chez fait un détour au magasin de BD ....
J'avais déjà par le passé été plus que conquise par une autre série de Lepage "névé",1976. Nicaragua. Pays d'Amérique Centrale sous le joug de la dictature. Gabriel, jeune séminariste et peintre doué, découvre tout à la fois la répression militaire et l'emprise écrasante de sa sensualité. L'élégance expressionniste de Lepage au service d'une destinée complexe et mouvementée
dont certains albums m'avaient coupé le souffle.
Le dernier Tome, "noirs désirs" abordait l'attirance du héros pour un autre jeune homme...
c'est alors difficile de ne pas rapprocher névé à gabriel,
personnage principal de "muchachos" : des adolescents relativement seuls, introverti, à la sexualité bien comme chez nous.
Les dessins sont beaux, c'est une invitation au voyage
sur un fond historique ... y'a de la passion...
en gros, on passe un bon moment en le lisant...
Sinon, je récidive avec une autre BD de Jean-Phillipe Stassen...
Une bédé qui fait réfléchir sur l'humanitaire.. et la nature même des enfants (ange, ou démon ?)
Pour moi, Stassen est un incontournable, aussi bien pour les sujets abordés que pour son graphisme, qui lui est caractéristique ...Tragédie pessimiste
Après son très remarqué Déogratias, Jean-Philippe Stassen récidive avec une autre fable africaine
remplie de sensibilité. Les enfants est une tragédie pessimiste qui ressemble à un état
des lieux du désespoir humain. Elle met en scène la rébellion naissante de gosses qui tentent
de survivre dans un monde où règnent la pauvreté, la guerre et l’hypocrisie.
Une jeune suédoise, pétrie de bons sentiments, gère un centre humanitaire dédié
à la confection et à la vente d’objets d’artisanat local ; ce refuge, financé par une O.N.G.,
est le seul foyer pour quatre petits africains qui se racontent leurs larcins et leurs obsessions
sexuelles entre deux séances de tressage de paniers. Dans cette ville où le calme apparent
masque mal les hostilités et le bruit des armes à venir, on sent que ces enfants ont
déjà connu l’insoutenable. L’un deux a du mal à communiquer (il ne parle bien qu’avec des animaux),
un deuxième a mal à la tête et parle de la fois où il a tué ses parents, tandis qu’un autre,
vantard et bonimenteur, refuse cette misère omniprésente…
Ce récit dépouillé n’est en aucun cas moralisateur mais nous incite simplement
à une réflexion politique. Le dessin, doté d’aplats colorés, s’apparente à un style naïf
qui soutient la tendresse, l’humanité mais aussi l’intransigeance de l’auteur,
lequel évoque le drame de ce continent au passé très troublé et à l’avenir plus qu’incertain.
et comme il y a très peu de BD sur l'afrique (malgré la parution récente "d'Aya de Yopougon"),
ce serait balo de s'en priver.
une planche ici