Souvenirs qui remontent...

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Rayn
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Souvenirs qui remontent...

Message par Rayn »

Salut !

Bon, pour commencer, je vais mettre un sympathique Track Warning Attouchements/Pédophilie au cas où, parce que je pense que ce qui va suivre peut réveiller des souvenirs pas cool pour certain/es.
Et je vais mettre les moments trigger sous spoiler en plus, histoire d'être sûr, mais je pense que c'est mieux que vous ne lisiez pas du tout si vous êtes sensibles sur ces sujets (parce que je me connais, quand il y a un bouton où c'est écrit "cliquer est fortement déconseillé", je suis le premier à cliquer pour voir ce qui va se passer erf: )

Voilà, il y a neuf mois environ, j'ai eu quelques remontées de souvenir.
Un peu façon madeleine de Proust, mais en moins sympa.

Quand j'étais petit, je passais souvent mes vacances dans le manoir de mes parents, en Normandie. Mes grands-parents venaient souvent aussi, et avec eux l'un de leurs amis nommé C. C avait la soixantaine passée, souffrait d'un retard mental, et ma mère me disait souvent de ne pas me retrouver seul avec lui (je précise que je suis FtX et qu'à cette époque je ressemblais physiquement à une petite fille).
J'avais fini par remarquer qu'elle ne disait pas ça à mes frères, mais à 8 ans à peine, je n'en avais pas conclu grand chose.

Jusqu'à l'année dernière, ce dont je me souvenais à propos de C et qui me marquait le plus était cette fois où nous étions venus lui dire bonjour avec mes frères.
Spoiler : :
Au moment où je me mettais sur la pointe des pieds pour lui faire la bise, il m'avait agrippé le poignet et m'avait embrassé de force, devant mes parents. J'avais ri un peu, et mon grand-père aussi, ce qui m'avait conformé dans l'idée que C n'avais pas fait exprès. (Je n'avais pas fait le lien avec la manière dont il m'avait attrapé le poignet.) Puis j'avais croisé le regard de ma mère qui n'était pas du tout amusé.
Elle avait dit d'un ton léger une phrase du genre "Bon, ça suffit C !", et moi j'avais essuyé mes lèvres en me disant que, tout de même, il aurait pu faire attention.
Ma mère m'a conseillé plus tard de présenter mes cheveux à lui la prochaine fois qu'il voudrait me faire la bise, voire de lui dire bonjour de loin, et le petit moi de l'époque avait compris à cet instant que sa bouche n'avait pas atterri sur la mienne au hasard.
Et c'était tout il y a encore huit-neuf mois de cela.
J'avais décrété que c'était un énième vicieux, ça m'énervait mais je n'en étais pas traumatisé.
Et voilà, un soir en mars dernier, on a reparlé de lui en famille, et en y repensant, je me suis rendu compte que je n'avais pas repensé à lui (autrement que par ce passage précis) depuis extrêmement longtemps, et ça m'a fait réaliser que j'avais un trou dans ma mémoire. Pas juste quelque chose qu'on oublie parce que ça fait trop longtemps, mais plutôt une tâche d'encre au milieu d'une page écrite: il y avait des souvenirs dont je ne m'étais pas rappelé depuis très longtemps, mais qui étaient écrits noirs sur blanc dans ma mémoire, puis cette tâche qui cachait plusieurs mots, et à nouveau des souvenirs très précis.
Et les abords de cette "tâche", maintenant que j'avais bien voulu y repenser, je les discernais vraiment trop bien.
Spoiler : :
Je sortais de la salle de bain après m'être lavé les mains. C était devant la porte en me bloquant l'accès à la sortie. Je me suis rappelé très distinctement qu'il me poussait contre le lavabo, même pas brutalement, juste tout doucement en avançant sur moi, que ses doigts se sont retrouvés sous ma robe à tirer sur mes collants, et dans mes collants au niveau de mon entrejambe, et je me souviens de la sensation de ses ongles contre ma peau à cet endroit. Ensuite, j'ai eu l'impression que mon coeur cognait énormément fort dans ma poitrine, et c'est à partir de là qu'il y a une vraie tâche d'encre. Ce dont je me souviens après, très distinctement, c'est d'être assis sur le bord de la baignoire avec mes collants rabaissés sur mes chevilles, puis de ma mère m'appelant à table.
J'ai été malade le lendemain: j'ai vomi toute la journée, j'avais un torticoli et mal au dos. Mes parents m'ont dit que j'avais sans doute attrapé froid, mais en y repensant j'ai de sacrés doutes.

Je me suis senti très mal après m'être remémoré tout ceci, mais vu que j'étais en première année de médecine et que le concours d'admission était dans quelques mois seulement, je me suis interdis d'en parler à qui que ce soit et ai préféré me forcer à travailler (en fait, j'espérais à tout prix réussir à penser à autre chose...), mais j'ai été incapable d'apprendre correctement durant les semaines qui ont suivi et je suis passé d'extrême justesse en médecine.

Bref, après mes examens, j'ai pu y repenser, et j'ai décidé de ne pas en parler à mes parents parce que ça les ferait se sentir coupable et parce que, C étant un ami proche de mon grand-père, je me suis dit que ça allait dégénérer en dispute entre lui et ma mère.
Et le pire, c'est qu'en me disant ça, j'ai eu l'impression d'y avoir déjà pensé à un moment donné, il y a longtemps. Comme si je répétais des mots que je m'étais déjà dit dans ma tête des années auparavant.
Je ne sais pas du tout à partir de quel moment mes souvenirs ont décidé de faire "pouf", mais vraisemblablement pas immédiatement après ce qui s'est passé, quoi qu'il se soit passé.
J'essaie de ne pas imaginer ce que cache ce trou noir, mais souvent j'y pense la nuit, et j'ai comme l'impression de ressentir de nouveau ce battement de coeur violent dans ma cage thoracique, j'ai la gorge qui se noue et j'ai ce réflexe débile de serrer mes cuisses de toutes mes forces.

Et c'est un peu bête de penser à ça aussi, mais jusqu'à présent j'avais totalement accepté mon asexualité, sans aucun problème, et maintenant j'ai peur que ce soit à cause de "ça" si je n'ai d'attirance sexuelle pour personne.
Je me sens beaucoup plus mal d'être asexuel à présent, j'espère vraiment que c'est juste une orientation sexuelle et pas la cicatrice d'un truc auquel je n'avais pas pensé depuis dix ans au moins.

Et je n'ose pas en parler, parce que j'ai peur qu'on me force à le dire à mes parents ou à la police (voire qu'on le dise pour moi), et j'ai juste envie de ne plus y penser et de laisser cet homme mourir dans sa maison de retraite sans jamais me retrouver de nouveau face à lui.

Bref, néanmoins je pense que je dois faire quelque chose, sans doute essayer d'en parler à des personnes compétentes là-dessus, mais je n'ai pas grande confiance envers les psy depuis que celui de mon frère a "laissé fuiter" le secret professionnel auprès de mes parents. Et par ailleurs, je ne suis même pas sûr de pouvoir me le permettre financièrement non plus... Après, je me dis qu'en parler ici est peut-être un début aussi :roll:

Bref voilà. Merci d'avoir lu jusque là déjà, et je suis vraiment hyper désolé si j'ai réveillé des souvenirs difficiles chez certaines personnes. (Si c'est le cas je vous envoie plein d'amour et de licornes dansantes telles que celle-ci: https://media.giphy.com/media/3o8dpbSeo ... /giphy.gif )

Et sinon, ça peut paraître dramatique et inquiétant pour moi comme ça, mais actuellement je vais bien, je m'occupe tout ce que je peux parce que j'ai peur d'y penser dans les moments de vide, mais vu que j'ai toujours été du genre à faire 40 000 choses à la fois et à être insomniaque, ça ne change pas beaucoup de mon rythme d'avant ^^

(Et si les modos trouvent que ce post est trop trigger pour avoir sa place ici, je supprime sans problème)
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Nomis
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Re: Souvenirs qui remontent...

Message par Nomis »

Salut !
Je met juste un message pour dire que j'ai lu ton histoire et qu'elle m'a touché, même si je n'ai pas beaucoup de conseils à donner vu que tu as déjà l'air d'avoir ton opinion des psys etc... En tout cas je pense que c'est déjà un bon début d'en parler et je te souhaite beaucoup de courage !
Juste pour ce qui est de ton asexualité et du fait que tu te sentes mal par rapport à ca : désolé si cette question te parait bête mais qu'est ce que ca change vraiment dans le fond que ce soit "juste une orientation" ou que ca découle d'un traumatisme ? Dans tous les cas si ta situation et l'étiquette te conviennent je pense pas qu'il soit nécessaire de te tracasser. Et quand bien même si plus tard tu parviens à voir derrière la tache d'encre (pour peu que tu en aies envie), et que tu réussisses à affronter et surmonter tout ca, et que d'un coup tu commences à ressentir une attirance sexuelle, ben tu pourras toujours dire que tu n'es plus asexuel c'est pas interdit. En attendant tu as peut être assez de soucis pour pas en plus te tracasser avec ca ? Enfin c'est peut etre facile à dire comme ca :euh:

Breeeef. Sinon ta licorne est trop cool. C'est bien la P2 ? :ninja:
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