problème pro, j'arrive pas à m'en remettre
Publié : lun. mars 04, 2019 8:57 pm
Bonsoir (ou bonjour) à vous,
C'est peut-être pas le bon endroit pour parler de ça, mais j'ai besoin d'extérioriser un peu et je sais pas où me tourner. Ce forum m'avait aidée il y a dix ans, alors bon ça touchait à la question de mon homosexualité, mais j'ai l'impression que l'atmosphère est assez bienveillante et je crois que j'ai vraiment besoin de poser les choses... C'est un peu craignos quand on participe plus depuis des années mais j'aimerais juste que quelqu'un me lise...
Voilà en gros j'ai repris les études il y a trois ans, et dans le cadre de ma formation on a dû faire plusieurs stages de quelques mois. J'en avais un dernier d'un peu moins de six mois l'année passée, et par chance j'ai atteri dans une assoc (un centre d'hébergement) qui m'intéressait à fond. Donc ça a super bien commencé, j'étais hyper au clair sur ce que j'avais envie de bosser, j'adhérais aux missions, la population me plaisait et je pense que je gère plutôt bien dans ce domaine.
Sauf que très vite c'est devenu compliqué avec ma formatrice de terrain. Je l'avais déjà pas trop sentie pendant l'entretien qu'on avait eu avant le début du stage, mais je me suis dit que bon faut pas se fier aux premières impressions. J'ai vite compris qu'elle était très contrôlante (elle avait fait tous mes horaires en fonction des siens, elle voulait que je pose mes vacances en même temps qu'elle, elle parlait à ma place pendant les réunions d'équipe (mon premier jour c'est tombé sur une de ces réunions justement)), mais au début je me disais que c'était à cause de mon statut de stagiaire, que c'était peut-être pour me "protéger", 'fin ça m'a emmerdée mais pour moi ça pouvait être que de bonnes intentions.
Sauf que petit à petit ça a commencé à devenir lourd en fait. Elle me laissait pas une seconde seule (c'est limite si elle était pas derrière la porte quand j'allais pisser, bon j'exagère un peu mais c'est l'idée), quand je parlais avec les résidents elle s'incrustait, me coupait et m'excluait des discussions, elle me laissait assumer quelques tâches mais il fallait toujours que ce soit son initiative, elle voulait venir avec moi aux visites d'autres institutions... Peu à peu elle s'est mise à faire des petites blagues et des remarques, notamment par rapport à ma vie privée. Je suis quelqu'un qui m'étale assez peu en général (oui c'est surprenant vu le pavé que je suis en train de pondre ), mais en fait dès que je disais un truc un peu perso à elle ou qu'elle avait entendu via un de ses collègues fallait qu'elle me le ressorte de façon un peu absurde... C'est pas très clair là, mais par exemple on parlait de médecine avec un de ses collègues, dans la discussion le fait que mon père est toubib est ressorti et genre le soir j'ai utilisé le terme "weed" pendant le bilan au lieu d'"herbe", et là elle m'a dit "weed... Il en pense quoi papa?". Bref ça paraît bête comme ça mais dès qu'elle pouvait elle faisait ce type de remarques.
Elle a progressivement commencé à en faire de plus en plus, sous formes de vannes parfois (genre pendant une réunion les questions de genre étaient arrivées sur le tapis, je fais pas de prosélytisme mais c'est pas très difficile de m'associer de près ou de loin au féminisme...). Bref donc quelques jours plus tard j'étais en train de remplir la sucrière de la cuisine, et là elle a débarqué: "ah non mais c'est un travail de femmes ça! On a un problème avec le lavabo, viens plutôt t'occuper de la plomberie!". J'ai pas relevé et je suis allée le faire, et après j'ai eu le droit toute la soirée à des pseudo-blagues genre "ah avec tes douces mains féminines t'as réparé le lavabo"...
Ou encore bien plus tard (pour contextualiser mon chien était en train de crever pendant toute la première moitié de mon stage, et je sais qu'elle l'a su via une autre collègue parce que tous les jours elle me demandait "et comment il va Nomdemonchien?") un de leurs poissons arrivait en bout de course, donc elle m'a demandé de le sortir de l'aquarium pour le jeter. J'ai refusé en disant que je le ferai quand il serait mort ('fin je voyais pas le sens de le faire avant quoi), et là bien sûr j'ai eu droit à "aahh Helbe, l'amie des animaux en fin de vie"... Bref c'est juste des petits trucs comme ça qui me viennent mais y'en avait beaucoup. Tous les jours j'avais droit à ses vannes.
Donc bon voilà j'ai essayé de lui parler un peu de mes besoins (en termes de formation d'abord) mais à chaque fois elle refusait. J'ai gentiment compris qu'elle voulait pas avoir ces discussions devant ses collègues et surtout qu'elle se permettait moins de choses en leur présence, donc j'ai commencé à éviter d'être seule avec elle (un peu difficile vu que j'étais sur toutes ses plages horaires). Sauf que je crois qu'elle a aussi saisi ce que je faisais puisque pour me parler elle s'est mise à me coincer "physiquement" (genre elle se placait devant moi et avançait tout près jusqu'à ce que je me trouve dans un coin d'une pièce vide), et si y avait des collègues à elle elle cherchait toujours à me prendre à part.
J'en ai eu marre de ses vannes donc j'ai commencé à lui dire que ça me plaisait pas quand elle en faisait, mais à chaque fois elle me sortait "c'est juste une boutade " et ça recommençait une heure après. Je l'ai aussi prise deux fois yeux dans les yeux après le taf pour lui dire que je me sentais étouffer, que ça devenait compliqué pour moi, etc, et à chaque fois elle me grattait une clope (sachant qu'elle était non-fumeuse hein) en disant que "ça m'affecte beaucoup ce que tu dis"... Et le lendemain, rien changeait.
Bref j'ai commencé à saturer, et un jour une de ses collègues m'a demandé comment se passait mon stage... Et là j'ai peut-être fait l'erreur de lui en parler (en tout cas je pense que j'en ai parlé à la mauvaise personne, parce que j'ai compris qu'après combien les deux étaient proches). Mais voilà elle était sympa avec moi, elle me complimentait tout le temps, et j'en avais pas mal besoin parce qu'à force j'avais l'impression d'être un peu nulle quoi.
Donc je disais je lui en ai parlé, elle m'a proposé qu'on se voit les trois (elle, ma formatrice, et moi) pour poser les choses, ou de le faire avec la responsable de l'assoc' comme on avait un bon lien.
Au début j'ai pas écouté, et puis un soir on s'est retrouvées à bosser avec elle (la collègue que je trouvais sympa) et la responsable de l'assoc. Et là j'ai craqué et j'ai tout balancé. La respo a plutôt bien géré le truc, elle a garanti que cette conversation resterait entre nous trois, m'a dit qu'elle pouvait pas laisser passser ça ("ni humainement, ni professionnellement", ça m'a marquée en bien ça), et que le lendemain on aurait une discussion avec elle, ma formatrice et moi. Qu'elle l'annoncerait le matin à ma formatrice et pas avant.
Sauf que le lendemain ma formatrice savait (j'ai appris après-coups qu'en fait sa collègue lui disait tout en privé) et a retourné le truc en anticipant (genre elle a demandé à la responsable qu'on se voit les 3 avant que cette dernière le fasse). Là elle a introduit le truc genre "je comprends pas ce qu'Helbe a contre moi [oui elle parlait toujours de moi à la 3ème personne en ma présence], je sais pas ce qu'elle projette sur moi, elle a arrêté de me parler, elle me fait pas les retours que je lui demande [mon cul, il a jamais été question de faire des "retours"!]", etcetcetc. Bref la respo a recadré et a exigé qu'on modifie mes horaires pour qu'on prenne un peu des distances l'une de l'autre.
J'ai cru que c'était reglé, et puis non. Le soir-même ma formatrice est venue me voir pour me dire "peut-être qu'il faudrait arrêter ton stage?", j'ai dit non évidemment (un arrêt du stage c'était échec à ma formation), et elle a insisté "en tout cas si tu le vis mal il faut absolument que tu en parles... Si tu le vis mal parle-en à quelqu'un et on arrêtera ton stage"... J'ai appris après-coup qu'après notre entretien avec la respo elle lui avait demandé de me virer, ce que la respo avait refusé de faire comme pour elle on arrête pas un stage pour un conflit inter-personnel, parce que pour elle le reste roulait.
La respo est ensuite partie en vacances, et là ma formatrice a demandé un changement de formatrice - et a confié ce rôle à sa grande copine (je savais pas encore qu'elle étaient aussi proches), aka sa collègue sympa à qui j'avais parlé en premier de la façon dont ça se passait. J'ai pensé que c'était reglé, et puis non.
En l'espace de quelques jours l'équipe de l'assoc' a complétement changé d'attitude vis-à-vis de moi (à part la respo, deux nouveaux et un mec qui dans l'ensemble s'en foutait je crois). Y en a une en particulier qui s'est mise à me tailler dès que je l'ouvrais ou qui faisait des petits sous-entendus... Si je lui demandais "c'est pour moi que tu dis ça?", j'avais droit à des réponses genre "je sais pas, à toi de voir", ou "oh je sais pas, ça pourrait concerner n'importe qui".
Bref mon stage est finalement arrivé au bout, et là dernier coup de grâce: ma 2ème formatrice (la grande copine de la première) a fait mon bilan de stage avec la première... Et un ramassis de merde. Le lendemain où je l'ai reçu j'ai débarqué et profité que ce soit ma 2ème formatrice et la respo qui bossaient pour dire que j'avais besoin de parler de ce bilan en réunion, parce que c'était soit le contraire de ce qu'on m'avait dit pendant les retours d'équipe sur le stage, soit parce que c'était juste faux. J'ai donné des exemples, ma 2ème formatrice a essayé de défendre la 1ère et là MERCI la respo a dit que non j'avais raison, que ce qui était marqué était effectivement faux et qu'elle pouvait l'attester. Elle m'a dit que par contre c'était une mauvaise idée d'en parler en réunion et m'a dit d'aller boire un café avec les 2 formatrices pendant ladite réunion.
Donc le lendemain on est allées boire ce café, et ça s'est très mal passé... Mais paradoxalement ça m'a fait beaucoup de bien parce qu'enfin je me suis dit que j'étais pas folle. J'avais bien préparé mon truc, et j'ai repris le bilan point par point calmement. Plutôt que de lui dire qu'elle mentait je lui ai demandé: "tu veux dire quoi par là?", ou "je me souviens pas de ça, ça s'est passé quand?", et "je vois pas à quoi tu fais allusion ici, t'as un exemple?"... Et l'effet a été juste ouf en fait. Elle a pu répondre à aucune de mes questions, elle m'arrachait la feuille des mains pour se relire et elle répétait qu'elle avait pas à me répondre... Elle a essayé d'esquiver en me disant que j'avais de toute façon rien à faire dans ce domaine, mais bat les ovaires j'ai insisté poliment. A un moment donné y a eu un grand silence où on s'est fixées, j'ai senti les larmes me monter aux yeux et là elle m'a dit en souriant "ah... Dur dur, hein", je me suis pas laissée démonter et je lui ai dit "oui, mais t'as pas répondu à ma question". Et là elle a switché complétement et elle a explosé. Elle s'est mise à gueuler qu'elle avait pas à se justifier devant une petite stagiaire, et le café s'est fini là-dessus, après ça elle répétait juste "j'ai pas à te répondre, je te répondrai pas".
On est retournées en réunion et c'est la dernière fois que je l'ai vue dans le cadre de mon stage.
Bref mon stage s'est terminé, et on a eu une dernière séance entre étudiants à l'école (on en a eu 4-5 pendant le stage). J'avais l'impression d'être dans une espèce de brouillard, et j'ai eu le déclic quand une pote de l'école est venue vers moi en mode câlins-bisous et tout (ce qu'elle fait jamais comme je suis pas très tactile) et qu'elle m'a dit "c'est pas ta faute". Je suis rentrée chez moi et y'a tout qui a lâché, c'est comme si tout ce qui s'était passé les derniers mois me revenait dans la gueule d'un coup sous formes de vagues. Tout ce que j'avais ressenti et minimisé s'éclatait violemment sur moi (genre là j'ai réalisé qu'en rentrant après la discussion entre ma formatrice et la respo j'avais vomi, je pensais pas pouvoir vomir sous le coup de l'émotion et ça m'est revenu, c'est comme si j'avais "oublié" ça). C'est drôle parce que c'est qu'après-coup que je me suis souvenue d'une impression que j'avais eu pendant des mois, celle de m'accrocher du bout des doigts à un rebord et d'avoir le sentiment de glisser lentement.
J'ai passé les semaines suivantes en colère, pire en fait, j'avais vraiment la haine, j'avais juste envie de tuer ma formatrice (mais littéralement hein). J'ai eu des crises de larmes quasiment toutes les nuits, parfois la journée quand j'étais seule des trucs me revenaient, ou d'un coup je voyais juste le sourire de ma formatrice (un sourire horrible, là je le vois en écrivant) et c'était reparti je me mettais à chialer.
J'ai finalement trouvé un taf un peu par hasard. J'ai été engagée le 1er février dernier, et quand j'ai eu la réponse positive après 2 entretiens en décembre d'un coup j'ai été hyper heureuse, 'fin ou genre juste "normale", et là j'ai réalisé combien j'avais été dans le down entre juillet (fin de mon stage) et décembre.
Et donc on arrive à mon problème actuel. Je suis ultra-contente parce que mon lieu de travail me plaît, j'adhère aux valeurs, et surtout l'équipe est sympa. Sauf que ça va pas. J'ai toujours été un peu angoissée, mais là je suis terrifiée. J'ai peur de mal faire, dès qu'une collègue me dit quelque chose j'ai l'impression d'être jugée ou qu'on va me juger. J'ai peur d'être un boulet, j'ai peur qu'on regrette de m'avoir engagée (je me dis souvent qu'elles doivent savoir qu'elles se sont plantées en me choisissant), j'ai peur qu'on me vire, 'fin j'ai peur de tout quoi.
C'est particulièrement compliqué avec la collègue qui m'a expliqué le poste et qui m'a un peu suivie au début. Dès qu'elle s'approche je sens que je me tends, dès qu'elle me fait une remarque c'est comme si j'arrivais plus à respirer. Pourtant je pense bien que c'est une bonne intention hein, genre tout à l'heure ce soir elle m'a fait une remarque par rapport à la classification de la documentation et je l'ai hyper mal vécu. Je l'ai remerciée mais je pense qu'elle a vu que ça a tapé quelque part chez moi parce qu'elle a pas arrêté de répéter que c'est pas contre moi, qu'elle me le dit juste pour que je prenne les automatismes, moi j'ai pas arrêté de répéter que je comprenais et que c'était bien qu'elle me le dise, elle a pas arrêté de répéter qu'elle était un peu chiante et maniaque, bref ça a tourné un peu en boucle et je me sens vraiment bête parce que du coup j'ai vraiment l'impression d'être nouille.
Une autre fois une collègue m'avait dit de faire un truc, je l'ai fait et cette collègue dont je parle plus tôt m'a appelée pour "m'engueuler" (le terme est un peu fort mais elle m'a un peu ramassée quand même) parce que c'est pas ce qu'il fallait faire. Au début j'ai encaissé "oui je comprends, oui désolée, oui je le ferai plus, oui tu fais bien de me le dire, oui désolée", et puis au bout de quelques minutes je me suis demandée qui je défendais et j'ai dit que c'est ce qu'on m'avait dit de faire. Là elle s'est calmée et elle m'a dit que l'autre collègue connaissait pas bien le poste et qu'elle s'était trompée. Elle m'a rappelée genre 15minutes plus tard pour s'excuser de m'avoir bousculée, j'ai vachement apprécié mais c'est con mais ça me reste dans la tête parce que je me dis que depuis elle doit vraiment penser que je suis conne quoi.
Ca me gonfle parce que je vois bien qu'elle est chou avec moi, mais je flippe à mort. Je vire parano du coup, je me dis qu'elle doit dire à la patronne que je fais de la merde et que je devrais pas être à ce poste... Avec elle c'est particulièrement fort mais de manière générale j'ai l'impression d'être devenue barge, genre aujourd'hui j'ai entendu la patronne parler avec une collègue dans la salle de pause en critiquant quelqu'un et je me suis dit qu'elles doivent parler de moi.
Et le problème c'est que plus j'angoisse moins je bosse bien et du coup plus j'angoisse.
Bref j'en ai trop marre. J'aimerais sortir de ce truc-là mais je sais pas comment faire. Le soir après l'histoire du téléphone j'ai envisagé d'aller voir un psy, mais en même temps je saurais pas quoi lui dire. J'ai toujours aimé bosser, franchement même si le poste est pas hyper excitant et correspond pas tout à fait à ma formation y a des moments où je suis vraiment contente d'être au taf (genre j'ai vraiment kiffé mon aprem), et d'un coup ça me vient et je me dis que je devrais chercher un boulot pas qualifié ou rester chez moi.
Voilà pardon pour le pavé, je pensais pas que ça finirait par être aussi conséquent, mais si quelqu'un se reconnaît un peu, ou a une piste, ou n'importe quoi, je prends.
C'est peut-être pas le bon endroit pour parler de ça, mais j'ai besoin d'extérioriser un peu et je sais pas où me tourner. Ce forum m'avait aidée il y a dix ans, alors bon ça touchait à la question de mon homosexualité, mais j'ai l'impression que l'atmosphère est assez bienveillante et je crois que j'ai vraiment besoin de poser les choses... C'est un peu craignos quand on participe plus depuis des années mais j'aimerais juste que quelqu'un me lise...
Voilà en gros j'ai repris les études il y a trois ans, et dans le cadre de ma formation on a dû faire plusieurs stages de quelques mois. J'en avais un dernier d'un peu moins de six mois l'année passée, et par chance j'ai atteri dans une assoc (un centre d'hébergement) qui m'intéressait à fond. Donc ça a super bien commencé, j'étais hyper au clair sur ce que j'avais envie de bosser, j'adhérais aux missions, la population me plaisait et je pense que je gère plutôt bien dans ce domaine.
Sauf que très vite c'est devenu compliqué avec ma formatrice de terrain. Je l'avais déjà pas trop sentie pendant l'entretien qu'on avait eu avant le début du stage, mais je me suis dit que bon faut pas se fier aux premières impressions. J'ai vite compris qu'elle était très contrôlante (elle avait fait tous mes horaires en fonction des siens, elle voulait que je pose mes vacances en même temps qu'elle, elle parlait à ma place pendant les réunions d'équipe (mon premier jour c'est tombé sur une de ces réunions justement)), mais au début je me disais que c'était à cause de mon statut de stagiaire, que c'était peut-être pour me "protéger", 'fin ça m'a emmerdée mais pour moi ça pouvait être que de bonnes intentions.
Sauf que petit à petit ça a commencé à devenir lourd en fait. Elle me laissait pas une seconde seule (c'est limite si elle était pas derrière la porte quand j'allais pisser, bon j'exagère un peu mais c'est l'idée), quand je parlais avec les résidents elle s'incrustait, me coupait et m'excluait des discussions, elle me laissait assumer quelques tâches mais il fallait toujours que ce soit son initiative, elle voulait venir avec moi aux visites d'autres institutions... Peu à peu elle s'est mise à faire des petites blagues et des remarques, notamment par rapport à ma vie privée. Je suis quelqu'un qui m'étale assez peu en général (oui c'est surprenant vu le pavé que je suis en train de pondre ), mais en fait dès que je disais un truc un peu perso à elle ou qu'elle avait entendu via un de ses collègues fallait qu'elle me le ressorte de façon un peu absurde... C'est pas très clair là, mais par exemple on parlait de médecine avec un de ses collègues, dans la discussion le fait que mon père est toubib est ressorti et genre le soir j'ai utilisé le terme "weed" pendant le bilan au lieu d'"herbe", et là elle m'a dit "weed... Il en pense quoi papa?". Bref ça paraît bête comme ça mais dès qu'elle pouvait elle faisait ce type de remarques.
Elle a progressivement commencé à en faire de plus en plus, sous formes de vannes parfois (genre pendant une réunion les questions de genre étaient arrivées sur le tapis, je fais pas de prosélytisme mais c'est pas très difficile de m'associer de près ou de loin au féminisme...). Bref donc quelques jours plus tard j'étais en train de remplir la sucrière de la cuisine, et là elle a débarqué: "ah non mais c'est un travail de femmes ça! On a un problème avec le lavabo, viens plutôt t'occuper de la plomberie!". J'ai pas relevé et je suis allée le faire, et après j'ai eu le droit toute la soirée à des pseudo-blagues genre "ah avec tes douces mains féminines t'as réparé le lavabo"...
Ou encore bien plus tard (pour contextualiser mon chien était en train de crever pendant toute la première moitié de mon stage, et je sais qu'elle l'a su via une autre collègue parce que tous les jours elle me demandait "et comment il va Nomdemonchien?") un de leurs poissons arrivait en bout de course, donc elle m'a demandé de le sortir de l'aquarium pour le jeter. J'ai refusé en disant que je le ferai quand il serait mort ('fin je voyais pas le sens de le faire avant quoi), et là bien sûr j'ai eu droit à "aahh Helbe, l'amie des animaux en fin de vie"... Bref c'est juste des petits trucs comme ça qui me viennent mais y'en avait beaucoup. Tous les jours j'avais droit à ses vannes.
Donc bon voilà j'ai essayé de lui parler un peu de mes besoins (en termes de formation d'abord) mais à chaque fois elle refusait. J'ai gentiment compris qu'elle voulait pas avoir ces discussions devant ses collègues et surtout qu'elle se permettait moins de choses en leur présence, donc j'ai commencé à éviter d'être seule avec elle (un peu difficile vu que j'étais sur toutes ses plages horaires). Sauf que je crois qu'elle a aussi saisi ce que je faisais puisque pour me parler elle s'est mise à me coincer "physiquement" (genre elle se placait devant moi et avançait tout près jusqu'à ce que je me trouve dans un coin d'une pièce vide), et si y avait des collègues à elle elle cherchait toujours à me prendre à part.
J'en ai eu marre de ses vannes donc j'ai commencé à lui dire que ça me plaisait pas quand elle en faisait, mais à chaque fois elle me sortait "c'est juste une boutade " et ça recommençait une heure après. Je l'ai aussi prise deux fois yeux dans les yeux après le taf pour lui dire que je me sentais étouffer, que ça devenait compliqué pour moi, etc, et à chaque fois elle me grattait une clope (sachant qu'elle était non-fumeuse hein) en disant que "ça m'affecte beaucoup ce que tu dis"... Et le lendemain, rien changeait.
Bref j'ai commencé à saturer, et un jour une de ses collègues m'a demandé comment se passait mon stage... Et là j'ai peut-être fait l'erreur de lui en parler (en tout cas je pense que j'en ai parlé à la mauvaise personne, parce que j'ai compris qu'après combien les deux étaient proches). Mais voilà elle était sympa avec moi, elle me complimentait tout le temps, et j'en avais pas mal besoin parce qu'à force j'avais l'impression d'être un peu nulle quoi.
Donc je disais je lui en ai parlé, elle m'a proposé qu'on se voit les trois (elle, ma formatrice, et moi) pour poser les choses, ou de le faire avec la responsable de l'assoc' comme on avait un bon lien.
Au début j'ai pas écouté, et puis un soir on s'est retrouvées à bosser avec elle (la collègue que je trouvais sympa) et la responsable de l'assoc. Et là j'ai craqué et j'ai tout balancé. La respo a plutôt bien géré le truc, elle a garanti que cette conversation resterait entre nous trois, m'a dit qu'elle pouvait pas laisser passser ça ("ni humainement, ni professionnellement", ça m'a marquée en bien ça), et que le lendemain on aurait une discussion avec elle, ma formatrice et moi. Qu'elle l'annoncerait le matin à ma formatrice et pas avant.
Sauf que le lendemain ma formatrice savait (j'ai appris après-coups qu'en fait sa collègue lui disait tout en privé) et a retourné le truc en anticipant (genre elle a demandé à la responsable qu'on se voit les 3 avant que cette dernière le fasse). Là elle a introduit le truc genre "je comprends pas ce qu'Helbe a contre moi [oui elle parlait toujours de moi à la 3ème personne en ma présence], je sais pas ce qu'elle projette sur moi, elle a arrêté de me parler, elle me fait pas les retours que je lui demande [mon cul, il a jamais été question de faire des "retours"!]", etcetcetc. Bref la respo a recadré et a exigé qu'on modifie mes horaires pour qu'on prenne un peu des distances l'une de l'autre.
J'ai cru que c'était reglé, et puis non. Le soir-même ma formatrice est venue me voir pour me dire "peut-être qu'il faudrait arrêter ton stage?", j'ai dit non évidemment (un arrêt du stage c'était échec à ma formation), et elle a insisté "en tout cas si tu le vis mal il faut absolument que tu en parles... Si tu le vis mal parle-en à quelqu'un et on arrêtera ton stage"... J'ai appris après-coup qu'après notre entretien avec la respo elle lui avait demandé de me virer, ce que la respo avait refusé de faire comme pour elle on arrête pas un stage pour un conflit inter-personnel, parce que pour elle le reste roulait.
La respo est ensuite partie en vacances, et là ma formatrice a demandé un changement de formatrice - et a confié ce rôle à sa grande copine (je savais pas encore qu'elle étaient aussi proches), aka sa collègue sympa à qui j'avais parlé en premier de la façon dont ça se passait. J'ai pensé que c'était reglé, et puis non.
En l'espace de quelques jours l'équipe de l'assoc' a complétement changé d'attitude vis-à-vis de moi (à part la respo, deux nouveaux et un mec qui dans l'ensemble s'en foutait je crois). Y en a une en particulier qui s'est mise à me tailler dès que je l'ouvrais ou qui faisait des petits sous-entendus... Si je lui demandais "c'est pour moi que tu dis ça?", j'avais droit à des réponses genre "je sais pas, à toi de voir", ou "oh je sais pas, ça pourrait concerner n'importe qui".
Bref mon stage est finalement arrivé au bout, et là dernier coup de grâce: ma 2ème formatrice (la grande copine de la première) a fait mon bilan de stage avec la première... Et un ramassis de merde. Le lendemain où je l'ai reçu j'ai débarqué et profité que ce soit ma 2ème formatrice et la respo qui bossaient pour dire que j'avais besoin de parler de ce bilan en réunion, parce que c'était soit le contraire de ce qu'on m'avait dit pendant les retours d'équipe sur le stage, soit parce que c'était juste faux. J'ai donné des exemples, ma 2ème formatrice a essayé de défendre la 1ère et là MERCI la respo a dit que non j'avais raison, que ce qui était marqué était effectivement faux et qu'elle pouvait l'attester. Elle m'a dit que par contre c'était une mauvaise idée d'en parler en réunion et m'a dit d'aller boire un café avec les 2 formatrices pendant ladite réunion.
Donc le lendemain on est allées boire ce café, et ça s'est très mal passé... Mais paradoxalement ça m'a fait beaucoup de bien parce qu'enfin je me suis dit que j'étais pas folle. J'avais bien préparé mon truc, et j'ai repris le bilan point par point calmement. Plutôt que de lui dire qu'elle mentait je lui ai demandé: "tu veux dire quoi par là?", ou "je me souviens pas de ça, ça s'est passé quand?", et "je vois pas à quoi tu fais allusion ici, t'as un exemple?"... Et l'effet a été juste ouf en fait. Elle a pu répondre à aucune de mes questions, elle m'arrachait la feuille des mains pour se relire et elle répétait qu'elle avait pas à me répondre... Elle a essayé d'esquiver en me disant que j'avais de toute façon rien à faire dans ce domaine, mais bat les ovaires j'ai insisté poliment. A un moment donné y a eu un grand silence où on s'est fixées, j'ai senti les larmes me monter aux yeux et là elle m'a dit en souriant "ah... Dur dur, hein", je me suis pas laissée démonter et je lui ai dit "oui, mais t'as pas répondu à ma question". Et là elle a switché complétement et elle a explosé. Elle s'est mise à gueuler qu'elle avait pas à se justifier devant une petite stagiaire, et le café s'est fini là-dessus, après ça elle répétait juste "j'ai pas à te répondre, je te répondrai pas".
On est retournées en réunion et c'est la dernière fois que je l'ai vue dans le cadre de mon stage.
Bref mon stage s'est terminé, et on a eu une dernière séance entre étudiants à l'école (on en a eu 4-5 pendant le stage). J'avais l'impression d'être dans une espèce de brouillard, et j'ai eu le déclic quand une pote de l'école est venue vers moi en mode câlins-bisous et tout (ce qu'elle fait jamais comme je suis pas très tactile) et qu'elle m'a dit "c'est pas ta faute". Je suis rentrée chez moi et y'a tout qui a lâché, c'est comme si tout ce qui s'était passé les derniers mois me revenait dans la gueule d'un coup sous formes de vagues. Tout ce que j'avais ressenti et minimisé s'éclatait violemment sur moi (genre là j'ai réalisé qu'en rentrant après la discussion entre ma formatrice et la respo j'avais vomi, je pensais pas pouvoir vomir sous le coup de l'émotion et ça m'est revenu, c'est comme si j'avais "oublié" ça). C'est drôle parce que c'est qu'après-coup que je me suis souvenue d'une impression que j'avais eu pendant des mois, celle de m'accrocher du bout des doigts à un rebord et d'avoir le sentiment de glisser lentement.
J'ai passé les semaines suivantes en colère, pire en fait, j'avais vraiment la haine, j'avais juste envie de tuer ma formatrice (mais littéralement hein). J'ai eu des crises de larmes quasiment toutes les nuits, parfois la journée quand j'étais seule des trucs me revenaient, ou d'un coup je voyais juste le sourire de ma formatrice (un sourire horrible, là je le vois en écrivant) et c'était reparti je me mettais à chialer.
J'ai finalement trouvé un taf un peu par hasard. J'ai été engagée le 1er février dernier, et quand j'ai eu la réponse positive après 2 entretiens en décembre d'un coup j'ai été hyper heureuse, 'fin ou genre juste "normale", et là j'ai réalisé combien j'avais été dans le down entre juillet (fin de mon stage) et décembre.
Et donc on arrive à mon problème actuel. Je suis ultra-contente parce que mon lieu de travail me plaît, j'adhère aux valeurs, et surtout l'équipe est sympa. Sauf que ça va pas. J'ai toujours été un peu angoissée, mais là je suis terrifiée. J'ai peur de mal faire, dès qu'une collègue me dit quelque chose j'ai l'impression d'être jugée ou qu'on va me juger. J'ai peur d'être un boulet, j'ai peur qu'on regrette de m'avoir engagée (je me dis souvent qu'elles doivent savoir qu'elles se sont plantées en me choisissant), j'ai peur qu'on me vire, 'fin j'ai peur de tout quoi.
C'est particulièrement compliqué avec la collègue qui m'a expliqué le poste et qui m'a un peu suivie au début. Dès qu'elle s'approche je sens que je me tends, dès qu'elle me fait une remarque c'est comme si j'arrivais plus à respirer. Pourtant je pense bien que c'est une bonne intention hein, genre tout à l'heure ce soir elle m'a fait une remarque par rapport à la classification de la documentation et je l'ai hyper mal vécu. Je l'ai remerciée mais je pense qu'elle a vu que ça a tapé quelque part chez moi parce qu'elle a pas arrêté de répéter que c'est pas contre moi, qu'elle me le dit juste pour que je prenne les automatismes, moi j'ai pas arrêté de répéter que je comprenais et que c'était bien qu'elle me le dise, elle a pas arrêté de répéter qu'elle était un peu chiante et maniaque, bref ça a tourné un peu en boucle et je me sens vraiment bête parce que du coup j'ai vraiment l'impression d'être nouille.
Une autre fois une collègue m'avait dit de faire un truc, je l'ai fait et cette collègue dont je parle plus tôt m'a appelée pour "m'engueuler" (le terme est un peu fort mais elle m'a un peu ramassée quand même) parce que c'est pas ce qu'il fallait faire. Au début j'ai encaissé "oui je comprends, oui désolée, oui je le ferai plus, oui tu fais bien de me le dire, oui désolée", et puis au bout de quelques minutes je me suis demandée qui je défendais et j'ai dit que c'est ce qu'on m'avait dit de faire. Là elle s'est calmée et elle m'a dit que l'autre collègue connaissait pas bien le poste et qu'elle s'était trompée. Elle m'a rappelée genre 15minutes plus tard pour s'excuser de m'avoir bousculée, j'ai vachement apprécié mais c'est con mais ça me reste dans la tête parce que je me dis que depuis elle doit vraiment penser que je suis conne quoi.
Ca me gonfle parce que je vois bien qu'elle est chou avec moi, mais je flippe à mort. Je vire parano du coup, je me dis qu'elle doit dire à la patronne que je fais de la merde et que je devrais pas être à ce poste... Avec elle c'est particulièrement fort mais de manière générale j'ai l'impression d'être devenue barge, genre aujourd'hui j'ai entendu la patronne parler avec une collègue dans la salle de pause en critiquant quelqu'un et je me suis dit qu'elles doivent parler de moi.
Et le problème c'est que plus j'angoisse moins je bosse bien et du coup plus j'angoisse.
Bref j'en ai trop marre. J'aimerais sortir de ce truc-là mais je sais pas comment faire. Le soir après l'histoire du téléphone j'ai envisagé d'aller voir un psy, mais en même temps je saurais pas quoi lui dire. J'ai toujours aimé bosser, franchement même si le poste est pas hyper excitant et correspond pas tout à fait à ma formation y a des moments où je suis vraiment contente d'être au taf (genre j'ai vraiment kiffé mon aprem), et d'un coup ça me vient et je me dis que je devrais chercher un boulot pas qualifié ou rester chez moi.
Voilà pardon pour le pavé, je pensais pas que ça finirait par être aussi conséquent, mais si quelqu'un se reconnaît un peu, ou a une piste, ou n'importe quoi, je prends.