Je viens de finir de le lire, je suis encore un peu sonné, et je voulais avoir votre avis sur ce soit-disant chef d'oeuvre, livre ultra proclamé et reconnu, que j'ai plus ou moins grandement apprécié moi-même
[spoiler à venir]
Premier acte, ça m'a fait penser aux trucs de science fiction avec sociétés futuristes vu et revues, bien que je sache que là c'est un des précurseurs et meilleur du genre (PS : je parlerai de cinéma et de livres dans ce post, je fais pas vraiment la différence, une oeuvre étant une oeuvre)
Tout au long du livre j'ai successivement pensé à I robot (va savoir pourquoi, le côté société futuriste surveillée sûrement, et j'aurais surement pensé à d'autres bien meilleurs si j'avais vu les grands classiques de science fiction, ce qui n'est pas vraiment le cas), également pensé à Orange mécanique (la scène finale où l'on se demande s'il a changé ou pas, puis en fait bah... et puis la scène de la salle 101, qui elle-même m'a fait pensé à V for Vendetta, en plus d'autres trucs, pendant un moment je pensais même qu'O'Brien testait peut-être Winston
en vain. Aussi pensé à Martyrs (le côté torture et bastonnade qui n'en finit pas, jusqu'à ce que l'esprit oublie la douleur physique) à Sade, j'y reviendrai.)
Donc ensuite second acte, histoire d'amour, j'ai trouvé ça un peu chiant, le contexte est bien posé, j'aurais aimé que ça progresse un peu plus vite, l'histoire d'amour n'étant pas très intéressante (bien qu'elle trouve son sens plus tard avec l'opposition amour/haine) donc bon j'aimais bien, sans plus
Puis là, le troisième acte, gros choc, je comprends enfin comment le livre a connu un tel succès et une telle postérité, on entre dans le champ philosophique, le discours existentiel, avec en plus des références à l'Inquisition, où on cherchait encore à annihiler une pensée par un corps, et là résulte cette progression improbable où l'on n'essaie même plus de changer la pensée, mais plutôt la vision de l'existence, du corps, pour que la pensée suive et oublie tout l'ordre établi. Ainsi, à la mort du corps pour faire cesser la pensée jugée mauvaise, on débouche dans ce romain sur l'abolition de l'esprit même du corps et des lois universelles pour en faire varier la pensée et la faire correspondre à la perfection établie par Big Broter, enfin c'est un peu clafouti comme je le dis, mais dans le livre tout est dit noir sur blanc et parfaitement d'un bout à l'autre.
Honnêtement, ce troisième acte était une apothéose. Première fois depuis longtemps que je me remet à lire en marchant, et surtout à me poser même chez moi en décidant d'aller jusqu'à la fin du livre. Je suis donc passé 2h sur ces 75 dernières pages grosso-modo.
Dans le fond, ça m'a fait penser aux 120 journées de sodom, que j'avais trouvé également très crade et dur psychologiquement (quoique celui-ci soit aussi parfois drôle dans les abominations sexuelles qu'il se permet
). Mais là dans 1984 c'est la terreur de la pensée qui règne, la mise au pas de l'amour pour le profit de la haine (la torture qui s'arrête lorsque Winston, enfin, trahit Julia, oublie l'amour, devient haineux pour de bon), une société où le corps n'est plus que machinal à la pensée qui se doit d'être juste, selon un ordre nouveau, une nouvelle race d'homme supérieur qui écrase de sa botte le plus faible.
Assez choc donc ce troisième acte, surprenant... Pour ce qui est de mon rapprochement avec Sade, c'est le fait que j'y ai vu la même perversion à remettre à néant une autre société qui n'existe plus ici, l'un par le sexe, la décadence, la torture et autres abominations, l'autre par un système de progression dans la torture qui va jusqu'à l'oublie voulu, la volonté de croire à des choses improbables jusque là (2+2=5), d'abord douter, puis comprendre et enfin croire. Remettre en question toute vérité, le corps, les mots, tout est rien, puisqu'au fond seul le Parti décide du sens des choses, une armoire peut ne plus désigner une armoire, et ainsi de suite, tout comme l'existence n'est plus sitôt qu'elle a finit de l'être, car effacé de toutes parts, quoiqu'elle soit déjà rien même quand elle existe. Enfin j'ai trouvé ça tout bonnement hallucinant, à lire pour le croire
Voilà, à vous
En plus en lisant, je m'imaginais l'adaptation parfaite, ça ferait un bon chef d'oeuvre viscéral et choc, inoubliable.
En parlant de ça je vais aller voir les bande annonces des adaptations faites jusque là qui à priori sont pas aussi bonnes que le bookin
Pour ceux qui veulent :
http://www.youtube.com/watch?v=Z4rBDUJTnNU
Epique, ça donne envie
(avec Le meilleur de Mondes, de Huxley), j'aimerais bien voir la pièce!
à cause de toi mon topic a été fusionné 
