j'étais totalement dans le désir de maîtrise de toute culture - et il m'a fallu du temps pour me rendre compte de l'impossible, ici, même si j'en ai appris à naviguer dans bien des espaces de pensées, à la longue : une culture, si ce n'est pas incarné, ce n'est pas maîtrisé, c'est juste embrigadé, et stérile.

Brutal l'a bien dit : le ressenti, c'est le maître-mot. C'est par la tête qu'on pourrit - c'est par la tête qu'on se défend d'avoir à ressentir, à exister avec son corps d'émotions - moi, c'était avec mon corps tout court. Vouloir contrôler, ce n'est pas simplement désirer être parfait, c'est aussi éviter de se mettre dans des situations de ressenti potentiellement douloureux - l'échec - la défaillance par rapport au regard de maman ou de papa. Il y a là-dessous, bien souvent, une sensibilité qui grogne, qui pleure ou qui hurle, ne serait-ce pas évident à voir. Nous sommes des animaux sociaux - et donc des animaux émotionnels, ou sentimentaux.

Le refuge dans le monde intellectuel donne, un temps, un indéniable capital social. Mais en termes affectifs, c'est une camisole de force - un mini-suicide. C'est un peu comme si on refusait - presque désespérément - de dépasser l'adolescence, quand ce n'est pas simplement l'âge de raison (vers 8/10 ans). Et, sous des formes variées, ça finit par rendre l'existence totalement invivable, en nous coupant des autres, à un degré ou un autre.


Alors, comment ksava aujourd'hui ? (mieux, j'espère, mieux :) )
Verrouillé