1) Tu es heureuse dans ta relation avec ton copain.
Là, je vais rejoindre les autres, quand ils disent : si tu es heureuse, n'est-ce pas là l'essentiel ?eleana-mia a écrit : NON je ne suis pas malheureuse le moins du monde...
Je suis amoureuse de lui, je n'ai pas le moins du monde envie d'arrêter cette relation, on est heureux, je suis heureuse, j'aurais pas pu rêver mieux...
2) Bémol numéro 1. Tu as des regrets et/ou frustrations liés à ton désir pour les femmes + ton envie de revoir une femme en particulier.
Là, je ne vais pas rejoindre ce qui a été dit. Je crois que tu dois revoir cette personne, car c'est une question de fidélité envers toi-même. Certes, tu as besoin de ton copain, tu dis que tu es heureuse avec lui, alors pourquoi ne pas avoir confiance en ce sentiment ? ça devrait te donner la possibilité d'aller voir pourquoi tu penses encore à la fille, là. Moi je crois que c'est surtout ça qui te tourmente et qui fait que tu ne te sens pas fidèle à toi-même, cette histoire-là avec cette fille-là qui est restée en suspens.eleana-mia a écrit : Eh oui, j'ai laissé bien des occasions d'être heureuse avec des femmes incroyables, que je côtoie encore aujourdhui,mais juste amicalement parlant.
Je pense aussi bien souvent à une amie bien spéciale que je préfère ne pas revoir (...) avant j'avais besoin de la voir... maintenant c'est juste une envie, qui n'est même pas insupportable. Alors que lui, j'ai besoin de lui.
3) Bémol numéro 2. Tu ne te sens pas "toi-même".
Je remarque que ta conception de ce que c'est qu'être "soi-même" est très statique, comme si on savait une fois pour toutes qui on est, comme si une fois qu'on avait atteint une certaine "maturité", on devait trouver une définition étroite de soi, notre "concept" pour ainsi dire, et y coller, sur un mode répétitif. Selon ta conception, être fidèle à soi-même c'est donc avoir une et une seule définition fixe et ne pas avoir le droit de changer.eleana-mia a écrit : Mais voilà, lui... c'est un homme... et moi... n'est-ce pas les femmes que j'aime ? n'est-ce pas les femmes qui m'attirent ? Je me retourne pourtant si souvent meme maintenant apres 6 mois pour regarder une belle femme qui passe pres de moi (...).
Cette voix qui me dit si souvent : tu es lesbienne, mais pourquoi es-tu avec un homme ?
Bien malgré moi ça me fait mal, je me sens comme.. vous savez cette fille hétéro depuis toujours et pour toujours, qui est attirée par les hommes, mais qui un jour tombe sur une fille, et en tombe amoureuse... les autres femmes n'ont pas d'intérêt pour elle.. elle mate toujours les hommes, mais dans son coeur c'est ELLE, cette autre fille qui a toute la place.
Troublée, perdue (...), elle se dit qu'elle est heureuse mais qu'elle n'est pas elle, ni même à sa place
Même heureuse, je vis une vie qui au finale n'est pas la mienne.
Je crois qu'on peut comprendre l'identité autrement : comme un devenir. La vie, c'est une résolution de problèmes, c'est quelque chose de mouvant, c'est un devenir, je ne t'apprends rien je crois en te disant ces banalités... Mais tu peux en tenir compte aussi en étant plus indulgente envers toi-même dès lors qu'il est question de "fidélité à soi". Être fidèle à soi, ça peut vouloir dire aussi être attentif-ve, en soi-même, à ce qui change, aux nouvelles forces qui te traversent, et accepter ça. Accepter que la Eleana d'aujourd'hui n'est pas la même que celle d'il y a cinq ans, et qu'il est probable que tu changes encore, dans ta vie. En fait, ce n'est pas grave. Accepter ça, c'est une force, c'est un signe d'intelligence, c'est pouvoir s'adapter, évoluer, faire avec le nouveau, et puis aussi s'épanouir, s'affirmer. Être soi ce n'est pas seriner/ répéter toujours un même soi à l'envi à qui veut l'entendre (aux parents ou aux amis par exemple) : tu as dit que tu étais lesbienne donc maintenant tu dois coller à l'idéal-type de la lesbienne "pure". Je crois qu'être soi c'est plutôt être capable d'assumer les nouvelles directions que prend la vie en nous, pas tout le temps, pas envers et contre tout, mais au moins, aux moments clés, comme celui que tu es en train de vivre, qui ressemble à une crise d'identité.
Il y a deux conceptions de l'identité : il y a "le même" et il y a "soi". Par exemple ma théière, c'est toujours la même, c'est l'identité "mêmeté". Parce que c'est un objet, c'est quelque chose qui n'est pas vivant, et qui est encore moins humain. Donc l'identité de la théière consiste à rester toujours exactement identique aujourd'hui et dans 100 ans. Et puis l'autre conception de l'identité c'est le "soi". L'être vivant c'est un "soi" parce que même s'il change du tout au tout (une minuscule graine devient un gigantesque peuplier), il reste un seul être. Et chez l'être humain il y a une dimension de plus car il y a la vie psychique. On est un "soi" qui se réfléchit soi-même. Bien sûr on peut rester dans la répétition ou vouloir y rester, mais est-ce que ce n'est pas morbide finalement, dès lors que d'autres forces nous traversent et nous tirent ailleurs ? Pourquoi tu n'aurais pas le droit d'aimer et de désirer cet homme avec lequel tu es ? Est-ce que tu as peur de "trahir" une sorte de "communauté" fantasmée des lesbiennes ? Est-ce que tu as peur des "représailles" de ceux qui voudraient que tu fasses un seul choix une fois pour toutes, comme si la vie consistait à ne faire qu'un seul choix, toujours le même, de manière continuée, sans avoir le droit de faire des détours, d'expérimenter de nouvelles choses ?
Si ça peut te rassurer, va voir le topic sur l'homme lesbien (dans "débats" je crois) : si ça se trouve, tu vas y reconnaître ton copain ^^. Et peut-être que ça va calmer cette peur que tu as de "déroger" au lesbianisme en étant avec un homme. (Ça me rappelle un vieux film lesbien américain, où il y avait une lesbienne qui avait couché une fois avec un homme, et elle avait aimé ça, et la nuit elle faisait des cauchemars, elle voyait les autres filles lesbiennes, ses potes, qui la traitaient de traîtresse, qui la poursuivaient en lui demandant pourquoi/comment elle avait pu faire ça, cette monstruosité-là, coucher avec un homme... Et elle dans le cauchemar, elle répondait : mais c'était juste une fois ! je vous jure ! je suis lesbienne ! Bref, ça avait l'air assez bouleversant pour elle, ça avait l'air de la remettre en cause.)
Ensuite, est-ce que tu as déjà parlé de tes attirances pour les filles à ton copain ou est-ce que ça reste dans le domaine du non dit ? est-ce qu'il serait contre le fait que tu puisses t'épanouir de ce côté-là, en étant avec des filles, sans pour autant te séparer de lui ?
Si j'étais toi, je m'assiérais, je me poserais dans un coin tranquille, là où personne ne viendra me déranger, et je réfléchirais calmement à ce que je veux dans ma vie, sans pression.